Engrais : grandes manœuvres sur tous les fronts

Après avoir été tenus en haleine pendant une année avec le feuilleton à rebondissements mettant en scène le Canadien Agrium et l’américain CF Industrie (l’OPA inamicale du premier sur le deuxième n’a finalement pas eu lieu…), les observateurs du marché mondial des engrais vont-ils devoir suivre un nouvel épisode de la concentration des producteurs de fertilisants ? Le scénario est en tout cas en place, autant à l’Est, avec les prémices d’un rapprochement entre Uralkali et Silvinit, qu’à l’Ouest, avec le rejet d’un OPA sur Potash Corp. La potasse attise bien des convoitises.

Les producteurs d’engrais minéraux russes sont agités, depuis quelques mois, par des évolutions significatives de capital. Au cœur des mouvements, un homme, Souleïman Kerimov, milliardaire russe, qui a repris en juin 25 % du capital d’Uralkali (production annoncée de potasse en 2010 de 2,4 millions de tonnes, soit le double de 2009). Présenté comme un proche du Kremlin, Souleïman Kerimov aurait à porter la volonté de l’Etat russe de faire émerger un leader russe des engrais. Il serait sur le point de porter à 50 % sa part dans le capital de Uralkali mais aussi de Silvinit, l’autre grand de la potasse en Russie (production de 2,1 Mt en 2009). C.D.

Des mouvements qui pourraient donc conduire à l’émergence d’un grand de la potasse, en deuxième position juste derrière Potash Corp. Le jeu des acteurs vient de s’animer avec l’annonce mi-août dans un quotidien économique russe, Vedomosti, de l’intérêt porté par le groupe minier australien Rio Tinto et le canadien Potash Corp à Uralkali… Ils aimeraient bien, l’un et l’autre, entrer dans son capital à hauteur de 10 à 15 %.

Annonce immédiatement suivie, le 17 août, par celle du rejet par Potash Corp d’une offre d’achat inamicale de BHP, l’un des trois grands groupes miniers de la planète, aux côtés de Vale et Rio Tinto. L’offre, d’un montant d’une bagatelle de 30 milliards d’euros - la plus grosse jamais faite sur ce secteur -, a été jugée notablement insuffisante par les dirigeants de Potash Corp. Le canadien ne refuserait pas d’être cédé, mais à un prix en valant la peine.

Les autres producteurs d’engrais en Russie (source Financial Times) : EuroChem (1,4 Mt engrais), PHOSAGRO (5,1 Mt), Acron Holding, (1,6 Mt) et UralChem (1,4 Mt).