Dernière ligne droite pour la récolte 2022

Au 18 juillet, Céré’Obs, le réseau d’observation de FranceAgriMer annonçait que 84 % des récoltes de blé tendre étaient terminées à l’échelle nationale, contre 12 % seulement en 2021. Pour les orges d’hiver, le chiffre de l’année est de 100 % tandis qu’il atteignait 96 % pour les blés durs et 77 % pour les orges de printemps. En comparaison, un an plus tôt, ces valeurs étaient respectivement de 70, 59 et 11 %. Pas de doute, la récolte 2022 restera, pour bon nombre d’OS, l’une des plus précoces. Ce que confirment les différents responsables de collecte interrogés par Référence-agro.

Agora (60) - Thomas Taldir, responsable céréales

« Avec 45 à 50 q/ha de moyenne, le colza se révèle la bonne surprise de l’année »

« Il reste encore quelques parcelles de blé tendre à récolter mais pour les orges et les colzas, les chantiers sont terminés avec près de cinq jours d’avance par rapport aux années les plus précoces. Globalement, cette moisson affiche de bons résultats. En orge d’hiver, les rendements sont de bons à très bons et devraient dépasser de 5 à 7 q/ha la moyenne décennale de la coop, à 80 q/ha. La qualité est bonne tant du point de vue des protéines que du calibrage. L’orge d’hiver est la culture qui a le moins souffert du manque d’eau, contrairement à l’orge de printemps qui décroche un peu. En blé tendre en revanche, les résultats sont plus hétérogènes : cela va de 60 à 120 q/ha dans les très bonnes terres. En moyenne, nous attendions un peu mieux mais nous devrions quand même atteindre 86 ou 87 q/ha. Certains agriculteurs ont des moyennes à 110 q/ha ! Logiquement, le taux de protéines est parfois un peu faible mais là encore en global, cela reste bon. La bonne surprise de l’année, c’est le colza. La moyenne devrait osciller entre 45 et 50 q/ha. Quant aux pois d’hiver, ils vont de bons à très bons. Les feux sont au vert pour le maintien des surfaces lors de la prochaine campagne. Les tournesols sont beaux : les premières coupes pourraient avoir lieu fin septembre. »

Natup (76) - Vincent Leclerc, responsable collecte

« Pour le maïs, cela s’annonce compliqué »

« Au 20 juillet, 70 % de la récolte d’été était achevée : en blé tendre, il restait à peine 40 % des parcelles à moissonner. Nous avons bien 15 jours d’avance par rapport aux cinq dernières années. En orge d’hiver, les rendements moyens vont de bons à très bons, de 85 à 90 q/ha, avec de bons niveaux de PS et des taux de protéines conformes aux attentes de nos clients brasseurs. Avec 40 q/ha de moyenne, le bilan des colzas est très correct, malgré quelques hétérogénéités. En blé aussi, la moisson 2022 sera bonne, même si nous n’atteindrons pas un millésime. Selon les terres, les rendements vont de 70 à 120 q/ha de moyenne. En qualité, ce n’est pas excellent mais nous sommes quand même sur un bon niveau. Les PS sont excellents et les protéines, variables. Pour les cultures de printemps et notamment le maïs, cela s’annonce plus compliqué. Le manque d’eau pénalise fortement les cultures. Pour les orges de printemps, les résultats déçoivent avec quelques résultats très médiocres. Elles ont manqué d’eau durant la montaison. La qualité est en revanche correcte. »

Unéal (62) - Nicolas Foissey, responsable collecte

« Nous allons battre un record de précocité pour la fin des chantiers »

