FN Cuma : vision à long terme pour les circuits courts
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Sur 12 500 Cuma, un millier est engagé dans les circuits courts. L’un des rares chiffres communiqués le 29 novembre, lors d’une journée de travail sur le thème « Coopératives et circuits courts ». Organisée par la FN Cuma (Fédération nationale des cuma) et la CG Scop (Société coopérative de production), cette journée se voulait d’abord un moment d’échanges d’expériences et d’analyse. De tailles petites à moyennes, les Cuma disposent de deux atouts dans la construction de circuits courts : la proximité et un maillage terrain dense.
Pour autant, consciente « qu’il n’y a pas de réponse simple à des questions complexes », la centaine de participants a surtout tenté de saisir ce qui était en train de se mettre en place, d’un bout à l’autre du territoire, et sous des formes très modulables, partant du principe que « l’innovation vient du terrain ». Si des représentants des Amap et de l’agriculture biologique étaient invités à prendre la parole, les circuits courts ne se limitent pas, loin s’en faut, à ces deux filières. Les interventions de plusieurs Cuma bois-énergie ou dans le secteur de la viande l’ont illustré. Les ouvertures dans les secteurs des déchets ou de l’aménagement du territoire doivent aussi être prises en compte. Catherine Deger
Photo : Clôture des travaux par Patrick Lenancker (CG Scop) et Stéphane Gérard (FN Cuma)
Les perspectives de se réapproprier une partie de la valeur ajoutée, de recréer des liens entre producteurs et consommateurs (qu’ils soient particuliers ou collectivités) et des emplois dans les régions ne suffisent pas, toutefois, à garantir le succès des circuits courts.
Économiques ou réglementaires, des freins au développement
Les facteurs limitants sont multiples. Pas si simple, en effet, d’organiser une collecte suffisante et permanente de produits, de gérer le lien avec les consommateurs, de fixer le « juste » prix. Du côté des collectivités, la volonté politique est certes affichée, du ministère de l’Alimentation à la petite commune rurale. Mais les critères des appels d’offres ne sont pas en phase. Il n’est en effet pas légal de privilégier une production du simple fait qu’elle est de proximité. D’où la nécessité d’innover aussi sur ces questions. En introduisant, par exemple, le facteur consommation de CO2, comme cela a été suggéré par plusieurs intervenants.
Autre frein au développement des circuits courts : la difficulté à communiquer, voire à entreprendre une réelle démarche marketing pour des structures de taille modestes. Les grandes chaînes de distribution l’ont d’ailleurs compris, qui s’engagent sur des communications nationales à partir d’actions locales. La mise en place de réseaux d’acteurs locaux constitue une réponse, qui commence à se développer.
La fixation du prix, pivot de la réflexion
Mais l’élément central, longuement abordé lors de la rencontre, est celui du prix. « Produire localement des biens de qualité coûte cher. Les filières qui se convertissent en bio le savent bien, a argumenté Julien Adda, de la Fédération nationale de l’agriculture biologique. Les coûts de production peuvent aller de 1 à 5 par exemple sur des carottes bio ». En découle une nécessaire rationalisation des conduites culturales. La question de la formation du prix cristallise les positions les plus contradictoires, entre la nécessité d’accepter de « travailler avec la grande distribution en rejetant les positions dogmatiques » et celle d’ « intégrer le revenu de l’exploitant explicitement dans le prix des produits ».
Cette transparence dans la fixation du prix entre utilisateurs et producteurs constitue d’ailleurs un élément important dans la définition du circuit court, au moins au même titre que la proximité. L’exemple du porc du Pays Cathare a été mis en exergue. Ce sont les traiteurs et bouchers de l’Aude qui ont au plus fort de la crise du porc proposé d’augmenter le prix du kilo, afin de pérenniser leur filière d’approvisionnement.
« Cette journée est un point de départ, a conclu Stéphane Gérard, président de la FN Cuma. Nous devons décloisonner nos systèmes, démultiplier nos actions. C’est tout le sens de notre engagement avec Coop de France, avec la CG Scop. La coopération a besoin d’innover, de proposer de nouveaux modèles. »