De belles surprises en orges, déception pour le blé tendre et le colza
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La moisson est désormais quasi terminée au sud de la Loire et avancée à un bon tiers plus au nord. Le bilan des premiers tours de moissonneuse se confirment : de très bons résultats en orge d’hiver, des déceptions en blé tendre et des colzas en net recul. Pour le blé dur, tout dépend des régions. Les cultures de printemps s’annoncent quant à elles prometteuses mais le retour des pluies serait le bienvenu. Le point en région chez BFC, la Cal, Cavac, Cérèsia, Terre Atlantique, Unéal et Valfrance.
Terre Atlantique (17) - Christian Cordonnier, directeur général
« Pour les blés tendres, 65 à 70 q/ha de moyenne »
« La moisson a débuté de bonne heure et est désormais terminée. Depuis plusieurs campagnes, nous nous habituons à ce que tout soit terminé au 15 juillet. En orges d’hiver, les rendements sont très bons, aux alentours de 70 q/ha. La qualité est également au rendez-vous avec, pour les orges de brasserie un taux de protéines proche des 10 de moyenne. Le bilan des blés tendres est plus mitigé. La moyenne des rendements devrait osciller entre 65 et 70 q/ha de moyenne, proche de la valeur décennale. Nous attendions au moins 10 quintaux de plus mais le piétin échaudage a impacté le rendement final. Pas de souci en revanche du côté de la qualité. Les PS ont un peu baissé après le passage des pluies mais rien d’alarmant. La séquence climatique de cette campagne a pénalisé le bilan des colzas : pas plus de 30 q/ha de moyenne. Pour les pois et le blé dur, l’année est également jugée « moyenne » à « décevante » : pas plus de 30 q/ha pour les pois et de 65 q/ha de moyenne pour les blés durs qui affichent toutefois une qualité correcte. En revanche, les tournesols et les maïs sont, à ce jour, prometteurs. »
Cavac (85) - Christophe Vinet, directeur des productions végétales
« En blé dur, une qualité exceptionnelle, jamais égalée »
« La collecte est désormais terminée et le bilan pour les orges est excellent avec un rendement moyen de 75 q/ha. Énorme satisfaction également pour les blés durs qui affichent une qualité hors normes, encore supérieure au record de 2015. Aucune moucheture, un jaune exceptionnel, des taux de protéines voisins de 14,5, de très bons taux de mitadin… c’est parfait. Belle surprise également pour le lin avec des rendements moyens compris entre 21 et 23 q/ha. Pour le blé tendre en revanche, c’est la déception. La moyenne pour notre zone devrait avoisiner les 65-67 q/ha avec de fortes hétérogénéités. En cause, de fortes attaques de piétin échaudage dues à plusieurs facteurs : printemps humide, mauvaise protection et coup de chaud en mai et juin. Au final, même si les surfaces ont augmenté de 5 %, nous devrions être sur le même niveau de collecte qu’en 2022. En revanche, la qualité est au rendez-vous avec de bons PS et des taux de protéines conformes. Le colza restera l’autre déception de l’année. Le gel sur la floraison précoce a pénalisé le rendement qui ne devrait pas dépasser les 25 q/ha de moyenne. »
Valfrance (60) - Simon Verger, directeur du pôle aval
« En pois, nous battons des records »
« Sur un prévisionnel de 411 000 tonnes de collecte pour la moisson d’été, nous avons, au sein de Valfrance au 19 juillet, rentré 396 000 tonnes dans nos silos. La moisson devrait se poursuivre encore quelques jours sur le territoire. Les rendements des orges sont très bons. Les estimations initiales sont largement dépassées. Le niveau de protéines est en phase avec les exigences du marché : 10,38 pour les orges d’hiver et 9,85 pour celles de printemps. En revanche, le calibrage est un peu bas, à peine 81 en orges de printemps et 83 pour celles d’hiver. En blé, les rendements sont moyens. Ils s’élèvent à 83 q/ha, contre 85 q/ha pour la moyenne quinquennale. Le taux de protéines atteint 11,42, par rapport à 10,8 l’an passé. Les calibrages sont assez bas, mais restent au-dessus de la norme de 76. On relève de l’hétérogénéité, notamment car certaines variétés ont souffert de la chaleur. En colza, les deux tiers des parcelles sont moissonnées, soit environ 30 000 tonnes. Les rendements se situent entre 35 et 37 q/ha. C’est moins que l’an passé, qui était une collecte exceptionnelle, mais nous nous retrouverons dans la moyenne quinquennale. En pois, nous battons des records avec 5 000 tonnes de pois jaunes et 3 000 t de pois verts à l’échelle de la coopérative. Cela s’explique par de bons rendements, mais également par une hausse des surfaces liée à la Pac. Enfin, la collecte de seigle et d’avoine en est à la moitié, sans problème à signaler. »
Unéal (62) - Maxime Thuillier, directeur céréales
« En orges et blés tendres, la moyenne quinquennale devrait être dépassée »
