Kairomones sur féverole, caméline… La coop de Creully innove
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Diversifier les assolements, tester de nouvelles solutions de protection, développer les débouchés… A la coopérative normande de Creully, les idées ne manquent pas pour créer de la valeur ajoutée aux adhérents.
Pour Jean-Philippe Chenault, responsable agronomie à la coopérative de Creully, le constat est sans appel : « il faut réinventer l’assolement. La fermeture de la sucrerie de Cagny a mis un coup d’arrêt à la production de la betterave dans la région. Après la campagne difficile en lin, les surfaces risquent d’être divisées par deux l’année prochaine. La rotation blé-orge-colza n’est pas tenable agronomiquement et économiquement. Voilà pourquoi, depuis quelques années, nous testons de nouvelles productions, à commencer par le soja, la féverole ou la caméline. Et avec elles, de nouveaux modes de protection. »
Piéger les bruches, par leur odorat
Pour la féverole, le principal frein reste les attaques de bruches. « L’impact de ces ravageurs sur la culture nous ferme certains débouchés, notamment à l’export pour l’alimentation humaine. À Creully, nous cultivons près de 1 800 ha de féveroles. Mais la résistance des insectes progresse tandis que le nombre de spécialités phytosanitaires, lui, diminue. Depuis deux ans, nous testons, sur 50 ha, la solution de biocontrôle développée la société Agriodor, basée sur la diffusion de molécules odorantes. Les insectes sont attirés par des attractifs à base de kairomones. Piégés par leur odorat, ils sont ensuite capturés dans de l’eau. Même si cette technique est encore perfectible, les premiers résultats sont très intéressants. »
L’huile de caméline, dans le réservoir des avions
Une autre culture est actuellement en test à la coopérative : la caméline, sur une cinquantaine d’hectares. « Le programme démarre cette année et est prévu pour trois ans, confie-t-il. Ces essais sont menés en partenariat avec Saipol, AGRIAL et la chambre d’agriculture de Normandie, précise-t-il. Les premiers semis auront lieu après la récolte des blés : l’enjeu est d’implanter la caméline en interculture, comme un couvert végétal, et de récolter les graines, pour produire de l’huile. Collectées par nos soins, les graines seront ensuite acheminées vers l’usine de trituration du Havre de Saipol. L’idée est de mettre au point un biokérosène, 100 % normand, pour l’aviation. La caméline pousse facilement et fait son cycle en 90 jours. « Semée le 15 juillet, elle pourrait donc être récoltée dès le 15 octobre et apportée une valorisation supplémentaire de la rotation des agriculteurs. »