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Eure-et-Loir : radiographie des mesures d’aides sur un département sinistré

Le | Cooperatives-negoces

En Eure-et-Loir, 10 % des 4000 exploitations du département seraient en situation difficile. La perte du chiffre d'affaires est, pour 2016, estimée à plus de 250 M€. A la crise du secteur laitier s'ajoute une récolte catastrophique pour les céréaliers. Dès le mois de septembre, les distributeurs ont annoncé des mesures de soutien aux agriculteurs. En parallèle, département, région, banques, assureurs, syndicats, centres de gestion… travaillent également à trouver des solutions.


Depuis cet été, trois cellules d'urgence ont déjà été organisées en Eure-et-Loir, présidées par le Préfet. « L'objectif est de faire le point sur les différentes mesures déjà en place et surtout, de se projeter sur le moyen terme pour aider les exploitants à passer ce cap très difficile, explique Pierre Savy, responsable du service Entreprises et Territoires de la Chambre. Dans le département, nous estimons que les exploitations vont perdre la moitié de leur chiffre d'affaires. La perte totale, à l'échelle du département, dépasserait les 250 M€ ». Bien sûr, il y a la crise de l'élevage. Mais pour ce département céréalier, le volume de la récolte 2016, historiquement bas, associé à des prix non rémunérateurs, a plombé les trésoreries. « A côté des aides de soutien « classiques » aux trésoreries - fonds d'allègement des charges, exonération partielle de la taxe sur le foncier non bâti…- le conseil départemental a souhaité débloquer des aides afin que les agriculteurs puissent continuer à bénéficier de conseils pour rester performants. Une enveloppe de 175000 € a ainsi été proposée aux éleveurs laitiers (1500 €/éleveur) pour financer une partie du conseil lié au contrôle laitier. Idem pour les céréaliers avec une prise en charge de 50 % de l'adhésion à un groupement de développement. L'urgence était de se projeter rapidement sur la campagne à venir ».


Les demandes d'aide, en nette progression

Le département a aussi versé 50000 € à la structure « Aidagri », créée en 2011 pour accompagner les agriculteurs en difficulté. « En moyenne, avant 2015, nous traitions 12 à 15 dossiers par an. En 2015, ce chiffre est passé à 30. Et d'ici la fin de l'année, nous en serons à plus de 50 ! Nous sentons que ce chiffre risque encore d'augmenter. Autour des banques, des centres de gestion, des assurances, des coopératives, des syndicats… Aidagri apporte conseil et expérience aux agriculteurs pour tenter de trouver une issue à une situation compliquée ». En parallèle, depuis le 1er septembre, un numéro vert gratuit (0 800 710 058) est en place. « Trois assistantes ont été formées à l'écoute : explication des mesures en place, réorientation pour un conseil agronomique, soutien psychologique…, explique-t-il. Le nombre d'appels est, au final, assez faible. Un constat peu rassurant quand nous estimons que près de 10 % des 4000 exploitations du département sont en situation difficile. Nous craignons que certains ne s'isolent ». La Chambre d'agriculture propose un appui technique gratuit de deux heures pour tous les agriculteurs qui en font la demande. Deux « Universités du soir » ont été organisées en septembre pour renseigner sur les démarches et mesures en place. « L'urgence est de se projeter, pour trouver des solutions. La région Centre a ainsi débloqué des aides pour réaliser, chez les agriculteurs qui le souhaitent, un « audit stratégique » pour déterminer quelle voie prendre : investir, se diversifier, s'associer, repenser l'organisation du travail… » Ces audits sont gratuits avec une prise en charge par la Région à hauteur de près de 1000 € par dossier dans le cadre d'une enveloppe de 500000 € pour 2016 qui devrait, en toute logique, être reconduite en 2017.