Hulot, Mézard… la distribution réagit au gouvernement Macron
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L'un est hyper médiatique. L'autre, inconnu. Pourtant, les deux nouveaux ministres - Nicolas Hulot, ministre d'État à la Transition écologique et solidaire, et Jacques Mézard, à l'Agriculture et à l'Alimentation, devront apprendre à travailler ensemble car les dossiers communs, au menu de ce début de quinquennat sont nombreux. Parmi eux, la mise en place d'États généraux de l'alimentation et la volonté de séparer le conseil de la vente des produits phytosanitaires. Michel Prugue, président de Coop de France et Sébastien Picardat, délégué général de la FC2A, réagissent à cette double nomination surprise.
Le message envoyé le 17 mai par le binôme Emmanuel Macron et Edouard Phillippe, premier ministre, pour le choix de leur gouvernement est fort : travailler avec des personnalités d'horizons variés. Autre prise de position marquée, l'annonce d'un ministère d'Etat dédié à la Transition écologique et solidaire porté par Nicolas Hulot. La nomination de Jacques Mézard, sénateur du Cantal méconnu, au ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation n'est apparue qu'en 11e position par ordre protocolaire. Avec son statut de ministre d'Etat, Nicolas Hulot aura la possibilité d'organiser des réunions interministérielles et donc, de statuer sur des sujets extérieurs à son ministère… comme l'agriculture ! « Jacques Mézard devra donc composer avec ce ministère de l'environnement fort, mais aussi avec celui de la cohésion territoriale et enfin avec celui de l'Économie de Bruno Le Maire, au fait des sujets agricoles et des questions européennes », souligne Pascal Prugue, président de Coop de France. « Il est encore trop tôt pour imaginer les conséquences pour l'agriculture d'un ministère d'Etat de la transition écologique et solidaire, mais cela traduit une tendance sociétale que nous observons sur le terrain », estime Sébastien Picardat, délégué général de la Fédération de commerce agricole (FC2A) et de la Fédération nationale de négoce agricole (FNA), encore pour quelques semaines.
Séparer la vente des phytos du conseil, la ritournelle
Une des mesures du programme d'Emmanuel Macron en matière d'agriculture, et qu'il souhaite instaurer dès le début du quinquennat, concerne la séparation des activités de conseil et de vente des pesticides auprès des agriculteurs. Un thème qui revient souvent sur le dessus de la table, comme récemment avec Ségolène Royal qui a lancé une expérimentation de conseil indépendant. Directement touchés par cette mesure, les distributeurs insistent sur les dispositifs déjà mis en œuvre comme le Certiphyto ou l'agrément que possèdent leurs entreprises, mais se montrent ouverts au dialogue. Coop de France et la Fédération du Négoce Agricole sont prêts à discuter avec le gouvernement et les organisations concernées, pour qu'au sein d'une même entreprise, les fonctions de conseiller et de vendeur soient assurées par des personnes distinctes. « Pour laisser le choix à l'agriculteur, on pourrait aussi obliger les distributeurs agrémentés à proposer en complément des offres actuelles, une offre de conseil facturée, indépendante de la vente de produits », explique Sébastien Picardat.
Les Etats généraux de l'alimentation pour répartir la valeur ajoutée
Un rendez-vous à ne pas manquer pour Coop de France comme pour la FC2A, celui des États généraux de l'alimentation qui devraient se tenir cet été. Cette idée aurait été soufflée à Emmanuel Macron par… Nicolas Hulot . « De ce que nous comprenons des intentions du Président, il s'agit de répartir la valeur ajoutée dans les filières agricoles et agro-alimentaires », commente Sébastien Picardat. « Difficile d'imaginer que les entreprises de commerce agricole soient absentes de ce débat ! » Pour Michel Prugue, ces États généraux seront aussi l'occasion de discuter des négociations commerciales et de la fixation des prix avec la grande distribution ainsi que de l'approvisionnement de la restauration hors domicile (RHD), « trop souvent réalisé à l'étranger et qui pourrait dès lors redonner du souffle aux agriculteurs français ». Sur le plan international, ce gouvernement europhile devrait porter devant les États membres les positions de la France lors de la réforme de la politique agricole commune (Pac). Les distributeurs seront particulièrement attentifs à la création d'outils de gestion de crise.