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Coronavirus : premier diagnostic pour les filières agricoles

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Le coronavirus fait la Une des médias depuis plusieurs semaines déjà. Toutes les régions sont touchées. Quelles conséquences pour l’activité agricole ?

Coronavirus : premier diagnostic pour les filières agricoles
Coronavirus : premier diagnostic pour les filières agricoles

En France, les rassemblements de plus de 1000 personnes sont interdits et le passage au stade 3 du plan d’action contre le coronavirus semblerait imminent. Emmanuel Macron l’a confirmé le 6 mars lors d’une visite dans un Ehpad. Et, même si la ministre de la Transition écologique expliquait, le 2 mars, qu'« il n’était pas question d’arrêter de faire rouler les trains », les mesures de confinements risquent de se multiplier, tout comme les restrictions sur les déplacements.

Limiter les déplacements

Chacun, dans son entreprise, tente d’identifier et de quantifier le potentiel impact. Les firmes phytosanitaires estiment que si, la crise se poursuit, les approvisionnements d’automne pourraient être perturbés. Mais à situation inédite, réponse délicate. VIVESCIA confie, par la voix de sa directrice de communication Valérie Frapier, « avoir une approche très pragmatique, en conformité avec les décisions des pouvoirs publics de chaque pays où nous sommes présents, notamment en Chine et en Italie pour nos activités de transformation. En France, les règles de déplacements des salariés sont claires : interdiction d’aller dans les pays concernés par le coronavirus, report des réunions internationales et incitation à privilégier les communications téléphoniques ou les téléconférences. » Chez Soufflet, des dispositifs de prévention ont été mis en place pour les collaborateurs et les prestataires, notamment dans le domaine des transports.

Marchés agricoles : impact sur les prix, pas encore sur les flux

A l’échelle nationale, plusieurs secteurs d’activités sont d’ores et déjà touchés : l’aéronautique, l’hôtellerie, la restauration, le tourisme mais aussi les marchés agricoles. « Cette crise sanitaire accentue les déséquilibres sur ces marchés, alerte Michel Portier, directeur général d’Agritel. Les récents mouvements de prix des matières premières agricoles soulèvent des interrogations ». Alors que les cours du porc subissent une forte hausse, ceux de la poudre de lait et des céréales se replient. Idem pour le colza avec en plus des stocks qui seront déficitaires sur la prochaine campagne. « Les marchés sont très corrélés entre eux et parfois, les mouvements sur un produit peuvent paraître contraires aux équilibres des fondamentaux », précise-t-il.

Les containers commencent à manquer

Quid des échanges avec les pays les plus touchés ? Les chinois sont très demandeurs d’orge brassicole. Simon Aimar, responsable céréales à la Sica Atlantique (17) ne constate pour l’heure, « aucun recul des exportations vers la Chine. Le bateau, programmé pour le mois de mars, est toujours d’actualité ». Un constat confirmé par Philippe Le Guennec, directeur commercial au sein de la société SGS qui assure l’inspection et le contrôle des bateaux sur tous les ports français. « Si l’épidémie du virus impacte déjà le prix des marchandises, il n’a en revanche encore aucun effet sur les flux. Pour le personnel travaillant sur les ports et sur les bateaux, nous prenons bien évidemment toutes les précautions qui s’imposent pour limiter les contacts ». Dans les ports, ce sont les containers disponibles qui commencent parfois à manquer. Ils sont bloqués en Chine, en attendant d’être vidés. Les chargements et déchargements se faisant moins vite, c’est tout l’export et l’import depuis ce pays qui tourne ralenti.

Vers un manque de saisonniers ?

Pour Matthieu Brun, responsable des études et des partenariats académiques au club Demeter, « l’enjeu principal lié au coronavirus est celui de la mobilité, notamment des travailleurs saisonniers. Cela se perçoit déjà dans les industries agroalimentaires du nord de l’Italie. En France, le Sud-Est, qui dépend fortement de la main d’œuvre saisonnière, pourrait être touché. La mobilité des marchandises se retrouve aussi réduite ». Même inquiétude sur les îles de la façade atlantique où la récolte des pommes de terre primeurs commence dans quelques semaines.

Anne Gilet, Laure Hänggi, Julia Landrieu et José Martinez