État d’avancée de la collecte, les récoltes tirent en longueur
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Les récoltes s’étendent cette année, avec des retards marqués et des résultats variés selon les régions. Les rendements d’orge et de colza montrent des disparités significatives. Les tous premiers résultats sur les blés affichent des performances plus prometteuses. Tour d’horizon avec Ile de France Sud, Oxyane, Euralis, Holann, Agrial, EMC2 et Axéréal.
« 40 % d’avancement sur les récoltes, contre 75 % en temps normal », Raphaël Comte, directeur Métier du grain chez Oxyane (38)
« Nous sommes à 40 % d’avancement, toutes espèces confondues. À cette période, nous devrions normalement être à 75 %. Les choses devraient s’accélérer puisque nous avons quatre belles journées devant nous entre aujourd’hui (17/07) et samedi (20/07), avant une nouvelle dégradation pluvieuse à partir de dimanche.
Les orges sont pratiquement terminées. Il va nous manquer entre 30 et 35 % de volumes. Les rendements moyens sont de 45 quintaux/hectare, alors que d’ordinaire, on est plus proche des 60. En termes de qualité, on est normalement sur des niveaux entre 64 et 66 de PS ; cette année, on atteint péniblement les 61.
En colza, nous sommes à 80 % d’avancement. Il y a de très fortes hétérogénéités, on a des zones à 20 quintaux/hectare, d’autres à plus de 50. La moyenne sera bonne, aux alentours de 35. Niveau qualité, on sera entre 44 et 46 de PS.
Pour les blés tendres, nous sommes à 30 % d’avancement. Le rendement sera à 5 ou 10 % des niveaux habituels : on va tourner à 62 quintaux au lieu d’être à 66-68. Nous sommes à 75-76 de PS.
Sur les cultures de printemps, les maïs, soja et tournesols sont superbes. Quand bien même il y a eu des difficultés de levées sur les tournesols, elles ont bien été compensées
Notre budget est fléché sur une production de 650 000 tonnes. Le maïs peut faire très fortement varier cette estimation, si les récoltes continuent d’être aussi belles (100-105 quintaux, contre 94-96 en moyenne). On peut battre des records. »
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Sébastien Ciezki, directeur d’Ile de France Sud[/caption]
« La récolte tire en longueur », Sébastien Czieski, directeur d’Ile de France Sud (91)
« Nous avons fine à 98 % les orges d’hiver depuis une semaine. La qualité n’est pas mauvaise, avec des taux de protéines d’environ 10,5 et un calibrage de 79 - 80, mieux que l’année dernière où nous étions à 60. Les rendements sont moyens, autour de 60 - 65 qx/ha contre 70 - 75 qx/ha habituellement. Pour les colzas, les résultats sont mieux qu’espérés. Nous nous attendions à une baisse de 20 % à cause de la pluie et du risque de casse des siliques. Le rendement s’établi à 35 qx/ha en moyenne, contre 40 qx/ha en année classique. Les blés sont récoltés depuis le 17 juin, avec des premiers PS autour de 76, pas trop mal ! Au 17 juillet, nous avons collecté 35 000 tonnes sur 150 à 160 000 tonnes attendues. La collecte est longue, cela fait trois semaines que nous avons commencé. Si la météo est clémente, nous devrions avoir fini d’ici dix à quinze jours, alors qu’en 2023, nous avions tout récolté au 20 juillet. »
« Un volume en retrait de -25 % par rapport à la moyenne quinquennale », Nicolas Vermeulen, responsable animation et développement des filières chez Agrial (14)
« L’avancement global de la collecte est d’à peine 20 %. Nous savons déjà qu’il va y avoir un volume en retrait autour de -25 %, par rapport à la moyenne quinquennale, dû à une diminution des surfaces cultivées et des rendements. Nous espérons avoir un point de chute de la collecte d’été qui se situerait autour d'1 Mt, contre 1,3-1,4 Mt d’ordinaire. S’il y a un mot pour la collecte d’été 2024, c’est « hétérogénéité ». Chez nous, le zonage est très important.
Les orges sont pour l’instant les plus avancés, à 60 % des prévisions. Dans la zone nord (bassin normand et nord de l’Ille-et-Vilaine), nous sommes autour de 30 % d’avancement de collecte et dans la zone sud (sud de l’Ille-et-Vilaine, Pays de la Loire et Touraine), on est autour de 85-90 %. Si on compare à N-1, nous sommes seulement à 40 % de ce que nous avions collecté à la même date. Nous sommes dans une fourchette PS qui se situe entre 55 et 60 dans le sud, entre 58 et 63 dans le nord. Les rendements sont compris dans une fourchette entre 45 et 65 quintaux/hectare dans la zone sud, entre 55 et 85 quintaux dans la zone nord.
Le colza est seulement avancé à 40 %. Les rendements sont en baisse de 20 % par rapport à une moyenne quinquennale. Dans la zone sud, nous sommes entre 15 et 25 quintaux et en zone nord, la moyenne devrait être entre 25 et 40 quintaux. Nous serions entre 43 et 44 de PS.