« La récolte des escourgeons est terminée avec plutôt de bons rendements. Nous devrions légèrement dépasser la moyenne quinquennale de 90 q/ha. Les PS dépassent les 14 et le taux d’humidité est bon, à 13,5. Même satisfaction pour le taux de protéines, à 10,5 de moyenne. Pour les blés tendres, 30 % des parcelles étaient moissonnées au 20 juillet. Les premiers résultats montrent de fortes hétérogénéités selon les secteurs, tant en rendement qu’en qualité : dans le nord de l’Aisne, dans le Pas-de-Calais et dans la Somme, cela semble très bon, contrairement aux terres plus légères. Mais au final, nous devrions quand même dépasser la moyenne quinquennale, de 90 q/ha. À peine 5 % des colzas sont récoltés mais les premiers échos évoquent des rendements en retrait de 10 à 15 q/ha par rapport à l’an passé où ils avaient atteint 45 à 50 q/ha de moyenne. Pour les pois d’hiver, nous notons de grands écarts entre ceux qui ont correctement protégé leurs parcelles… et les autres : 5 q/ha pour un seul passage fongicide et jusqu’à 60 q/ha pour quatre traitements. En maïs, les cultures ont au moins un mois de retard. Une inquiétude face au risque mycotoxine et pour le prix de la facture gaz si la récolte tardive implique un séchage plus intense. »
CAL (54) - Gilles Lassagne, directeur du pôle végétal
« Une collecte en recul de 10 % par rapport à la moyenne quinquennale »
« Les trois-quarts de la moisson sont terminés. Elle devrait se finir dans une dizaine de jours. On retiendra globalement une forte hétérogénéité, avec une sècheresse de fin de cycle qui a pénalisé l’ensemble des cultures. En revanche, le rendement en paille est très bon pour toutes les céréales d’hiver, 1,5 fois supérieur à la campagne précédente. En blé, les rendements sont très variables, allant de 50 à 80 q/ha. Ces disparités sont principalement dues aux différentes pratiques : niveau de fertilisation, erreur de désherbage, réduction des couvertures fongicides… Nous tablons sur une collecte inférieure de 10 % par rapport à la moyenne quinquennale. La qualité, elle, est plutôt bonne. La protéine se situe entre 11 et 14, sans problème d’ergot. Avant les orages du 14 juillet, les PS étaient compris entre 77 et 80. Les précipitations ont fait perdre 3 à 4 points pour quelques secteurs, mais la majorité reste de qualité meunière. Ces pluies ont néanmoins été très bénéfiques aux cultures de printemps comme le maïs. En orges de printemps, là encore les disparités sont grandes, avec des calibrages allant de 25 à 90, du fait des hétérogénéités liées à la météo. Les rendements oscillent entre 40 et 55 q/ha et la moyenne devrait être inférieure de 10 % à la moyenne des cinq dernières années. En colza, nous avons rentré 32 000 tonnes sur les 42 000 attendues pour cette campagne. Les rendements vont du simple au double, avec des petits grains. En revanche, les premiers retours indiquent des taux d’huile compris entre 40 et 50. »
Cérésia (51) - Jean Huguet, responsable collecte
« Des rendements en blé de bons à très bons »
« La moisson des blés se termine dans le sud de notre territoire mais est en plein boom dans le nord. La qualité est globalement au rendez-vous avec 78 de PS et un taux de protéines supérieur à 11 %. Les rendements sont très hétérogènes, allant de 60 à 115 q/ha selon les premiers retours. La moyenne reste bonne, voire très bonne pour cette année. En colza, les rendements déçoivent. Après une belle floraison, le sec en fin de cycle a fait chuter le PMG. Les rendements vont de 30 à 35 q/ha dans le meilleur des cas. L’orge de printemps fait preuve de beaucoup d’hétérogénéité également, même si nous ne sommes qu’au début de la moisson. La qualité est là, avec un calibrage de 81 % et un taux de protéines supérieur à 10 %. Nous sommes plutôt satisfaits au regard de la fin de cycle très sèche. En orges d’hiver, la moisson est finie. Les rendements sont compris entre 80 et 85 q/ha. Le calibrage se situe autour de 85 % et le taux de protéines dépasse 10,5 %. »
Alliance BFC (21, 71 et 25)
« Un déficit de calibrage dû à la chaleur en fin de cycle »
Sur le territoire de l’Alliance BFC, la récolte d’été 2023 est marquée par de l’hétérogénéité en termes de rendements, avec un déficit de calibre de grains qui trouve son origine dans une fin de cycle chaude et un manque de luminosité en mai. Chez Dijon Céréales (21), les rendements moyens de blé s’élèvent à 63-64 q/ha. Le PS atteint 77 et le taux de protéines s’élève à 12. Un travail du grain sera réalisé pour écarter les blés échaudés et cassés. La collecte de colza est décevante, notamment sur les bonnes terres, avec 5 à 10 q/ha de moins que la moyenne. En orges de printemps, les rendements oscillent entre 45 et 85 q/ha, avec une moyenne à 65 q/ha.
Chez Bourgogne du Sud (71), les rendements de blé atteignent 73-74 q/ha, pour un PS à 76,4 et un taux de protéines à 12,2 en moyenne. En colza, les résultats sont en deçà de ceux de 2022, année exceptionnelle. Le rendement moyen s’établit aux alentours de 34-35 q/ha, avec de petits grains mais un taux d’huile intéressant. Les orges de printemps comme d’hiver témoignent d’un faible calibrage, comme en 2022.
Sur le territoire de Terre Comtoise (25), les rendements d’orges sont satisfaisants, avec une moyenne à 71 q/ha. La particularité de l’année : un calibrage moyen avec des petits grains, mais aussi des fortes quantités de paille. En blé, 12 % des volumes ont été déclassés en fourragers. Les poids spécifiques et les taux de protéines se situent sur des niveaux corrects à l’échelle de la coopérative : 76,5 pour le PS et 11,.9 % pour la protéine.
Anne Gilet et Julia Landrieu