En 2014, InVivo va redessiner son damier stratégique
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Resserrer les rangs autour de l'union nationale, « ramener les brebis égarées » pour l'agrofourniture… Thierry Blandinières, directeur général d'InVivo depuis octobre 2013, présentait le 17 décembre les grandes lignes du projet de l'union de coopératives pour 2014. Il y est largement question de co-construction avec les coopératives membres de l'Union et de transparence qui vont se traduire par une intense phase de rencontres, pour ne pas dire de négociations, dans les mois à venir.
En grains, tout d'abord, pour pallier à la fragilité de l'activité trading, chahutée par l'amplitude des fluctuations des cours, InVivo entend sécuriser l'amont en passant des accords bilatéraux avec ses coopératives membres, afin de disposer d'engagements en quantité et qualité plus à même de peser sur les marchés à l'exportation. Jusqu'à présent, les coopératives étaient tenues de mettre à disposition de leur union nationale 8 % de leur collecte disponible à l'exportation. Les contrats, en phase d'élaboration pour la prochaine campagne, concerneront toutes les structures, y compris les groupes régionaux. « Tant mieux si certains grands groupes s'organisent, cela nous oblige à aller de l'avant », a indiqué Thierry Blandinières, directeur général d'InVivo depuis octobre 2013. « Il n'est pas question de faire sans, ni contre les grandes entreprises coopératives », a souligné Philippe Mangin, président d'InVivo.
L'ambition est de passer d'un disponible exportable de 1,6 Mt à 4 ou 5 Mt dans une logique de structuration des filières. En aval, InVivo entend diversifier les productions et les pays destinataires. Actuellement, 70 % des exportations portent sur du blé, à 30 % sur l'Algérie. Dans le même temps, InVivo a engagé des discussions avec le groupe ADM, son partenaire dans le capital de Toepfer pour « faire évoluer le modèle au-delà de l'accord capitalistique. » En ligne de mire, un positionnement accru sur les marchés de la Mer Noire.
Centrale de référencement en agro-fournitures, clarifier le modèle économique
La réflexion est également engagée en termes d'approvisionnement. « Là aussi le monde bouge, a indiqué Thierry Blandinières. Il s'agit de clarifier le modèle économique, avec plus de transparence sur les coûts par rapport aux membres de l'union. La massification est un enjeu économique. A nous de mettre tout le monde autour de la table. » Il mise sur la capacité à renforcer la compétitivité à l'achat et sur la chaîne logistique pour gagner quelques points, entre les 4 à 5 % réalisés par la centrale de référencement et les 25 à 26 % situés en région. « La crise est une opportunité pour faire bouger les lignes », a appuyé Philippe Mangin. Des lignes qui devraient surtout bouger avec la carte des phytosanitaires génériques. C'est sur ce dossier que se solidifie progressivement la structure EAMA (Alliance agricole européenne de marketing), qui rassemble pour l'heure InVivo et trois autres groupes coopératifs en Allemagne, au Danemark et en Grande-Bretagne.
Autre secteur clé de l'agrofourniture, les semences, considérées par Thierry Blandinières à la fois comme la pépite du groupe et un enjeu stratégique dans la logique de maîtrise des intrants et d'augmentation de la compétitivité. Leader en France sur le marché des céréales à paille avec Semences de France, InVivo entend également « réfléchir sur ce métier à forte valeur ajoutée ». L'union dispose notamment de participations dans RAGT Semences et d'un accord avec KWS en maïs.
Nutrition et santé animale, la structuration autour de groupes régionaux s'achève
La réorganisation autour de grands bassins de production des 250 à 260 outils industriels existants en France est pratiquement terminée. Seuls deux régions devraient encore connaître des mouvements significatifs : la Loire-Atlantique et le Sud-Est. L'innovation, qui demeure un fil conducteur dans la plupart des activités du groupe, trouve un éclairage particulier sur le secteur de la nutrition santé animale avec la création d'une « maison de l'innovation » à Saint Nolff (53). L'activité Gamm Vert n'est pas en reste avec la mise en place de magasins pilotes dans plusieurs villes en 2014 pour tester l'opportunité de développer des commerces de produits alimentaires.
Cap sur InVivo 2015
« Nous engageons une réflexion stratégique pour projeter InVivo à dix ans », a conclu Thierry Blandinières. Réflexion qui ne signifie en rien gel des évolutions, si l'on en juge par les changements qui s'engagent dans tous les métiers du groupe, véritable « damier stratégique à construire. » Décidés par le conseil d'administration de l'union, ces changements sont portés par une équipe de direction très largement renouvelée. Depuis l'assemblée générale de décembre 2012, Thierry Blandinières a remplacé Patrice Gollier à la direction générale d'InVivo, Bertrand de Launay a succédé à Jeremy Macklin à la direction d'InVivo Agro et Loïc Desselas à Didier Nedelec à la direction d'InVivo Grains.
Catherine Deger
Photo : Thierry Blandinières.
Repères chiffrés (entre parenthèses, évolution sur la campagne précédente).
- Chiffres d'affaires 2012-2013 : 6,1 milliards d'euros (+ 8,3 %)
- Ristourne aux coopératives adhérentes : 81,4 millions d'euros (+ 12,6 %) dont santé végétale, 43,2 M€ (+ 8,5 %)
- Résultat d'exploitation : 2,6 M€ (14,3 en 2011-2012)
- Pôle agrofourniture : 1,61 milliard d'euros dont santé végétale, 956 M€ (arrivée de Sicapa) ; centrale référencement hybrides, 190 M€ (arrivée d'Aréa) ; engrais, 314 M€
- Semences de France, 94 M€ (+ 13 %)
- InVivo Nutrition et Santé animale : 961 M€ en aliments complets ; 341 M€ en premix et additifs ; 82 M€ en santé animale ; France, 41 %.
- InVivo Grains : 8,6 Mt (+ 20 %) dont 38 % en fob et marchés domestiques ; 17 % Europe et 45 % pays tiers.