Edito - Loin des yeux, loin du cœur ?
Le | Cooperatives-negoces
Le scandale hyper médiatisé sur la fraude à l'étiquetage des plats cuisinés estampillés viande de bœuf a pris depuis quelques jours une tournure plus politique qui rejaillit négativement sur les coopératives agricoles, au premier rang desquelles la basque Lur Berri. Passés l'acharnement et la mise au pilori de sa filiale Spanghero, c'est en effet désormais aux stratégies d'investissements des groupes coopératifs que certains veulent s'en prendre. « Une coopérative agricole n'est-elle pas censée défendre les intérêts des agriculteurs, plutôt que de spéculer sur les cours de la viande ? », s'insurge ainsi Alice Leiciagueçahar, conseillère régionale écologiste d'Aquitaine dans le Journal du Pays Basque.
Les agriculteurs reconnaissent eux-mêmes être dépassés par des décisions dont ils ne comprennent pas l'intérêt. Beaucoup profitent du scandale pour dénoncer la course aux profits immédiats qui ne bénéficient pas aux agriculteurs mais à de trop nombreux intermédiaires invisibles.
Face à ces accusations, la question de la fragilité des grands groupes vis-à-vis de leurs filiales semble se (re)poser. Pas question pour autant de remettre en cause des stratégies de croissance dont profitent aussi les producteurs. Mais attention toutefois à bien se donner les moyens de procédures internes de vérification et de contrôle des multiples branches de ces entreprises. Pour que les activités si éloignées qu'elles soient de leurs yeux, n'en restent pas moins proches de leur cœur… Laurent Caillaud