Faute de place, certains OS « boudinent »
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Aux grands maux, les grands moyens. Pour pallier le manque de place dans les silos, certains distributeurs ont, cette année, recours à un mode de stockage bien connu en Argentine et au Canada : les boudins plastiques. La Coop de Puiseaux et Alternae nous livrent leur expérience.
La moisson est désormais bien avancée et chez certains OS, les silos sont encore pleins de l’ancienne récolte. C’est le cas à la coop de Puiseaux, dans le Loiret. « En cause, les inondations de fin janvier sur la Seine qui ont fortement perturbé le transport des céréales par péniches, raconte Jean-Claude Legrand, le directeur. Puis se sont enchainées de lourdes réparations d’écluses qui elles aussi ont bloqué tout transport ».
12 000 t de report
Quatre mois sans bateaux, ce sont 12 000 tonnes qui attendent d’être acheminées vers les clients de la coopérative. Si depuis début juin, le trafic a repris, la solution restait critique à l’approche des moissons. « Nous avons donc opté, pour la première fois, pour le stockage en boudins plastiques, poursuit-il. Cette technique est très utilisée en Argentine et au Canada et permet une conservation des grains pendant au moins un an, sans ventilation ni insecticide de stockage ».
Un surcoût de 10 €/t
L’installation de 35 boudins de 75 mètres de long se fait progressivement sur des parcelles en jachère ou en herbe, prêtées par les adhérents : des parcelles faciles d’accès pour ne pas gêner la circulation des engins. Les agriculteurs livrent directement sur le site. Coût de l’opération : « 10 €/t soit un surcoût supplémentaire pour la coopérative de 120 000 €, ajoute Jean-Claude Legrand. La machine à déstocker est équipée d’une trémie dans laquelle les agriculteurs vident le contenu de leur remorque (cf photo). Les grains sont ensuite poussés dans le boudin, qui monte en pression. La machine se déplace au fur et à mesure du remplissage. »
Alternae propose cette prestation
Une méthode efficace qui fait des émules. « Depuis deux ans, nous réalisons cette prestation de service, explique Vincent Declercq, responsable de la collecte d’Alternae, la filiale négoce de CapSeine. Nous sommes équipés de cinq machines. Cette année, Terre Bocage Gatinais, en Seine-et-Marne, a fait appel à nous pour stocker 18 000 t, à cause des problèmes de navigation sur la Seine en début d’année ». Mais les raisons sont diverses. « Outre les problèmes logistiques propres à cette campagne, péniches ou trains, certains OS préfèrent cette option plutôt que de prendre le risque de « salir » une récolte dans des silos vétustes, non équipés de ventilation, continue-t-il. La demande est également de plus en plus forte en bio, pour bien isoler la collecte. Selon les engins utilisés pour remplir les boudins, la facture oscille entre 5 et 15 €/t ».
Attention aux vols
Pour ces OS, l’objectif est aussi d’installer ces stockages temporaires dans des lieux sûrs, pour éviter tout vandalisme ou vol. Car après les phytos, les grains semblent eux aussi la cible de voleurs. Arterris en a été victime en début de mois sur son site de Lantha (31). Les malfrats sont repartis avec 32 tonnes de colza, stockées dans un silo classique. Alors boudin ou silo, une seule consigne : vigilance !