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Enquête Iddem : suite à la séparation du conseil et de la vente, les TC se sentent dévalorisés

Le | Cooperatives-negoces

312 technico-commerciaux ont, de janvier à mars 2023, été questionnés par l’institut d’études Iddem. Le sixième volet de cet observatoire du métier de TC révèle qu’ils se sentent dévalorisés suite à la mise en place de la séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires. Parmi les raisons évoquées : un contact moindre avec les agriculteurs et un manque de formations pour répondre à leurs nouvelles attentes, notamment sur l’agroécologie.

Enquête Iddem : suite à la séparation du conseil et de la vente, les TC se sentent dévalorisés
Enquête Iddem : suite à la séparation du conseil et de la vente, les TC se sentent dévalorisés

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Enquête Iddem : suite à la séparation du conseil et de la vente, les TC se sentent dévalorisés - © D.R.
Enquête Iddem : suite à la séparation du conseil et de la vente, les TC se sentent dévalorisés - © D.R.

Pierre Marin, auteur du bilan de l’enquête Iddem, révèle que « seulement 20 % des TC interrogés voient des évolutions positives dans leur métier ».[/caption]

Pour la sixième fois, l’institut d’études Iddem réalise un observatoire du métier de technico-commerciaux pour mieux comprendre les évolutions de cette profession, les attentes et le moral de ceux qui l’exercent au quotidien. Au fil des années, la profession évolue. Mais un coup d’accélérateur a été donné le 1er janvier 2021 avec la mise en place de la séparation du conseil et de la vente des produits phytosanitaires. Alors que la majorité des coopératives et l’ensemble des négoces ont opté pour la vente, les TC ont dû adapter les prestations proposées. « Celle qui reste indispensable aux yeux des TC est le suivi technique (OAD, analyse…) alors que le service autour des appros (réglementation, utilisation et sécurité) ne permet plus de faire la différence, constate Pierre Marin, l’auteur de cette enquête. Du point de vue des TC, ce sont les approches technico-économiques de l’exploitation et l’accompagnement autour des diversifications qui feront la différence dans l’avenir. »

Les TC, en manque de formations sur les biosolutions

Si 72 % des TC interrogés estiment que les OAD permettent de valoriser et de facturer le suivi technique des agriculteurs, ils sont en revanche moins de 25 % à se sentir suffisamment armés pour les vendre, séparément du produit. « La majorité manque de formations techniques, informatiques ou de connaissances liées à ces nouveaux services, poursuit-il. Parmi leurs souhaits : acquérir des données sur les biosolutions, sur l’agriculture durable ou sur des méthodes pour être capables de mieux vendre un outil quand il est déconnecté d’un produit. » Au final, 20 % seulement des TC voient des évolutions positives dans leur métier. « La plupart des répondants confient se sentir dévalorisés dans leur métier en évoquant une perte de contact avec les agriculteurs, avec le terrain. Ils perdent en fait ce qui faisait l’attrait de leur travail. »

Conseils stratégique et spécifique : les agriculteurs, prêts à tricher

Quant à la mise en place des conseils stratégique et spécifique, peu le font et orientent donc leurs agriculteurs vers les chambres d’agriculture, les Geda ou autres. « Pour 40 % des TC interrogés, il n’est pas à exclure que certains exploitants attendent la dernière minute pour réaliser ce conseil, voire trichent pour le décrocher ! »

Un moral des TC, stable

L’étude évalue également le moral des TC, en les questionnant sur la satisfaction globale de leur métier, sur la fierté de l’exercer, sur l’avenir de l’agriculture… « Dans cette enquête, la note obtenue est de 7,5 sur 10, conclut Pierre Marin : stable depuis trois ans et juste au-dessus du seuil de satisfaction fixé à 7. Les plus positifs sont ceux très impliqués dans leur secteur : ceux qui sont rassurés parce que leur structure évolue via la mise en place d’une segmentation, la création de nouvelles offres de services ou de contrat. Ils appréhendent mieux l’avenir quand ils s’estiment formés aux nouveaux enjeux : digitalisation, transition agroécologique, agriculture durable, biosolutions… Ces formations s’affichent d’ailleurs comme une forme de reconnaissance. »

 

L’échantillon de l’étude multi-clients :

  • 312 TC dont 10 % de femmes
  • 57 % de coop, 28 % de négoces de coop, 16 % de négoces indépendants
  • Moyenne d’âge de 45,6 ans pour une ancienneté de 17,8 années
  • 22 % ont une activité professionnelle complémentaire et 9 fois sur 10, dans le secteur de la production agricole.