En blé, on est à 5 % d’avancement. Pour l’instant, les moyennes de PS sont aux normes, autour de 76. »
« Les résultats en orge sont décevants, la qualité des blés s’annonce bonne », Laurent Saquet, directeur d’Holann (35 et 22)
« Nous avons une semaine de retard par rapport à d’habitude : 40 % des orges ont été récoltés, un tiers en colza, et nous avons démarré les blés le 17 juillet au soir. Les résultats sur les orges ne sont pas bons : nous sommes à 60 qx/ha en moyenne alors que nous sommes à 75 - 80 qx/ha habituellement. La qualité est meilleure, avec 64 points de PS contre 66 l’année dernière. La récolte de colza s’accélère depuis une semaine. Les résultats sont hétérogènes avec des rendements variant de 24 à 41 qx/ha, contre 35 à 40 qx/ha habituellement. Pour les blés, nous en sommes au balbutiement. Le 18 juillet, nous avons récolté 250 tonnes sur les 35 000 tonnes que nous attendons à la fin de la collecte. Nos tous premiers résultats sont très bons, avec des PS de 80 points.
Les surfaces de maïs sont en hausse de 5 à 6 % : c’est assez faible par rapport à d’autres situations en Bretagne car nous avons pu semer 95 % des céréales. Nous avons une vingtaine de jours de retard dans les dates de semis des maïs, mais les démarrages ont été bons. Nos clients risquent de vouloir récolter assez tôt et le séchage est toujours la grosse inquiétude. Le maïs a parfois une forte capacité de récupération, nous verrons le moment venu. »
« Une année décevante », David Meder, directeur Terrain chez EMC2
« Après deux années de récolte très précoce, nous sommes revenus sur des dates de récolte beaucoup plus courantes, du moins celles qu’on connaissait il y a de cela quelques années.
Les escourgeons sont terminés. Même si l’analyse rendement et l’analyse qualitative nécessitent encore un peu de travail. C’est décevant d’un point de vue rendement, qui est de 20 % inférieur à la moyenne pluriannuelle. C’est encore compliqué de donner un chiffre précis, mais on est entre 50 et 55 quintaux par hectare sur l’ensemble du territoire de la coopérative.
Pour les orges fourragères, on est sur des poids spécifiques voisins de 60-61,qui sont bas.
Pour les orges brassicoles, on est sur des calibrages aux environs de 70-75 %. Ce sont des calibrages meilleurs que l’an dernier mais qui restent faibles par rapport aux moyens historiques. Sur les taux de protéines, on a de fortes variabilités cette année, mais avec un niveau moyen qui est dans la norme.
Sur les colzas, la récolte est avancée aux trois quarts. Pour le moment les humidités sont dans la norme (en dessous de 9), les taux d’impureté (en dessous de 4) également. En termes de rendement moyen, les résultats laisser à penser que nous serons dans la moyenne pluriannuelle du rendement qui est d’environ 35 quintaux par hectare. Cette année, elle est pour le moment d’environ 30 qx/ha mais d’après les premiers échos, nous devrions pouvoir se situer dans la moyenne. La coopérative collecte environ million de tonnes de céréales. Dans tous les cas, par rapport au rendement, on sera en effet sur une année décevante. »
« Les rendements et la qualité sont au rendez-vous », Franck Camet-Lassalle, direction des marchés céréales chez Euralis (64)
« La collecte est avancée à 80 %, ce qui est classique pour la région. Cette année, toutes les surfaces en céréales d’été n’ont pas été semées, notamment sur la façade atlantique, à cause de la pluviométrie : nous avons 23 000 hectares emblavées, contre 28 à 30 000 ha en moyenne. Toutefois les rendements sont supérieurs à la normale, les pluies ayant permis de bien terminé le cycle des céréales. Nous sommes à 62 quintaux par hectare en blé, contre 55 habituellement, 58 qx/ha en blés de force, et 29 qx/ha en colza contre 27 qx/ha habituellement. Le bât blesse sur l’orge, avec des rendements moyens de 45 qx/ha contre 50 qx/ha habituellement. La collecte devrait s’approcher des 100 000 tonnes contre 130 000 tonnes une année normale.
La qualité est au rendez-vous. Le PS moyen s’élève à 75,6 pour les blés, 79,2 pour les blés de force, et 77 pour les blés durs. 75 % des blés sont éligibles à la qualité meunière.
Le reste de la collecte devrait se dérouler sur cette même tendance.
Les surfaces en culture d’automne sont en hausse, de 10 % sur le maïs. Alors qu’habituellement le pic d’emblavement se situe autour de la mi-avril, il est cette année décalé d’un mois, à la mi-mai. Nous devrions avoir plus de maïs et certainement plus humide à fin octobre, qui pourraient encombrer les séchoirs. Mais nous avons de plus en plus d’année atypique, et nous verrons bien ce que la nature nous donnera. Nous ne sommes pas inquiets pour le moment… »
D’importantes disparités chez Axéréeal
« Au 16 juillet 2024, la moisson se déroule avec énergie mais par à-coups en raison de la météo très changeante. Les lots qui nous arrivent sont globalement très hétérogènes. Les volumes semblent globalement en repli, en cohérence avec les tendances annoncées par les interprofessions.
Les orges d’hiver sont quasi intégralement collectées. L’écart de rendement entre parcelles est très important, pouvant varier de 4 à 8 tonnes par hectare. Les taux de protéines sont légèrement élevés, mais dans les normes pour les attendus du marché de la brasserie.
Environ 60 % des colzas sont collectés. L’écart de rendement entre parcelles semble également très important, pouvant varier de 2 à 3,5 tonnes par hectare. Certains lots nécessitent d’être séchés, la coopérative est en œuvre pour assurer une conservation optimale.
La collecte de blé dur et blé tendre débute à peine. Côté qualité sur blé tendre, nous ne notons pas à ce stade de sujets Hagberg ou mycotoxine significatifs. Les poids spécifiques (PS) devraient être dans les normes. »