Référence agro

La récolte progresse

Le | Cooperatives-negoces

Après la relative sérénité des opérateurs du Sud, recueillie la semaine passée, les choses semblent se corser en remontant plus au Nord. Orges brassicoles déclassées, pertes de rendement en blé tendre de plus de 20 %, parcelles de pois non récoltées : la liste des déconvenues de cette moisson s'allonge au fil des témoignages recueillis par Référence-Appro. Quelques bonnes nouvelles toutefois.

Cérépy (89) : une récolte catastrophique

« La récolte s'annonce assez catastrophique », déplore Germain Bour, directeur général de Cérépy (89). La moisson est terminée en orges d'hiver et les rendements s'élèvent à 57 q/ha, soit 20 % de moins que la moyenne quinquennale et 30 % de moins par rapport à l'an dernier. Si la production est habituellement  à destination brassicole, cette année, seulement 35 % répondent aux exigences qualité. Le reste sera déclassé en orge de mouture. Le poids spécifique moyen (PS) s'élève à 57, soit 10 points de moins que l'an passé. En cause, les trombes d'eau tombées entre le 25 mai et le 5 juin. En blé, la moisson devrait débuter cette semaine, avec 10 jours de retard. Les mêmes niveaux de perte de rendement se profilent. Les cultures sont fortement touchées par la fusariose et la septoriose. En colza, 5 % de la récolte est coupée. Les terres superficielles s'en sortent mieux que les bonnes terres avec respectivement 30 et 20 q/ha. « Les pois eux, n'ont même pas été récoltés : ça n'en valait pas la peine », commente Germain Bour.


Caproga (45) : 20 quintaux de moins en orges

Sur le département voisin du Loiret, 90 % des orges d'hiver ont été récoltées et leur rendement tourne autour de 55-57 q/ha, soit 20 quintaux de moins que la moyenne des années précédentes dans la région. « Les petites terres, plus filtrantes, s'en tirent au final mieux que les bonnes terres, ce qui témoigne bien de l'excès d'eau dans les parcelles », précise Denis Huet, responsable collecte chez Caproga (45). Même si la récolte n'a pas encore débuté en blé, les inquiétudes sont encore plus importantes que pour les orges. La culture a été frappée de plein fouet par la vague de mauvais temps. Fusariose et septoriose sont elles aussi au rendez-vous. Le répit ne viendra apparemment pas des autres cultures. Les premières bennes de colza révèlent des rendements de seulement 20 q/ha, même s'il ne s'agit pas des meilleures terres. Les betteraves sont « jaune citron » et témoignent une fois encore de l'excès d'eau dans le sol.


110 BOURGOGNE (89) : la moitié des grains au bon calibrage

Sur les terres de 110 Bourgogne, les rendements reculent de 30 à 35 % par rapport à l'an dernier et de 20 à 25 % par rapport à la moyenne quinquennale en orge d'hiver. Seuls 50 à 60 % des grains en moyenne ont un calibrage suffisant avec des minima parfois à 25. Le PS est de 55, soit 10 points de moins que d'habitude. « Nous aurons un très gros travail d'allotement à mener pour satisfaire nos clients », assure Amélie Petit, responsable agro-développement. Les premières fauches de blé montrent que les grains fusariés, très nombreux, sont restés au champ.


Vivescia (51) : les rendements de pois d'hiver entre 3 et 15 quintaux.

La collecte des orges d'hiver est avancée à 90 % et les rendements sont en retrait par rapport à l'année dernière. Les gels de fin avril, suivis des fortes pluies de mai et juin, ont pénalisé la fertilité des épis et le remplissage des grains. Les pois d'hiver présentent des résultats extrêmement décevants avec des rendements de 3 à 15 quintaux. La récolte des colzas commence.


Axéréal (45) : PS faibles en orge

La récolte des orges d'hiver est quasi terminée chez Axéréal. Les rendements sont faibles, autour de 50 q/ha : les PS également, voisins de 58 de moyenne. En cause, le manque de soleil, des problèmes de fécondation et un excès d'eau, favorable au développement des maladies. La récolte des blés tendres débute à peine. Les premiers échos sont très hétérogènes, notamment au niveau des PS. Il est encore trop tôt pour se prononcer sur les rendements. Les colzas affichent des rendements là aussi très variables : de 25 à 40 q/ha pour une moyenne qui devrait se situer autour de 30 q/ha. Nous attendons maintenant le retour sur la teneur en huile.


Cavac (85) : 20 % de volume en moins mais pas de problème de qualité

« Pour l'heure, un seul mot résume la récolte 2016 : hétérogénéité. Tant pour les orges, les blés que le colza, explique Christophe Vinet, responsable collecte. Les orges d'hiver sont battues à 80 %. PS et rendements varient énormément : de 55 à 65 pour les PS, de 40 à 80 q/ha pour les tonnages. Idem en blé tendre et en blé dur. Les blés sur blés sont catastrophiques : à peine 30 q/ha à la pesée. Les parcelles implantées dans la plaine sur les argilo-calcaires s'en sortent mieux que celles du bocage. Au total, nous devrions collecter près de 20 % de volume en moins, toutes céréales confondues avec des rendements moyens de 55 q/ha pour l'orge, 65 à 70 q/ha pour le blé tendre et 60 à 62 q/ha pour le blé dur. En revanche, dans notre région, aucun problème de qualité à signaler. Les taux de protéines sont bons : de 11,5 à 12 pour le blé tendre. De 14,5 à 15 pour le blé dur. En colza, c'est moins pire que ce que l'on pouvait attendre : 33 à 34 q/ha de moyenne ».


Terre Atlantique (17) : grosse déception en blé dur, bonne surprise en colza

Dans la zone de collecte de Terre Atlantique, en Charente-Maritime et dans les Deux-Sèvres, la récolte des orges d'hiver devrait se terminer rapidement. « Les rendements sont corrects, la qualité aussi, souligne Christian Cordonnier, le directeur général. Seul bémol pour les orges brassicoles dont le calibrage, à 75 %, est faible. En blé tendre, à peine un tiers des parcelles est récolté. Les rendements sont inférieurs à ceux de l'an passé. Pour la qualité, pas de souci particulier : PS et protéines sont au rendez-vous. En colza, avec des rendements compris entre 30 et 35 q/ha de moyenne, nous nous attendions à un peu moins : c'est la bonne surprise. La grosse déception vient des blés durs tant pour le rendement (recul de 20 % par rapport à l'année dernière) que pour la qualité : des analyses sont en cours pour les taux de mitadin et de GMF (grain germé moucheté, fusarié) ».


En Bourgogne, la vigne a poursuivi son développement rapide grâce au temps estival de ces derniers jours. Le temps sec a offert un répit aux cultures, mais le risque de mildiou reste élevé De nouvelles taches sont apparues dans tous les vignobles depuis une semaine, essentiellement sur jeunes feuilles. Les pluies qui se sont abattues sur la Saône-et-Loire le 11 juillet ont pu donner lieu à de nouvelles contaminations dont les symptômes seront visibles dans les prochains jours. 90 % des parcelles bourguignonnes ne présentent aucun signe d'oïdium.