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Deux anciens salariés de Triskalia lancent des actions juridiques pour intoxication aux insecticides

Le | Cooperatives-negoces

Soutenus par l’union syndicale Solidaires et Générations futures, Stéphane Rouxel et Laurent Guillou, deux anciens salariés de la société Nutréa, filiale de Triskalia, sont venus sur Paris le 23 septembre pour tenir une conférence de presse et rendre publiques leurs actions juridiques lancées auprès de leurs ex-employeurs pour intoxication aux insecticides de stockage. Les faits remontent à 2009 et 2010. En 2009, des céréales stockées auraient fait l’objet d’un traitement avec l’insecticide Nuvan Total à base de dichlorvos, alors interdit d’utilisation. En 2010, un autre traitement aurait été réalisé avec un débit de pompe mal réglé engendrant un surdosage important. G.G.

Triskalia reconnaît un accident du travail en 2009 : « Un défaut de procédure a conduit à l’utilisation d’un fond de bidon de Nuvan Total, produit alors retiré, explique Marie-Laure Louboutin, responsable des relations presse pour Triskalia. Mais le reste du stock a vite été écarté et détruit selon la réglementation ». Quant au réglage de la pompe, « rien ne nous permet de dire qu’en 2010, un mauvais réglage aurait conduit à un surdosage ». Triskalia ne reconnaît pas non plus l’absence de ventilation la nuit, qui aurait conduit, selon les salariés, à des infestations d’insectes.

La société a proposé à Stéphane Rouxel et Laurent Guillou, souffrant d’une hypersensibilité aux substances chimiques et déclarés inaptes pour les postes contenant des produits chimiques, un reclassement dans l’administration et en magasin. Ayant refusé ces postes, ils ont été licenciés mi-2011, « conformément aux procédures », précise Marie-Laure Louboutin.

Les insecticides de stockage pointés du doigt

Selon Solidaires et Générations futures, dix-huit des 70 salariés de l’entreprise Nutréa de Plouisy (Côtes d’Armor) auraient été directement ou indirectement concernés par ces deux accidents du travail. « Les agriculteurs ne sont pas isolés, de nombreux salariés de l’agroalimentaire, dockers, chauffeurs routiers… sont exposés aux pesticides qui servent à la conservation de céréales stockées dans des silos ou des hangars et transportées dans des camions », avancent-ils.

Interrogé sur le sujet, Vincent Magdelaine, directeur de Coop de France Métiers du grain, tient à préciser que « les bonnes pratiques de stockage vont dans le sens d’une meilleure prise en compte de la sécurité des salariés et la maîtrise des infestations d’insectes dans les grains, notamment par le biais d’une ventilation efficace ». Et de souligner que le problème reste complexe puisque d’un côté les acheteurs ne veulent aucun insecte et que de l’autre, les solutions de lutte non chimique ne permettent pas d’arriver à ce résultat. « La ventilation offre la possibilité de réduire les traitements, mais exige de lourds investissements ».

Un guide sur le « silo du futur », qui sera présenté au congrès de Coop de France fin novembre, comprend des recommandations sur le sujet.

« Nous demandons par ailleurs aux pouvoirs publics de mieux accompagner et communiquer sur les retraits des produits », ajoute Vincent Magdelaine.