Référence agro

Coop de France, un mouvement de concentration continu

Le | Cooperatives-negoces

L'assemblée générale de Coop de France les 16 et 17 décembre s'annonce riche en événements parmi lesquels l'élection du nouveau président et la présence des ministres de l'Agriculture et de l'Economie. En attendant, directeur et président ont fait le point sur les dossiers chauds de l'année, entre concentrations, concurrence et communication.

La passation de pouvoir reste à confirmer officiellement le 17 décembre, lors de l'assemblée générale statutaire de Coop de France. Mais les jeux sont pratiquement faits. Le conseil d'administration a validé l'unique candidature de Michel Prugue, président de Maïsadour, pour succéder à Philippe Mangin, président de Coop de France. Une succession qui « sera sans doute l'occasion de remanier la gouvernance », a indiqué Philippe Mangin. En attendant, c'est le trio Michel Prugue, Philippe Mangin et Pascal Viné, délégué général de Coop de France, qui a présenté à la presse, le 3 décembre, les grandes lignes de cette assemblée générale. Placée sous le signe de la création de valeur, la partie publique du congrès se déroulera le 16 décembre. Elle sera ouverte par Stéphane Le Foll et close par Emmanuel Macron. Une belle reconnaissance du poids du secteur coopératif. Et l'occasion, espèrent les dirigeants de Coop de France, de voir aboutir positivement les négociations engagées avec le ministère de l'Économie sur un dispositif de compensation pour les mesures de sur-amortissement (40 % des investissements productifs), auxquelles les coopératives ne sont pas éligibles.

Quinze groupes moteurs des concentrations

Les investissements des coopératives agricoles et agro-alimentaires en croissances externe comme interne ne faiblissent pas. 81 opérations, dont 52 entre coopératives sont déjà relevées sur les onze premiers mois de l'année (entre 75 et 80 sur les cinq dernières années, dont 38 à 47 entre coopératives). Le périmètre coopératif poursuit ainsi sa régulière progression : 85,1 Mds€, contre 82,4 Mds€ en 2010.  

La concentration renforce le poids des 15 premiers groupes coopératifs, avec une volonté permanente de positionnement sur les marchés internationaux. « Sans leader, il n'y a pas de marché à l'international à l'échelle de la France », a souligné Philippe Mangin. Pascal Viné a insisté pour sa part sur la complémentarité entre leaders et coopératives locales : « les entreprises qui s'implantent à l'étranger doivent être des têtes de pont pour les plus petites ». Il plaide également pour des stratégies de filière. « Ce n'est pas au marché de s'adapter aux prix de revient, mais à l'inverse à tous les maillons des filières de s'y adapter. » Et aux entreprises de prendre en compte les attentes des consommateurs. C'est tout le sens de la 3e vague de la campagne de communication de la coopération, « socle du projet stratégique pour les cinq années à venir. » Centré sur la conquête de valeur ajoutée, ce projet Coop de France 2020 sera détaillé lors du congrès. 

Concurrence des filiales de coopératives, au HCCA de trouver la voie

Deux autres dossiers ont été abordés dans les échanges avec les journalistes : le devenir d'Accoa, mise en sommeil cet été et la saisine du Haut conseil de la coopération sur la concurrence agressive de certaines coopératives via leurs filiales négoces. « Accoa a rempli ses objectifs sur les dossiers communication, formation et ouverture de marché à l'international », a répondu Philippe Mangin. Sur le volet de la représentation au niveau européen, Coop de France « travaille sur un positionnement » qui passe par l'analyse des structures déjà en place et des complémentarités possibles. Concernant la saisine, les auditions ont eu lieu, Coop de France s'est faite entendre. « Le HCCA doit se garder de la tentation de réglementer ou de légiférer, le principe de filialisation ne doit à aucun moment être remis en cause », a insisté Philippe Mangin. Le Haut conseil va devoir faire preuve d'imagination.

 

Les principaux chiffres de la coopération agricole et agro-alimentaire en 2015

- CA : 85,1 Mds€ (dont capitaux propres, 20 Mds€ ; EBE, 2,6 Mds€ et résultat net 0,8 Mds€)

- 40 % de l'agro-alimentaire français

- 165 000 salariés

- 15 groupes internationaux, 152 ETI (entre 250 et 5000 salariés ou moins de 1,5 Md€ de CA) et 90 % de PME et TPE

Photo : Philippe Mangin, président de Coop France, entouré de Michel Prugue (à gauche), son successeur et Pascal Viné (à droite), délégué général.