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Crise du porc, entre mesures d’urgence et structurelles

Le | Cooperatives-negoces

L'actualité estivale a été largement dominée par les crises de l'élevage. Après les bovins, le porc, avec une montée en puissance suite à l'arrêt des cotations sur le marché au cadran de Plérin. La crise, un temps masquée par le prix imposé de 1,4 euro/kg, est repartie de plus belle lorsque les deux principaux opérateurs, Bigard et la Cooperl, ont refusé de participer au marché au cadran. Le ministre chargé de l'Agriculture a multiplié les rencontres entre le 17 et 20 août, aboutissant à quelques mesures d'urgence et à des approches plus structurelles.

Le 18 août, ce sont les dirigeants de Coop de France et de la Cooperl qui étaient reçus, « dans une ambiance constructive et très technique », selon Pascal Viné, directeur de Coop de France.

Marché au cadran de Plérin et relations commerciales - Le ministère comme les professionnels actent de la nécessité de maintenir cet outil de cotation, mais aussi de le rénover. Les relations commerciales et contractuelles seront au programme d'une table ronde le 27 août au ministère. Associer un prix aux contrats, s'engager sur des formes de « marchés à terme » selon les différents segments du marché du porc sont des idées qui font leur chemin. Certaines enseignes commencent à pratiquer des prix « réajustables » en fonction de l'évolution du marché.

< Nutrition animale (60 % des dépenses en production porcine) - La rencontre au ministère le 20 août avec les représentants du secteur de l'alimentation animale a permis à ces derniers de proposer de nouveaux contrats commerciaux.  La possibilité de sécuriser le prix des aliments via des contrats à long terme, à prix fixe, pluri-annuels… a été accueillie favorablement par le ministre. La nutrition animale entend être présente lors de la table ronde du 27 août.

< Restructuration des filières -  Assurer une meilleure concentration de l'offre dans les relations avec les abattoirs et la grande distribution passe par moins de groupements de producteurs, indique Pascal Viné. Il plaide aussi pour une modernisation du maillon abattage/découpe/transformation, également pointé par le ministère.

< Distorsion de concurrence au niveau communautaire - L'Allemagne reste en ligne de mire des professionnels français. Ils demandent une baisse des charges et des contraintes avec un coût du travail moindre. Le ministre chargé de l'Agriculture saisira ses homologues européens avant le Conseil extraordinaire du 7 septembre sur la question de l'harmonisation sociale et fiscale. L'Union européenne est également appelée à mettre en place des mesures de soutien à l'export et de stockage supplémentaire.

< Soutien de la demande - Sur le marché français, des moyens de promotion vont être dégagés sur septembre. Un décret devrait, dès septembre, lever le seuil de passation des marchés publics pour les collectivités de 15 000 à 25 000 euros afin de favoriser les marchés de proximité. Les professionnels insistent sur l'importance d'un étiquetage clair de l'origine du pays sur les produits, y compris transformés.

Le gros de l'attente se situe cependant à l'exportation. La plate-forme commerciale « France Viande Export » devrait structurer l'offre française. 10 millions d'euros sont affectés aux filières d'élevage. Les professionnels espèrent un appui sans faille pour lever les barrières, au premier rang desquelles l'embargo russe.

 

Photo : rencontre du 17 aout avec la filière porcine - CC pascal Xicluna-minagriFr