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Emissions de carbone : l’industrie chimique sous le coup des « -30 % »

Le | Cooperatives-negoces

Réduire, non plus de 20 %, mais de 30 % les émissions de carbone d’ici à 2020. Tel est le souhait de Jean-Louis Borloo, ministre en charge de l’écologie, et de ses homologues allemand et britannique, Norbert Röttgen et Chris Huhne. Ces derniers ont d’ailleurs, le 15 juillet, co-signé une tribune sur ce thème publiée dans la presse : Le Monde, Frankfurter Allgemeine Zeitung, Financial Time. « En adoptant un objectif ambitieux, non seulement l’UE influerait directement sur l’évolution des cours du carbone d’ici à 2020, mais elle enverrait également un signal fort quant à sa détermination à mettre en place un cadre politique propice à l’émergence, sur le long terme, d’un modèle à faibles émissions de carbone », soulignent les trois ministres. Un objectif qui n’est pas du goût des industriels de la chimie. J.P.

« Cette position est en parfaite contradiction avec la conclusion récente du Conseil européen de ne pas accroître la contrainte sur la réduction des gaz à effet de serre », déclare le 21 juillet dans un communiqué, Olivier Homolle, président de l’Union des industries chimiques (UIC).

De son côté, l’Union des industries de la fertilisation (Unifa), par la voix de son délégué général Gilles Poidevin sonne l’alarme : « nous sommes dans une situation de concurrence très forte et l’ajout de charges élevées à nos industries pénalisera la compétitivité des entreprises et détruira des emplois. Une extensification liée à une moindre utilisation d’engrais obligerait en outre l’Europe à importer des denrées alimentaires et donc à occuper des espaces agricoles dans des pays en développement qui en auraient besoin pour nourrir leur propre population ».

Les industriels de la fertilisation se veulent constructifs : « avec le plan climat 2013/2020, et des mesures équilibrées en faveur des industries les plus performantes pour la réduction des gaz à effet de serre, nous pourrons rester l’industrie à la pointe des techniques, et continuer d’approvisionner une agriculture éco-intensive qui contribue elle aussi à la lutte contre le changement climatique ».

Économiquement, le coût d’une réduction de 30 % des émissions est estimé à 11 milliards d’euros de plus que le seuil de 20 % . L’UIC rappelle que dans une étude d’impact menée en 2008, AT Kearney a montré que pour atteindre les -30 %, l’industrie chimique en France devrait investir près de deux milliards d’euros pour un gain environnemental faible : 1,2 million de tonnes de CO2, soit 0,2 % des émissions de GES de la France.