« Au 20 juillet, 60 % des parcelles de blé tendre étaient récoltées. Pour le colza, nous approchons les 30 % tandis que pour les orges d’hiver, c’est terminé. Fin juillet, tout devrait être moissonné avec, à la clé, un record de précocité pour la fin des chantiers ! Pour les orges d’hiver, les rendements dépassent largement la moyenne décennale, de 83 q/ha : ils devraient atteindre 95 q/ha, avec une fourchette allant de 65 à 120 q/ha. Seules les terres plus séchantes, moins arrosées, ont pu, localement, être pénalisées. En blé tendre, la collecte sera plus hétérogène mais la moyenne pourrait quand même dépasser les 93 q/ha. Pour les PS, je table sur 82 et sur 11 pour le taux de protéines. Le bilan pour les colzas s’annonce également très correct, avec une moyenne oscillant entre 45 et 48 q/ha. Même si les cultures de printemps souffrent du manque d’eau, elles semblent s’en sortir un peu mieux dans notre région, comparées aux zones plus au sud. Toutefois, les maïs ont eu très chaud. Certaines surfaces dédiées au grain pourraient finalement être utilisées en fourrage pour combler les manques. »

Coopérative agricole lorraine (54) - Pierre-Antoine Ferru, directeur général

« Est-ce que l’année agricole va devoir se faire du 1^er juin au 30 mai ?

« Les orges d’hiver sont une bonne surprise, avec des rendements autour de 60 à 65 q/ha et un taux de protéines satisfaisant, bien que le calibrage soit un peu faible. Le colza est historiquement bon, entre 35 et 45 q/ha, voire au-delà sur certaines parcelles, et avec d’excellents taux d’huile, ce qui est une bonne nouvelle. En blé, nous faisons face à une forte hétérogénéité : les rendements vont du simple au triple, entre 35 et 105 quintaux. Contrairement à l’année dernière, le PS est bon, autour de 77, 78. Les tournesols vont être très secs et les maïs, catastrophiques. Arvalis estime le début de la récolte de maïs au 15 août, dans notre secteur. Les épis ne seront pas pleins. Or, la moisson maïs est importante en Lorraine pour nos éleveurs, et il va y avoir un gros manque. C’est pourquoi certains stockent plus d’orge et de blé en ferme que d’ordinaire. Dans l’ensemble, la moisson n’aura jamais été aussi rapide. Les premières bennes d’orges ont été rentrées dès le 20 juin, et nous avons quasiment fini au 20 juillet. La récolte des différentes cultures se fait désormais quasi en même temps. Est-ce qu’à l’avenir, l’année agricole va devoir se faire du 1^er juin au 30 mai ? »

Groupe Armbruster (68) - André Streicher, directeur industriels et céréales

« Les orages ont renforcé l’hétérogénéité entre les parcelles »

« La récolte est terminée depuis mi-juillet. Nous n’avons pas rencontré de difficultés particulières, en dehors de la forte hétérogénéité des résultats, caractéristique de l’année. Entre les terres légères et non irriguées, et les bonnes terres irriguées, cela va du très mauvais au très bon. Mais dans l’ensemble, la qualité est bien meilleure que celle de l’an passé. En ce qui concerne les maïs, une culture importante en Alsace, nous avons eu un très bon démarrage et une bonne évolution. Si nous n’avions pas eu cet épisode de chaleur au mois de juillet, nous aurions, globalement, un excellent potentiel. Les orages de ces derniers jours ont apporté de l’eau de façon disparate sur la zone, renforçant l’hétérogénéité entre les parcelles. »

Chez Axéréal, (45) des rendements « dans la moyenne olympique »

« Avec près de deux semaines d’avance, la moisson d’été est sur le point de s’achever sur le territoire de collecte de la coopérative Axéréal », peut-on lire sur le site de la coopérative du Centre. Une cadence très intense, inhabituellement précoce pour des résultats « dans une moyenne correcte, avec globalement une qualité très bonne ». Le taux de protéines moyen pour le blé tendre atteint les 11,9. Les rendements eux, sont hétérogènes, et dans « la moyenne olympique » : de 40 à 100 q/ha en blé tendre, de 65 à 85 q/ha pour l’ogre et de 50 à 85 q/ha pour le blé dur. Les rendements en colza sont globalement plus réguliers avec des rendements entre 30 et 50 qx/ha. Quant à la moisson d’automne, elle devrait être en avance de près d’un mois. Les premières livraisons de tournesol sont attendues fin août. « Une situation inédite », note Vincent Graffin, directeur collecte et mise en marché chez Axéréal.

Anne Gilet et Elena Blum