Coop de France se prononce pour une flexibilité des soutiens publics
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« Des prix catastrophiques comme nous les connaissons sont paraît-il « attrayants », car « les excès à la baisse rendent propices le retour des spéculateurs », a dénoncé Philippe Mangin, président de Coop de France, en s’adressant à Bruno le Maire, le 10 novembre, en clôture du congrès du syndicat des coopératives. Face à cette volatilité, Coop de France demande une correction par « la flexibilité des soutiens publics », à l’instar de ce qui se pratique outre-Atlantique. Afin d’échapper « au consensus mou » à 27, Coop de France s’est tournée vers l’Italie et l’Espagne pour constituer « un noyau dur autour de propositions rénovatrices et offensives », dans le cadre de la Pac. Pour autant, les coopératives ne sont pas dans l’attente de solutions venant de l’extérieur. Elles poursuivent leur propre restructuration, avec sur la seule année 2009 quelque 57 fusions, unions ou mises en commun de filière (voir notre précédente lettre). Manque à ce total une opération pour laquelle Philippe Mangin a requis le soutien de Bruno le Maire pour qu’aboutisse positivement l’alliance entre Sodial et Entremont. Soutien très publiquement renouvelé par le ministre qui s’est déclaré favorable à « la construction d’une grande industrie laitière ». C.D.
Photo : Philippe Mangin, président de Coop de France et Bruno le Maire, ministre de l’Alimentation et de l’Agriculture.
Le statut des organisations de producteurs en question
La réponse du ministre a été beaucoup plus prudente sur l’autre dossier chaud du moment : le statut des organisations de producteurs dans le cadre de la future Loi de modernisation agricole. Celle-ci propose des OP non commerciales. « Un non sens, s’insurge Philippe Mangin, car une organisation de producteurs est commerciale ou n’est pas ! » Bruno le Maire mise en partie sur le renforcement du rôle des interprofessions, « via une réévaluation de leurs missions et de leur fonctionnement » et sur les contrats écrits, « qui doivent devenir la règle en matière commerciale ». Un renforcement du rôle des agriculteurs passe bien plus, pour Coop de France, par la création de « plan d’épargne professionnelle agricole, réservé aux entreprises agroalimentaires ou agro-industrielles à l’instar d’une filiale de coopératives comme Siclaé ». Une proposition « qui semble intéressante », a indiqué le ministre dans son discours.
Ses propos ont surtout porté sur le déblocage rapide des aides annoncées par Nicolas Sarkozy, la sécurisation du revenu des agriculteurs via « un nouveau dispositif d’assurance, étendu à la gestion des aléas économiques ».
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La difficile confrontation entre producteurs et grande distribution__
La LME n’était pas absente du discours politique de Coop de France, avec d’une part un rappel des dérives dans les négociations entre producteurs et la grande distribution, à la limite des « pratiques maffieuses » et d’autre part l’appel à engager dans chaque région une réflexion conjointe sur le développement de l’économie régionale. « Il est indispensable de mieux définir les marges entre production et aval de la filière », a acquiescé le ministre, qui propose un renforcement de l’observatoire des prix et des marges. Mais une amélioration du thermomètre ne suffit pas à calmer la fièvre.