La dynamique positive à l’œuvre dans le secteur du bio n’est plus à démontrer. Les défis à relever par les acteurs de la filière demeurent néanmoins nombreux, notamment pour lier production bio et locale, et répondre ainsi à une demande croissante des consommateurs. Un point sur lequel ont réagi de nombreux intervenants présents à la conférence de l'Union de coopératives pour la commercialisation des céréales bio (UCBC) (1), organisée le 7 février au siège de Valfrance, à Senlis (60).

« Les clients nous disent qu’ils souhaiteraient que bio rime avec local. À nous, en segmentant nos productions, de faire valoir ce type de démarches », plaide Gilles Renart, directeur du Centre bio, structure regroupant cinq coopératives pour la commercialisation en bio. Mais, comme le rappelle Olivier Deseine, directeur des Moulins de Brasseuil, si le facteur local pèse de plus en plus lourd dans l’acte d’achat, « le bio n’est pas forcément en position de répondre à cette demande ».

Des conversions en hausse mais encore insuffisantes

Les chiffres témoignent de l’ampleur du challenge. Selon les données provisoires de FranceAgriMer concernant les stocks, la campagne 2018/2019 pèse 549 000 tonnes pour le blé tendre, le maïs, l’orge et le triticale bio, dont 134 000 t issues de l’importation. Pour le seul blé bio, la part importée monte au-delà du tiers du total : 100 000 t sur 275 000 tonnes. « Bien qu’il y ait une tendance indéniable de conversion, nous n’arrivons toujours pas à rattraper le niveau de demande de la consommation », concède Gilles Renart. Actuellement, 3,3 % des surfaces de grandes cultures sont converties en bio, contre 6,5 % toutes productions confondues. Néanmoins, « plus d’un quart des conversions sur l’année 2018 se sont faites en grandes cultures », nuance Gilles Renart.

Le stockage, une question centrale

Sans surprise, la question du stockage est centrale pour développer une offre structurée. « Aujourd’hui dans l’Union, ceux qui n’ont pas de capacité de stockage n’ont simplement pas de collecte. Les coopératives suivent le mouvement suite aux conversions », explique Hugues Desmet, responsable collecte chez Valfrance. La mutualisation des silos est une solution pour celles qui débutent, comme Terres Bocages Gatinais, qui a rejoint l’UCBC en février 2018. « Cela nous a permis de résoudre des problèmes de logistique et de commercialisation, découlant des faibles tonnages collectés en bio », raconte Jean-Pierre Pichot, directeur général de la structure.

« Au regard de l’augmentation des volumes, l’Union prévoit d’investir pour adapter des silos. Il y a un vrai mouvement de masse et une réelle volonté de nos coopératives pour convertir leurs capacités de stockage », affirme Hugues Desmet, sans donner pour le moment plus de précision. Actuellement, l’Union collecte 10 000 tonnes, pour une capacité de 18 000 tonnes. Sa perspective, à trois ans, est d’atteindre les 25 000 tonnes collectées.

(1) L’Union, lancée en 2011, regroupent douze coopératives de l’Ile-de-France et de la Picardie : Agora, Cerena, Sanaterra, Milly, Noriap, Sevepi, Valfrance, UCAC ; Unéal, Scael, Bonneval Beauce et Perche, Terres Bocages Gatinais