Coopératives : soigner sa stratégie vers l’international
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« Il y a de bonnes raisons d’être optimiste pour l’agriculture et la coopération face à la demande mondiale en alimentation », soulignait Jérôme Calleau, président de la Cavac et vice-président de Coop de France, en conclusion de la 2e journée européenne des Coopératives agricoles, organisée le 28 septembre à Paris. Sur le thème « concilier ancrage territorial et développement économique à l’international », ce colloque a mis en lumière un certain nombre d’atouts mais aussi de faiblesses de la coopération. Besoin de s’organiser, de se projeter à l’international, d’innover, de se diversifier… Autant d’objectifs étayés par le témoignage de plusieurs directeurs de coopératives. G.P.
Photo : Pour Jérôme Calleau, président de la Cavac et vice-président de Coop de France « pour saisir de nouveaux marchés, les coopératives devront être offensives »
S’il déplore la faiblesse de la coopération au niveau de l’inorganisation de nombreuses filières et la taille insuffisante des structures pour répondre au marché, Jérôme Calleau résume les défis que doivent relever les coopératives abordées lors du colloque en s’appuyant sur les travaux présentés par le cabinet PwC (1).
A commencer par le renforcement des réseaux commerciaux par le partenariat aussi bien en interne, à l’échelle nationale ou internationale. Mais aussi « d’être capables de nous projeter à moyen et long terme et d’investir à partir d’une consolidation de nos fonds propres », le tout dans un contexte de volatilité des prix que grand nombre de coopératives prennent dorénavant en compte dans leur stratégie.
Un autre volet à travailler est la nécessité d’innover et de diversifier, en se rapprochant davantage des attentes des consommateurs et de la demande sociétale tel l’impact environnemental. Plusieurs intervenants ont insisté sur le fait que les coopératives ne sont pas un monde à part de l’économie et ce, malgré ses atouts comme l’ancrage territorial ou la spécificité de son actionnariat. Le management de la compétence est important. « Il ne faut pas hésiter à faire appel à des talents extérieurs pour le recrutement de hauts potentiels, soulignait Yves Pellé de PwC. Et voir comment attirer des talents issus notamment d’autres secteurs pour accompagner ces évolutions ».
Autre point abordé : la relation coopérative/adhérents. « Comment créer de la valeur entre les adhérents et leur coopérative alors que les agriculteurs deviennent des «agro-businessmen ? », se demandait Yves Pellé. En insistant également sur l’importance de la communication avec les salariés pour qu’un projet puisse réussir.
Ils ont dit :
- Sauveur Urrutiaguer, président de Lur-Berri : « Regrouper des coopératives et des entreprises privées, investir vers l’aval, travailler sur la durée et ne pas avoir peur de faire appel à des investisseurs extérieurs nous permet de répondre au marché qui demande d’aller plus loin dans la transformation ».
- Louis Guillemant, directeur général d’Unéal :« Les comptes 2010/2011 vont être douloureux pour de nombreuses coopératives. La volatilité va faire perdre jusqu’à 50 % des fonds propres pour certaines d’entre elles. D’où l’importance d’avoir aussi un aval performant ».
- Pierre Guez, directeur général de Dijon Céréales : « Il ne faut pas oublier qu’aux côtés du chiffre d’affaires et des adhérents, il y a des salariés. C’est l’harmonie de ce triptyque qui fera l’avenir des coopératives. Nous réfléchissons aujourd’hui pour créer un intéressement du personnel ».
- Alain Le Floch, directeur général de Champagne Céréales : « L’agriculture a toujours connu la volatilité du climat. S’ajoute aujourd’hui celle des marchés. Nous avons une stratégie défensive en créant un comité des audits pour gérer la volatilité des cours et un comité engagement financier qui s’intéresse à nos disponibilités. Mais nous avons aussi une stratégie offensive pour générer des profits à partir de la volatilité, par exemple en créant de nouveaux outils commerciaux qui encadrent et atténuent ce risque ».
(1) PwC développe en France des missions d’audit, d’expertise comptable et de conseil créatrices de valeur pour ses clients, en privilégiant des approches sectorielles.