De tristes records enregistrés ces derniers jours
Le | Cooperatives-negoces
Les épisodes de gel des 7 et 8 avril ont battu des records de températures basses dans de nombreuses régions. Sur les réseaux sociaux, les témoignages se multiplient pour alerter de la catastrophe. Vignobles et vergers sont parfois détruits à 100 %. C’est le cas dans l’Aude, dans la Drôme ou dans l’Ardèche. Les grandes cultures ne sont pas épargnées à commencer par la betterave et le colza, notamment dans le sud de Paris.
Difficile de dresser un premier bilan mais pour beaucoup de producteurs, la situation s’avère catastrophique. Le ministre de l’Agriculture a, le 9 avril, annoncé la mise en place de mesures d’accompagnement, avec notamment l’ouverture du régime des calamités agricoles. Certes, les épisodes de gel printaniers sont fréquents mais rarement, ils ont concerné la quasi-totalité du pays. Les nuits des 7 et 8 avril 2021 resteront dans les mémoires. Autre fait marquant de cette année, l’ampleur des fluctuations des températures d’une semaine à l’autre : jusqu’à 33°C dans certaines zones avec une végétation souvent en avance et donc, à des stades plus sensibles.
Betteraves : ressemis envisagés mais sans NNI
En betterave, l’ITB conseille de « réaliser un diagnostic précis à la parcelle avant toute prise de décision quant à un ressemis éventuel. La betterave est théoriquement capable de résister à des températures d’environ -5°C mais le stade des plantes, l’exposition de la parcelle aux courants d’air froid, l’humidité du sol et la présence de résidus de récolte peuvent amplifier l’impact du gel. » L’institut précise qu’un ressemis est à envisager uniquement si la population est inférieure à 40 000 plantes/ha soit, pour un écartement de 45 cm, 18 betteraves pour 10 mètres linéaires. Cristal Union s’est d’ores et déjà engagé à fournir gratuitement les semences de betteraves à ses planteurs impactés par cette situation exceptionnelle : les surfaces touchées pourraient atteint les 15 000 ha pour le groupe. Mais attention, la dérogation actuelle sur les protections de semences ne prévoit pas la possibilité d’un ressemis avec des néonicotinoïdes si ce traitement enrobait déjà le premier semis. Une double peine pour les planteurs qui se voient priver d’une solution efficace pour maîtriser les pucerons.
Colza et blé : tout dépend du stade
Pour le colza, en Lorraine, Laurent Jung chargé de communication chez Terres Inovia, estime que « pour l’heure, il y a plus de peur que de mal. Les observations réalisées les 7 et 8 avril nous rassurent quant à l’intensité des dégâts de gel même s’il faudra suivre l’évolution des cultures dans les prochaines semaines. La pluie annoncée pour ce week-end devrait être bénéfique pour les plantes. » Pour les céréales, Jean-Charles Deswarte d’Arvalis rappelle que « le seuil d’alerte le plus souvent mentionné est -4°C mais il est probable que les dégâts apparaissent plutôt vers -5 à -7°C. Tout dépend de la situation de la parcelle et du stade des cultures. Les stades les plus avancés, entre 2 nœuds et dernière feuille pointante, sont plus sensibles que les stades épi 1 cm. Principal risque : que l’épi, en cours de formation dans la tige, soit détruit. Le stress hydrique constaté dans plusieurs zones peut avoir un léger effet positif sur la résistance de la plante au froid mais pourrait pénaliser la reprise de croissance ».
Témoignage
Bourgogne du Sud, Christine Boully, responsable agronomie et approvisionnement - « Trop tôt pour dresser un premier bilan »
« Avec la douceur de février, la végétation avait pris de l’avance et même si elle en a perdu en mars, les céréales sont à montaison et les colzas à floraison ; les bourgeons des vignes commencent à s’ouvrir. Il est trop tôt pour avoir un bilan précis de la vague de froid.
En vigne, les risques de perte sont importants dans les Chardonnay, mais moindre dans les Pinot.
Pour les grandes cultures, le bilan ne pourra être effectué qu’en début de semaine prochaine. La probabilité de perte de rendement est importante dans les zones où les températures sont descendues en dessous de - 4°C. »