Jacques Bourgeais, Cavac « La Vendée, durement touchée par la grippe aviaire »
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Au 17 mars, près de 500 foyers d’influenza aviaires hautement pathogènes (IAHP) étaient comptabilisés dans les élevages du grand ouest, dont une grande majorité en Vendée. Le dépeuplement des élevages de volailles se poursuit, saturant les services d’équarrissage. L’impact psychologique chez les éleveurs est déjà palpable. Le point avec Jacques Bourgeais, directeur général de Cavac.
« Au 17 mars, près de 80 exploitations adhérentes au groupe Cavac étaient concernées par la grippe aviaire. Tout est allé très vite, confie Jacques Bourgeais, le directeur général de Cavac, interrogé par Référence-appro. Mi-février, seuls deux ou trois cas étaient repérés dans la région. » Dans le grand Ouest, la barre des 500 foyers d’influenza aviaires hautement pathogènes (IAHP) a été franchie. « L’enjeu est désormais de dépeupler tous les élevages de volailles (poulets, pintades, canards, dindes…) pour la fin du mois avril, sauf ceux dédiés à la reproduction », précise-t-il.
Des outils, dépassés par la tâche
Dans le département, le nombre de volailles déjà abattues avoisinerait six millions. « La dimension psychologique est forte car certains éleveurs doivent attendre plusieurs jours avant que les cadavres de leurs animaux ne puissent être évacués des bâtiments, poursuit Jacques Bourgeais. Face à l’ampleur de la tâche, les services d’abattage, d’équarrissage et d’enfouissement sont dépassés. » Les départements limitrophes sont appelés en renfort. Une fois la situation jugée saine, le redémarrage des activités devrait se faire progressivement pour, là encore, ne pas saturer les abattoirs une fois les cycles de production terminés. Mais aucune date n’est encore programmée.
Un épisode de grippe aviaire 4 à 5 fois plus intense que celui de 2021
Si la France a déjà, l’an passé, connu un épisode de grippe aviaire, notamment dans le Sud-Ouest, l’ampleur de celui-ci est jugée quatre à cinq fois plus importante. Jacques Bourgeais estime que « 20 % de la volaille française pourrait manquer à l’appel. Une situation qui pourrait générer un profond déséquilibre du marché ». Le groupe Cavac est également impacté sur son activité alimentation animale. « Sur cette période, 40 000 à 50 000 tonnes d’aliments sont d’ores et déjà perdues, soit près de 10 % de l’activité nutrition animale du groupe, poursuit-il. L’impact de cette crise se porte aussi sur tous les acteurs périphériques à cette activité qui eux, ne seront peut-être pas indemnisés à hauteur du préjudice subi. Je pense notamment aux abattoirs ou aux sociétés de transport. » En Vendée près de 8000 emplois seraient liés à la filière.
Sur le terrain, solidarité de toute la filière
Les aides, les éleveurs savent qu’elles arriveront : l’expérience du Sud-Ouest l’a montré. En attendant, Cavac accompagne la trésorerie de ses adhérents. Sur le terrain, la solidarité s’organise. Lucie Mainard, gérante d’une exploitation de poules pondeuses dans l’Ouest de la Vendée et adhérente Cavac, témoigne sur son compte twitter @joliesrousses. Pour l’heure, ses bâtiments sont encore en zone indemne, « mais le département étant mis sous cloche, rien ne peut entrer ni sortir. Mes œufs qui, habituellement vont dans la Sarthe, sont actuellement réacheminés vers un centre de conditionnement en Vendée. » Toutes les précautions sanitaires sont bien évidemment mises en place. Elle salue « une organisation et une logistique incroyables des hommes et femmes de terrain pour que nous, éleveurs, soyons le moins pénalisés par la situation. »