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La campagne appro se prépare… la prévention contre les vols aussi

Le | Cooperatives-negoces

Dans les semaines à venir, les sites de stockage d'appro vont se remplir à l'approche de la campagne de printemps. Une saison où, comme l'a montré l'année 2017, les vols se multiplient, perpétrés par des groupes de plus en plus organisés. Sans tomber dans la psychose, autant se poser dès à présent les bonnes questions. Mes sites sont-ils sécures ? Toutes les précautions ont-elles été prises ? Suis-je bien assuré ? Qui est le référent sûreté de mon département ? Le Colonel François Desprez de la gendarmerie de Strasbourg et Florent Verdier, responsable des risques industriels chez Coop de France, répondent à ces questions.


Au printemps 2017, une dizaine de vols de produits phytos et de semences était signalée. Dans le Centre chez Axéréal, Centre Ouest Céréales et les Ets Durand mais aussi dans le Nord et dans l'Est chez Semences de France, à la CAC, au Comptoir Agricole et chez INTERVAL. « Au total, plus d'un million d'euros d'intrants volés par un même gang d'Europe de l'Est, précise le Colonel François Desprez, responsable de la cellule Phytos 67-68 à la gendarmerie de Strasbourg et en charge du dossier. Nous sommes face à des vols à la commande avec des groupes très organisés, qui savent exactement quels produits dérober. Dans ce cas, les spécialités ont été retrouvées en Bulgarie. Fin novembre, sept personnes ont été interpellées puis mises en examen. Elles sont actuellement en détention provisoire le temps que l'enquête se poursuive ».

Dissuader, gêner, retarder

Face à ces vols, comment protéger ses sites ? « L'idée est de dissuader, de gêner et de retarder l'entrée des malfrats, confie Florent Verdier, responsable des risques industriels chez Coop de France. Même si ces filières sont bien organisées et ne semblent avoir peur de rien, elles veulent aller vite. Quelques conseils de base : fermer à clé les sites sensibles, ne pas laisser les clés en vue, vérifier que les clôtures et les portails sont en bon état, installer des barreaux aux fenêtres, prévoir des détecteurs de présence avec spots lumineux à des endroits stratégiques, mettre en place une procédure en cas d'incident… Si les caméras ne sont pas toujours dissuasives, elles peuvent permettre d'identifier les voleurs. Dans chaque département, il existe un « référent sûreté » au niveau de la gendarmerie. Connaitre son nom (disponible auprès de la préfecture), le rencontrer, permettra par exemple de demander à renforcer la surveillance d'un site donné à l'approche d'une pointe d'activité. Et puis, ne pas oublier de faire un point avec les assurances pour savoir ce qui est réellement couvert en cas d'acte de malveillance ». Même s'il est difficile d'être exhaustif en matière de conseils, Coop de France prépare, d'ici l'été, un guide dédié précisément aux actes de malveillance et aux cyberattaques. Rédigé avec l'aide du CNPP, le conseil national de prévention et de protection, il regroupera des fiches techniques, des photos et des schémas pour comprendre pourquoi et comment installer tel ou tel moyen de protection.


Renforcer la sécurité

Les entreprises touchées par des vols confirment quant à elles avoir pris des mesures supplémentaires de protection. C'est le cas d'Axéréal qui ne souhaite pas en dire plus. « Suite au vol sur le site de la Chapelle d'Armentières, nous avons amélioré la sécurité des points sensibles, avec des caméras, des alarmes et en renforçant certains sas d'entrée, explique Gilles François, responsable de ce site de production de Semences de France. Le vol de l'an passé fut le premier dans l'usine. Ce terrain industriel, de 12000 m2, possède de nombreux bâtiments. Malgré les systèmes de surveillance en place, dont un gardiennage, les voleurs ont dérobé environ quatre tonnes de semences de colza. Ils ont forcé de nuit un grillage et une porte d'un bâtiment avec des moyens très lourds. Ils surveillaient probablement les rondes du gardien, et étaient sûrement très nombreux pour agir aussi vite ».