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Jean-Pierre Dassieu, InVivo Grand Public : « L’expertise Gamm vert, un atout face aux restrictions imposées aux phytos amateurs »

Le | Cooperatives-negoces

La loi relative à la transition énergétique promulguée le 18 août restreint la vente des produits phytos pour les particuliers via des dispositions actées dans la précipitation (1). Pour Jean-Pierre Dassieu, directeur d'InVivo Grand Public, ces nouvelles règles impacteront obligatoirement le chiffre d'affaires des jardineries Gamm vert, mais constituent néanmoins l'opportunité de faire valoir leur expertise.


Référence-appro.com : Comment envisagez-vous la fin du libre-service dans vos magasins Gamm vert ?

Jean-Pierre Dassieu : L'échéance est proche, mais nous travaillons le sujet depuis longtemps et une expérimentation de vente assistée lancée dès mai dernier nous a permis de trouver les conditions satisfaisantes pour nous et nos clients. Les produits de synthèse seront dans des vitrines sous clés, leur obtention nécessitera donc l'appel d'un conseiller. Les spécialités de biocontrôle et celles composées de substances de base, encore disponibles en libre-service, seront présentées à côté des produits de synthèse aux mêmes usages et ne seront donc pas achalandées séparément. Nous serons prêts au 1er janvier 2017, dès lors que la liste des produits autorisés ou non en libre-service sera définie.


R.A. : Pouvez-vous déjà mesurer l'impact de cette mesure sur vos ventes ?

J.-P.D. : Cette mesure implique des investissements de l'ordre de 2 000 à 3 000 euros par magasin. La réorganisation nécessite de nouveaux équipements, la formation des conseillers et éventuellement une augmentation de la masse salariale. Difficile, en revanche, de chiffrer la baisse des ventes des produits sous clés et la hausse de ceux en libre-service. En Allemagne, où les spécialités sont déjà sous clés, les ventes auraient chuté de 20 à 25 %.


R.A. : Dans un peu plus de trois ans, les jardiniers amateurs ne disposeront plus de toutes leurs spécialités phytos. Y sont-ils préparés ?

J.-P.D. : C'est un vrai challenge car personne n'est prêt. Et de nombreuses questions se posent. Quid de la vente en ligne ? Des possibles achats à l'étranger ? Du recours éventuel à des produits professionnels ? De la réalité économique des potagers de 43 % des Français ? Nous allons travailler le sujet, dimensionner les besoins, étudier les investissements nécessaires en termes de formation, de communication pour accompagner au mieux les jardiniers amateurs.


R.A. : Quelles conséquences attendez-vous en termes financiers ?

J.-P.D. : Nous prévoyons une perte de chiffre d'affaires comprise entre 3 et 6 % selon les magasins et une diminution de la marge brute comprise entre 4 et 7 %. Mais l'occasion nous est donnée de mettre en avant notre savoir-faire. Des opportunités s'ouvrent pour prendre des parts de marché, notamment aux GMS. Les produits utilisables en agriculture biologique représentent actuellement 20 % de nos ventes de produits de traitement. Ce pourcentage, qui a fortement augmenté ces dernières années, n'évolue désormais que très peu. Nous n'attendons pas de solutions miracles pour remplacer les produits de synthèse actuels, notamment au niveau des herbicides. L'enjeu réside bien dans notre expertise et les conseils appropriés que nous sommes en mesure de délivrer.


(1) Fin du libre-service des produits de synthèse dès le 1er janvier 2017 et interdiction de commercialisation et d'utilisation des produits dès le 1er janvier 2019, exception faite des spécialités de biocontrôle, de celles à faible risque et de celles dont l'usage est autorisé dans le cadre de l'agriculture biologique.