Référence agro

Consultation sur les ZNT : ils vous invitent à y participer !

Le | Cooperatives-negoces

La consultation publique, lancée par le Gouvernement le 9 septembre (cf autre article dans cette lettre), pour déterminer les outils à mettre en place pour protéger les riverains des épandages de produits phytosanitaires se termine le 1er octobre. Vous n’avez donc plus que deux semaines pour vous exprimer, si le cœur vous en dit. Les coopératives et négoces interrogés souhaitent participer au débat et invitent leurs adhérents et clients à en faire de même : l’occasion, peut-être, de calmer l’emballement médiatique de ces derniers jours. Tous l’espèrent.

« Nous encourageons vivement nos adhérents à participer à cette consultation, confirme Philippe Sommer, délégué général de Coop de France Aquitaine. Nous devons être présents dans les échanges pour assainir les débats. L’affrontement entre le monde agricole et les riverains ne peut pas durer. Nous devons expliquer les conséquences de ces ZNT : surfaces en moins à cultiver, arrachages de vergers ou de vignes, pertes de revenus, complexité pour les entretenir… Ces hectares ne pourront pas tous être convertis en zones mellifères. La profession agricole doit, plus largement, se mobiliser sur toutes les règles d’urbanisme pour contrôler le mitage. À l’heure où les coopératives cherchent des outils pour développer le lien avec les territoires, cette consultation est un bon support pour s’exprimer ».

Communiquer sur les actions déjà engagées

Même conviction du côté des négociants. « Nous incitons les négociants à s’exprimer, souligne Nicolas Pugeaux, responsable environnement au sein du NACA. Tout comme nous les invitons vivement à participer aux réunions organisées pour rédiger les chartes départementales de riverains. Il est important de préserver des échanges à l’échelle locale pour montrer que des actions positives sont déjà engagées. En vigne par exemple, des appellations dans le Bordelais ou le Cognac ont pris les devants il y a déjà plusieurs années. Le dialogue avec les riverains est réel. Il ne faudrait pas que le grand public croit que rien n’a encore été fait. »

Des présidents sous pression, épuisés

Communiquer, Jean-Yves Moizant, le président de la coopérative TERRE ATLANTIQUE (17), le fait depuis de nombreuses années : auprès des élus, des riverains, des agriculteurs, de la presse… Et pourtant, il s’inquiète pour l’avenir. « Dans les campagnes, les tensions se multiplient. On se demande jusqu’où cela va aller et sans voir comment inverser la tendance. Bien sûr, nous conseillons à nos adhérents de participer à la consultation… en espérant que cela serve à quelque chose. Communiquer s’avère parfois difficile tant les reproches faits au monde agricole sont irrationnels. Aux politiques de prendre les choses en main. Comment être crédible demain si aujourd’hui, les décisions sont prises sur des bases idéologiques ! Je m’aperçois que beaucoup d’agriculteurs continuent à faire leur métier, en baissant la tête. Résigné ? Non, je ne le suis pas. Mon poste de président me l’interdit de l’être même si, je l’avoue, c’est épuisant physiquement et moralement de devoir sans cesse se justifier. Bien sûr, nos pratiques sont perfectibles. Mais nous suivons la bonne voie. Il faut nous laisser du temps. »

De la pédagogie pour dépassionner le débat

Jérôme Calleau, le président de la Cavac (85), considère lui aussi qu’il faut participer à cette consultation. « Pour expliquer que l’on comprend les inquiétudes actuelles du grand public mais que le monde agricole met déjà tout en œuvre pour y répondre. Il convient aussi de relativiser le danger : l’agriculture française est l’une des plus vertueuses au monde… et pourtant, elle se trouve aujourd’hui la plus attaquée. Tout va dans le bon sens… sauf la communication ! À mon sens, seule la pédagogie réussira à dépassionner le débat. Le grand public doit comprendre que nous ne partons pas de zéro : des démarches de progrès sont engagées depuis de nombreuses années. Mais cela prendra du temps. Du temps, il en faudra aussi pour démonter toutes les fake news et calmer l’emballement médiatique de ces dernières semaines autour des phytos. Les agriculteurs, inquiets, se retrouvent en première ligne. L’un d’eux m’a demandé s’il faudra, un jour, être escorté pour aller travailler dans les champs. Même les exploitants implantés loin des villes sont confrontés au regard, aux questions de leurs voisins, parfois de façon assez vindicative. Et pourtant, ils ne font que leur métier, souvent de façon très professionnelle. C’est assez surréaliste ! »

Réactions recueillies au Space

« La campagne des municipales est en train de tuer l’agriculture » - Georges Galardon, président de Triskalia et maire (sans étiquette) de Sainte-Tréphine dans les Côtes d’Armor

« En tant que maire, je n’ai pas la compétence de prendre des arrêtés imposant des Zones non traitées à proximité des habitations. La dangerosité des produits n’est pas validée. D’ailleurs, ils sont utilisés par nos agriculteurs ! Nous sommes inquiets de voir passer un arrêté : cela remettrait en cause l’agriculture dans nos campagnes. Les maires sont, en fait, en campagne électorale pour préparer les municipales de mars 2020, mais cela est en train de tuer l’agriculture. »

« Les chartes pourront, je l’espère, apaiser les tensions » - Jean-Marie Gabillaud, vice-président de la Cavac (85)

« Tout est déjà écrit dans la réglementation sur la mise en place des chartes : comment, dans ces conditions, encourager le dialogue entre les riverains et la profession agricole ? Par ailleurs, qui va entretenir ces zones non traitées ? J’ai calculé que, sur mon exploitation, ce serait 1,5 hectare qui serait concerné. Et peut-être davantage car un lotissement devrait se construire… Toutefois, j’espère que ces chartes seront une bonne occasion de renouer le dialogue avec la société et apaiser les tensions. »

« Une polémique qui fait beaucoup de mal aux producteurs » - Vincent Bernard, directeur de Négoce Ouest

« Il y a un décalage entre la profession et la population sur la question des ZNT. Certains agriculteurs ne comprennent pas pourquoi ils sont pointés du doigt. Alors qu’en Bretagne, toute la profession travaille sur une charte qui pourrait être dupliquée dans les départements. Cette polémique fait beaucoup de mal aux producteurs. »