Denis Beauchamp, Ucal - « En zones intermédiaires, les années normales deviennent rares »
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Denis Beauchamp est responsable céréales à l’Ucal, l’union des coopératives agricoles de l’Allier. Il dresse le bilan d’une nouvelle année compliquée et constate qu’une forme de lassitude s’installe peu à peu chez certains agriculteurs. D’où l’importance d’asseoir les projets en cours, à commencer par l’ouverture d’une usine de trituration en 2021.
« Depuis trois ans, nous enchaînons les campagnes compliquées. Dans les zones intermédiaires, comme dans l’Allier, les années « normales » deviennent rares ! Les rendements des cultures d’été enregistrent cette année une baisse de 25 à 30 % dans notre secteur : gel, sécheresse, attaque d’insectes, rien ne nous a été épargné. Les surfaces de colza ont, elles, reculé de près de 80 % en trois ans. Les alternatives comme le tournesol, le blé ou le sorgho, s’avèrent au final peu nombreuses. »
La technique progresse, pas les rendements
Dans la région, beaucoup d’adhérents sont également éleveurs mais là encore, force est de constater que le prix de la viande n’est pas au plus haut ! « Autant de facteurs qui rongent le moral des agriculteurs, poursuit-il. Une forme de lassitude s’installe d’autant que techniquement, ils ne cessent d’innover, d’investir. Mais face à des événements climatiques à répétition et un manque de solutions pour contenir les attaques d’insectes, les rendements fondent et les résultats économiques également. »
Une unité de trituration de 30 000 t
D’où la nécessité de multiplier les projets, de développer de nouvelles filières. « En trois ans, les filières qualité, tracées, ont fortement progressé au sein de l’Ucal, constate-t-il. Elles représentent aujourd’hui près de la moitié de la collecte de blé avec une plus-value pour les agriculteurs engagés, de 15 à 20 €/t. Un projet d’usine de trituration, porté par les coopératives de l’Allier sous le nom « Ucal Protéines », est également en bonne voie. Il devrait voir le jour d’ici 12 à 18 mois, à Varennes-sur-Allier. Une unité de 30 000 tonnes par an pour transformer en tourteaux soja, colza et tournesol, produits localement, sans OGM, à destination de l’alimentation animale, elle aussi, locale. 10 000 t d’huile seront issues du process : pour l’alimentation animale et humaine. L’enjeu consiste à proposer une meilleure valorisation des grains à nos adhérents. La réussite du projet passe aussi par le développement de la filière soja dans le département. »
Sur twitter, préservons une communication positive
Son regard sur le monde agricole, Denis Beauchamp l’affute également via les réseaux sociaux, twitter notamment. Depuis novembre 2018, il est président de FranceAgriTwittos (@Fragritwittos), l’association qui rassemble près de 350 adhérents et s’adresse à plus de 15 000 abonnés. « Depuis quelques semaines, le ton des échanges monte sur twitter, constate-t-il. Il est de plus en plus agressif envers le monde agricole. La volonté du gouvernement de réautoriser les néonicotinoïdes sur betteraves a inondé le réseau d’affirmations parfois absurdes. Cela prend du temps de contredire, d’apporter des précisions, de rétablir la vérité. Mais cela reste nécessaire pour conserver la main sur la communication, à condition que cela se fasse de façon positive, sans agressivité. L’idée est de montrer à tout le monde la réalité des choses, dans le calme. Nous devons prendre du recul. Le piège serait de tomber dans des oppositions qui, au final, ne profiteraient qu’aux anti-tout ! »