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Combien de femmes siègent à votre conseil d’administration ?

Le | Cooperatives-negoces

25 % des chefs d’exploitations agricoles sont des femmes. Pourtant, leur présence dans les conseils d’administration des coopératives reste faible : 8,4 %. Sans parler des postes de présidentes… à peine une dizaine ! À l’heure des assemblées générales et du renouvellement des équipes, pourquoi ne pas proposer ces postes à des femmes ? Après quelques hésitations, Muriel Penon s’est faite confiance et a, en 2014, été élue au conseil d’administration de TERRE ATLANTIQUE. Depuis mai dernier, elle est même devenue la porte-parole du club des administratrices, lancé par Coop de France.

Coop de France et la FNA ont, en quelques mois d’intervalle, nommé une femme à la direction de leur fédération. Le monde agricole serait-il en passe de devenir moins macho ? « Les choses évoluent mais certains préjugés ont la vie dure, constate Muriel Penon, agricultrice à Virson (17). Preuve en est : le nombre de femmes dans les conseils d’administration des coopératives. À peine plus de 8 % en 2017 ». Installée avec son mari depuis janvier 2008 sur l’exploitation cédée par ses beaux-parents, elle a dû, et su, s’imposer. « Mon mari cuisine et conduit la moissonneuse-batteuse : moi aussi ! », ironise-t-elle. Sur la ferme, elle s’occupe de la production de semences, de la gestion de la main d’œuvre saisonnière et pilote l’activité de vente directe de colis de viande, créée par ses soins en 2017. Élue à la chambre d’agriculture de la Charente-Maritime, elle est aussi la première femme, en 2014, à intégrer le conseil d’administration de sa coopérative, Terre Atlantique.

Des doutes, mais rapidement à l’aise

« Une sacrée fierté !, concède-t-elle. Aujourd’hui, nous sommes deux. Au départ, je me demandais si j’étais légitime. Je doutais de mes capacités. Dans les réunions, je posais beaucoup de questions… et très vite, je me suis aperçue que d’autres, autour de la table, avaient les mêmes interrogations que moi mais, de peur de passer pour des ignorants, se taisaient. Mon expérience passée d’animatrice et de formatrice auprès des agriculteurs m’aide beaucoup à me sentir à l’aise dans un groupe. Mon président et mon directeur m’ont rapidement témoigné leur confiance. ». Aujourd’hui, Muriel Penon participe aux commissions communication et semences. « Mes deux enfants ont désormais 14,5 et 18 ans. L’organisation familiale est plus simple. Cela reste parfois compliqué de jongler entre les réunions mais un tel investissement est réellement passionnant. »

Inciter d’autres femmes à franchir le pas

Muriel fait également partie des premières femmes à avoir intégré « le club des administratrices », lancé par Coop de France en début d’année. Elle en est depuis la porte-parole. « En mai dernier, pour notre première réunion à Paris, nous étions neuf. Lors de notre deuxième rencontre, en octobre, nous étions 16. L’idée est de faire grandir le groupe. Discuter, échanger, se connaitre, comprendre pourquoi certaines hésitent à entrer dans les conseils d’administration, comment donner envie… le tout lors de rencontres conviviales. S’engager ne s’avère pas toujours simple : « on n’ose pas », « on se sous-estime », « par manque de temps »… voici les principales raisons évoquées. Les premiers échanges entre administratrices se poursuivent aujourd’hui via les réseaux sociaux. Nous misons sur l’effet boule de neige pour faire comprendre à d’autres agricultrices que c’est faisable… pour, à notre façon, faire bouger le monde agricole ! »