Coop de France et FNA font le point sur les sujets à suivre en 2019
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En cette nouvelle année, l’actualité s’annonce chargée pour le monde de la distribution agricole. Bien sûr, il y a l’épais dossier de la séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires. La FNA et Coop de France ne ménagent pas leurs efforts pour tenter d’assouplir la prochaine version de l’ordonnance. RPD, 3R, engrais, RSE, bio, recrutement, communication… autant de thèmes que n’oublient pas les deux fédérations. Le point avec Isabelle Guédra, déléguée générale de la FNA et Valérie Ohannessian, directrice générale de Coop de France.
La rédaction de la 4e version de l’ordonnance détaillant la séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires semble proche. La marge de négociation est-elle encore possible ?
V.O. : Les échanges se poursuivent avec le Gouvernement. Des évolutions semblent encore possibles mais iront-elles dans le bon sens ? Après les différents rebondissements de fin 2018, nous restons prudents et très mobilisés.
I.G. : Nous attendions effectivement des éléments quant à la parution d’une nouvelle version du projet d’ordonnance en ce début d’année. Nous restons ouverts à toute nouvelle consultation mais prudents, face à la réelle prise en compte des conséquences de ce texte. Jusque-là, malgré nos différents échanges, nous n’avons pas été entendus. Espérons que la tendance s’inversera ! Nous allons réexpliquer le non-fondé de ce texte, à commencer par la contradiction de fond entre sa mise en place et le maintien des CEPP. Pour fonctionner, un système doit être surtout incitatif et non uniquement punitif. Cette loi est une multiplication de contraintes pour le monde agricole, dont certaines ne sont pas applicables car elles ne tiennent pas compte de la réalité de terrain.
La loi Egalim, c’est aussi une possible révision du statut coopératif ?
V.O. : Oui, et cela nous inquiète. Dans le cadre de l’article 17 lié à lutte contre les prix abusivement bas, le contrat coopératif est mis au même niveau qu’un contrat commercial classique. Si le Gouvernement ne rétablit pas cette distinction de nature, nous risquons d’aboutir à un détricotage du statut coopératif. Nous poursuivons nos échanges pour que l’interprétation spécifique du lien contractuel qui unit la coopérative et ses adhérents soit actée.
Quels sont les autres sujets qui occupent, ou préoccupent, vos fédérations ?
I.G. : La hausse de la RPD ! Actée depuis le 1er janvier, elle ne peut toujours pas être mise en place : les distributeurs ne possédant pas encore les informations nécessaires. Impossible pour eux d’éditer des factures « dans la loi ». La FNA est le réceptacle de cette incompréhension. Autre sujet qui pose question : celui de la suppression des 3R. En novembre, nous avons adressé une liste de questions au Gouvernement pour comprendre les modalités techniques et pratiques de la mise en place de cette décision. Comment, par exemple, organiser les facturations des services ? Malgré nos nombreuses relances, nous attendons toujours les réponses car là aussi, le texte est déjà entré en vigueur.
V.O. : La mise en place de la RPD et la suppression des 3R, au 1er janvier, s’accompagne de lourdes incertitudes sur les prix des spécialités phytosanitaires. La hausse de la RPD devrait à elle seule coûter à la profession entre 70 et 80 M€. Pour les 3R, dans le texte, tout est interdit… sans aucune précision. Cette imprécision crée beaucoup d’insécurité juridique. Le Gouvernement nous a promis des précisions mais nous attendons toujours.
Les phytos accaparent une forte part de l’actualité. Quels sont les autres thèmes à ne pas oublier ?
I.G. :Nous suivons de près la réglementation liée aux engrais, et notamment à l’émission de particules fines. Un guide va être publié au printemps. Nous restons vigilants sur son contenu. Ce document doit rester une liste de recommandations et non un support de surenchères réglementaires.
Nous nous attacherons également, dans les mois à venir, à mieux faire connaitre les métiers du négoce, pour attirer de jeunes diplômés, accompagner au mieux les gérants pour transmettre leur entreprise… Sans oublier notre implication dans le Contrat de solutions que nous continuons à soutenir avec 40 autres partenaires. Même si nous regrettons le non-engagement de l’État à nos côtés, il est important de poursuivre la dynamique engagée pour aboutir la à disponibilité de solutions alternatives suffisantes pour les agriculteurs. Nous sommes condamnés à rester motivés ! Pour cela, nous n’allons pas économiser nos efforts. Le bio et la RSE font également partie des sujets que nous allons soutenir pour aller vers cette transition écologique.
V.O. : Pour nous, la question du rôle des coopératives dans la société et sur les territoires est centrale. Il est donc important de poursuivre notre travail de pédagogie et de dialogue avec l’ensemble de nos parties prenantes. Sur le terrain, cela passera notamment par la promotion des « chartes riverains » prévues par la loi Egalim. Bien entendu, le dossier du bio reste également important. C’est un marché en pleine croissance. De nombreux OS s’engagent sur cette voie. À nous de les accompagner.