Freiné par les aléas climatiques, Agrial se tourne vers l’international
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« C’est notre cinquième plus forte progression depuis 25 ans », se félicite Arnaud Degoulet, président d’Agrial, en annonçant, le 11 avril, les chiffres du groupe pour l’année 2018 . Ce dernier affiche en effet un chiffre d’affaires de 5,8 milliards d’euros, en hausse de 6,5 %. Un chiffre qui a doublé au cours des cinq dernières années.
Les aléas climatiques coûtent cher
Une progression positive néanmoins nuancée par un excédent brut d’exploitation (EBE) de 212 millions d’euros, en retrait de 5,6 %. « Cette contre-performance est liée au climat, notamment pour la filière légumes », explique Ludovic Spiers, directeur général d’Agrial. Si les récoltes ont été bonnes pour cette branche d’activités, la « piètre qualité de la matière première », due aux inondations et à la canicule de l’été, ont engendré des surcoûts logistiques, précise le responsable. Le climat a également eu un impact sur la branche agricole de la coopérative, dont les collectes accusent un recul de 200 000 tonnes par rapport aux niveaux moyens, de 1,65 Mt. Des aléas climatiques qui concernent aussi, enfin, l’activité boisson et la production de pommes à cidre.
Objectif 50 % du chiffre d’affaires agroalimentaire à l’international en 2025
Un contexte climatique face auquel Ludovic Spiers souligne « la résilience » de la coopérative. Sur la cinquième marche de l’agroalimentaire français, Agrial poursuit sa stratégie d’occupation du marché avec le lancement, en 2018, d’une dizaine de nouvelles marques, qui font la part belle à la montée en gamme. Le groupe souligne également son engagement fort à l’international, où il réalise 27 % de son chiffre d’affaires. « Notre objectif est que l’international représente 50 % de notre chiffre d’affaires agroalimentaire en 2025, contre 36 % aujourd’hui », annonce Ludovic Spiers. Pour cela, Agrial s’est engagé dans une politique de rachat d’usines étrangères, telles que Aston Manor pour le cidre en Angleterre, ou Rotkappachen, pour le lait en Allemagne, en 2018.
Une présence hors des frontières françaises qui présente un autre avantage, dans le cas de l’outre-Manche, à l’heure du Brexit. « Nous avons sept usines et nous venons d’acquérir 25 hectares de serre. Nous sommes dans la même situation que nos concurrents sur place, donc nous ne sommes pas trop inquiets », souligne le directeur général. Les responsables de la coopérative expliquent par ailleurs vouloir développer « une ceinture » dans les pays limitrophes, grâce à des rachats, pour écouler les stocks trop importants de lait français.
Inquiétude suite aux EGA
Alors que les dernières ordonnances de la loi Egalim doivent prochainement être examinées au Conseil des ministres, Ludovic Spiers rappelle le choix d’Agrial en faveur de la vente, dans le cadre de la séparation de la vente et du conseil des produits phytosanitaires. « On espère pouvoir garder le conseil à l’utilisation », précise-t-il ainsi. Et de souligner que la réelle inquiétude du groupe concerne le mesure « ingérable » sur l’arrêt des 3R (rabais, ristourne, remise). « On ouvre la porte aux grandes firmes de phytosanitaires », regrette Arnaud Degoulet. L.H.