En congrès, la coopération revendique toute sa place dans l’économie nationale
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Trois ministres, Stéphane Le Foll, pour l'agriculture, Guillaume Garot, pour l'agroalimentaire et Benoît Hamon, pour l'économie, mais aussi Pierre Gattaz, président du Medef, pour faire bonne mesure… Le congrès de la coopération agricole, centré sur Coop de France le 18 décembre et InVivo le lendemain, a démontré, s'il en était besoin, l'importance de ce secteur dans l'économie nationale. La campagne de communication présentée en clôture a vocation à rapprocher la perception du monde coopératif par le grand public de sa réalité économique. Voici quelques uns des temps forts et des interventions de ces deux journées.
Coop de France, le 18 décembre
Pierre Gattaz, président du Medef, « avec les mêmes soucis et les mêmes ambitions »
« C'est une première qui nous rend fiers, et qui montre que notre rassemblement se fait au nom de l'entreprise », s'est réjoui Philippe Mangin, président de Coop de France, au moment d'accueillir Pierre Gattaz pour le Congrès de la coopération agricole, le 18 décembre à Paris. « Les coopérative sont avant tout des entreprises, a confirmé le président du Medef, avec les mêmes soucis et les mêmes ambitions. » Pierre Gattaz s'est notamment rangé du côté des coopératives dans leur combat pour l'emploi. « Vos DRH ne demandent qu'à embaucher, a-t-il lancé, mais vous avez besoin de certitudes pour l'avenir, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui », faisant écho à la position de Coop de France, qui annonçait en septembre conditionner la mise en place d'un contrat de génération à une annulation de l'écotaxe transport et à l'éligibilité des coopératives au CICE, notamment. Outre cette « obsession de l'emploi », Pierre Gattaz a souligné l'autre combat commun du Medef et des coops, la simplification réglementaire. « Je n'ai rien contre l'idée de lois nouvelles, au contraire. Mais actuellement, on en ajoute toujours sans en enlever aucune. Les anglais suppriment deux lois quand ils en créent une, c'est le modèle à suivre », a-t-il conclu sous les applaudissements.
L'Ania, au côté des coopératives
Jean-Philippe Girard, président de l'Association Nationale des Industries Alimentaires, a renouvelé sa confiance dans la réactivité des coopératives et son souhait de resserrer les liens entre elles et l'aval : « Je crois aux contrats de filières, qui permettent à chaque maillon d'apporter sa valeur ajoutée », a-t-il notamment affirmé. Avant de préciser se placer au côté des producteurs et des coopératives pour passer de « brader nos production » à « les valoriser ». Et de pointer directement du doigt le rapport de force de l'industrie avec la grande distribution, facteur de déstabilisation de tout l'amont des filières.
40 % de femmes dans les CA, « trop en trop peu de temps »
Caroline Weber, Directrice générale de MiddleNext*, est intervenue pour évoquer le cas de la représentativité des femmes dans le monde coopératif. La loi Copé Zimmermann impose un quota de 40 % de femmes à sein de conseils d'administration des entreprises de taille intermédiaire d'ici le 1er janvier 2017. Bien que sensible au mouvement féministe, Caroline Weber estime que le chiffre est mal dosé. « 40 %, c'est trop, en trop peu de temps. Il sera difficile de trouver aussi vite autant de femmes, non pas qu'elles ne soient pas compétentes, mais tout simplement pas assez nombreuses. » Avant de préciser que les entreprises aux conseil d'administration avec 20 à 30 % de femmes se portent mieux que les autres selon une étude récente (« moins de prises de risque et de problèmes d'égaux »), et que le modèle d'exploitation familial montre que les femmes peuvent occuper une place importante dans le monde agricole.
Stéphane Le Foll, CICE ou BPI, aboutir à une compensation sous d'autres formes
Interpellé par Philippe Mangin sur le coût du travail et l'impact négatif du CICE (Crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi), « arme anti-coopérative », Stéphane Le Foll a reconnu qu'il fallait aboutir à une compensation sous d'autres formes. Un constat qui vaut aussi pour l'accès des coopératives à la BPI (Banque publique d'investissement). Une rencontre avec le Premier ministre est programmée pour début 2014 sur ces deux sujets. Autre demande des coopératives : que soit retirée la clause dite « miroir » dans le projet de loi d'avenir, qui conduirait les assemblées générales à définir les outils de gestion permettant de faire face à la volatilité des cours.
InVivo, le 19 décembre
Agrofourniture, « leader européen agro-environnemental dans 5 ans »
L'ambition est affichée par l'équipe d'InVivo Agro (de gauche à droite, Thierry Darbin, agriculture durable et développement ; Antoine Poupard, et Bertrand de Launay). Pour atteindre cette position, la division s'est dotée d'une direction commerciale et marketing en octobre et accueillera en janvier le département agriculture durable. Rassembler toutes les coopératives lui permettrait d'accéder à 70 % de parts du marché national et de mutualiser les moyens d'expertise et d'innovation, y compris dans une dimension européenne. Volonté illustrée par l'annonce de la signature d'un accord le matin même avec le gouvernement britannique formalisant le développement d'indicateurs agro-environnementaux outre-manche.
InVivo, « plus transversal, plus lisible, plus agile »
Trois qualificatifs utilisés par Thierry Blandinières en clôture d'une matinée consacrée aux quatre métiers d'InVivo (voir l'actualité par ailleurs). Il s'agit d'accélérer les orientations prises depuis plusieurs campagnes par l'union nationale, avec un style très tourné vers la concertation entre les membres de l'union, pour mieux peser en direction de l'environnement.
Guillaume Garot, « la performance écologique levier de compétitivité »
Pour le ministre délégué charge de l'agroalimentaire le coût du travail n'est pas tout, la performance écologique constitue un levier. Il invite les coopératives à mettre en avant leur réussite en matière de réduction des intrants et à relever « le défi vert », domaine porteur d'innovation.
Benoît Hamon, « les risques de l'alimentation low cost »
En charge de la loi sur l'économie solidaire et de celle sur la consommation, Benoît Hamon rejette l'alimentation low cost, destructrice de valeur qui peut conduire « à sortir de la loi, au détriment de la qualité, voire de la loyauté. » « Les CGV (conditions générales de vente) demeurent le socle de la négociation commerciale, mais en contrepartie de la négociabilité des tarifs les services de l'Etat doivent pouvoir contrôler la réalité de l'application de l'accord annuel. »
Campagne de communication, top départ le 19 janvier
La campagne de communication sur la coopération débutera par des spots télévision le 19 janvier. Elle se déploiera progressivement sur les médias interne, papier, affichage… L'ambition : montrer la modernité du concept coopératif et situer l'importance économique et sociale du secteur.