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Conseiller autrement l’utilisation des pesticides, un rapport rassurant

Le | Cooperatives-negoces

A la question « faut-il interdire le conseil phytosanitaire aux distributeurs de produits phytopharmaceutiques ? », la réponse est non. A la question « faut-il instaurer un corps de prescripteurs ? », la réponse est encore non. A la question « faut-il rendre plus efficace le dispositif en cours pour la réduction de l'usage des produits phytosanitaires ? », la réponse est oui. Ces trois options sont évoquées dans un rapport de 99 pages, « Conseiller autrement l'utilisation des pesticides pour produire autrement », réalisé par deux ingénieurs généraux des ponts, Fabrice Dreyfus et Patrice Blanchet, mandatés par le Conseil général de l'alimentation, de l'agriculture et des espaces ruraux, en avril 2013. Il alimente la réflexion du ministère de l'Agriculture dans le cadre de la loi d'avenir. Il sera complété de deux autres documents, en cours, sur le développement agricole et la fiscalité écologique.


Conserver dans les régions les moyens d'une expertise agronomique forte

Ce rapport, disponible depuis le 12 septembre sur le site du ministère de l'Agriculture, pose avec méthode les mécanismes pouvant conduire à une réduction de l'usage des produits phytopharmaceutiques. Il souligne la multitude et la complexité des éléments qui influencent la prise de décision de l'agriculteur. Loin de la vision simpliste « celui qui vend ne peut pas être celui qui conseille », il rappelle que la qualité et la quantité de la collecte et la fidélisation des agriculteurs sont des critères plus importants que le chiffre d'affaires phytos pour la plupart des organismes économiques. Le rapport montre une faible distinction entre les conseils des chambres, des instituts et des distributeurs. Il souligne l'importance de conserver les moyens de développer sur le terrain une expertise agronomique acquise dans les activités de recherche-adaptation. Expertise détenue en grande partie par la distribution et relayée par les outils d'aide à la décision. Resituant les acteurs du conseil dans un cadre global, concurrentiel et évolutif (y compris du fait du numérique et de la multiplication des forums entre agriculteurs), les rapporteurs n'en formulent pas moins une série de recommandations.


Travailler sur la cohérence et la pertinence du conseil

« La contrepartie à la concurrence et à l'émulation entre les opérateurs réside toutefois dans le contrôle de sa cohérence et de sa pertinence », soulignent-ils. L'échelon régional pour mener la concertation et élaborer les solutions de lutte intégrée est considéré comme essentiel, « en associant les représentants de la société civile et ceux des professionnels du secteur ». Essentiel également, le maintien d'un capital d'expertise agronomique au sein des services de l'Etat.

Les rapporteurs se prononcent pour « rendre plus efficace le dispositif en cours pour la réduction de l'usage des produits phytopharmaceutiques ».  Une maîtrise de l'utilisation de produits phytopharmaceutiques via une fiscalité plus lourde ou encore la mise en place d'un « chèque conseil » ne recueille pas leur faveur. Ils  terminent leur analyse en insistant sur l'importance du conseil phytosanitaire pour la réussite du plan Ecophyto et sa nécessaire articulation avec le développement agricole « afin de construire la cohérence des outils du « produire autrement » ».

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