Coopérative de Beton-Bazoches : priorité à la stabilité et à l’indépendance
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Dans quelques mois, Jean-René Thiault cédera son poste de directeur général de Beton-Bazoches, après près de 30 ans d’exercice. Plusieurs cadres en feront de même. Un challenge pour la coopérative de Seine-et-Marne qui connaît une grande stabilité dans ses tandems président/directeur depuis plus de 90 ans. L’objectif : conserver la proximité avec ses 165 adhérents tout en augmentant les capacités de stockage pour répondre aux marchés en croissance.
Un changement de direction n’est jamais une étape facile pour une entreprise, surtout quand son dirigeant est en poste depuis plusieurs dizaines d’années. C’est le cas de la coopérative de Beton-Bazoches, en Seine-et-Marne. Jean-René Thiault, 67 ans et directeur de la coopérative depuis 1992 devrait partir à la retraite cette année. « Il n’est pas pressé de partir, plaisante la présidente Stéphanie Bernard. Il assurera le tuilage avec son successeur. Cela constituera un vrai tournant pour la coopérative, car nos adhérents ont souvent affaire à lui. »
Bien amorcer le changement
Plusieurs cadres, qui ont fait toute leur carrière dans l’entreprise, vont aussi partir à la retraite dans les prochains mois. Un sacré défi pour cette coopérative qui fait de sa stabilité une force. « Depuis sa création en 1933, elle n’a connu que quatre présidents et trois directeurs ! Ce qui ne nous empêche pas d’être agile car nos adhérents sont exigeants, mais ils nous offrent aussi leur confiance et leur fidélité. C’est une alchimie, souligne le dirigeant. Alors que le secteur de la distribution se concentre, dirigeants, élus et adhérents de la coopérative ont toujours souhaité conserver leur indépendance et s’en sont donnés les moyens. »
Stockage à la ferme, une force
Pas question donc de conquérir de nouveaux territoires au travers de fusions ou de rapprochements. Priorité à la proximité. « Depuis plusieurs années, nous nous focalisons sur la meunerie locale, plus valorisante, et dont la demande augmente », explique la présidente. C’est pourquoi la coopérative réfléchit à investir pour les années futures dans de nouvelles capacités de stockage. Les 100 000 tonnes collectées aujourd’hui transitent par l’unique silo de la coopérative, d’une capacité de stockage de 35 000 tonnes. « Notre silo affiche un ratio de rotation de trois à l’année, ce qui est assez rare pour une installation non portuaire, affirme Jean-René Thiault. Cela s’explique par le savoir-faire historique de nos agriculteurs dans le stockage à la ferme. Seulement 40 % de la collecte est reçue à la moisson. »
Des agriculteurs autonomes sur le conseil
La coopérative regarde tout de même attentivement les nouvelles tendances et les nouveaux marchés. « Sur la Seine-et-Marne, la méthanisation et le bio connaissent une dynamique positive. Nous commençons, nous aussi, à collecter du bio. Là encore, le stockage à la ferme de nos adhérents nous permet de ne pas avoir à investir tout de suite dans des outils dédiés », indique la présidente. Contrairement à d’autres entreprises, la question de la séparation de la vente et du conseil des produits phytosanitaires ne bouleverse pas la stratégie de la coopérative. « Nous conservons la vente des produits phytosanitaires car nous avons très peu d’activité de conseil. Nos agriculteurs sont assez indépendants. Ils appartiennent à des groupements techniques comme des Ceta, font appel à la chambre d’agriculture ou à des conseillers indépendants. De tous temps, il y a eu des bouleversements, et notre coopérative a toujours su s’adapter », conclut Jean-René Thiault.
La coopérative en chiffres :
- 100 000 tonnes collectées
- 25 M€ de chiffre d’affaires dont 5 M€ en appro et 20 M€ en collecte
- 1 silo de 35 000 tonnes