La stratégie du « - 3 € et + 3 € par tonne » de Cérésia
Le | Cooperatives-negoces
Quelques jours avant sa première assemblée générale qui se tiendra le 20 décembre, la coopérative Cérésia tenait ses assemblées de section. L’occasion de dresser le bilan des premiers mois d’existence, un an après la validation de la fusion par Acolyance et Céréna, et six mois après l’accord de l’autorité de concurrence.
Depuis juillet, la jeune coopérative a structuré l’ensemble de ses activités. Son métier de base tout d’abord, collecte/appro, qui représente 85 % du chiffre d’affaires total du groupe, a été au centre de ses préoccupations. « Il fallait réussir la première moisson. Toutes les équipes opérationnelles ont été concentrées sur cet objectif prioritaire », indique Pascal Bailleul, directeur général de Cérésia. L’activité des filiales a été structurée par pôles : semences, logistique, élevage, champagne, distribution, AG-tech, participations.
Filiales : générer 5 M€/an à reverser à la coop
Dès sa création, le groupe Cérésia a fait une promesse économique à ses agriculteurs, celle du « - 3 €/t et du + 3 €/t ».
Elle se traduit par l’ambition d’économiser d’ici à trois ans au moins 5 M€ à l’échelle de la coopérative, soit environ 3€ par tonne collectée, puisque la coopérative commercialise 1,7 Mt.
Pour les + 3€/t de gain, la coopérative souhaite que ses différentes filiales génèrent une contribution récurrente de 5 M€/an avant 3 ans. Elles affichent aujourd’hui un chiffre d’affaires de 70 M€.
« Aujourd’hui, la contribution des filiales est positive et représente environ +1,5 €/t. Nous allons donc améliorer cette contribution et la pérenniser. Des projets importants sont dans les tuyaux, comme le développement, entre le pôle élevage et la coopérative, de la production de protéines végétales, explique Pascal Bailleul. En vigne, une place de marché en ligne a été créée en septembre, Viticulteur-market. Elle porte pour l’instant les offres de Cérésia, et va s’ouvrir rapidement à d’autres partenaires. Le concept sera dupliqué au printemps prochain pour la branche Distribution/grand public du groupe et plus tard pour ses activités agricoles. Des synergies intéressantes entre nos filiales et la coopérative sont déjà travaillées à ce jour. Elles apporteront leur part dans la progression des résultats »
Repenser la logistique
Pour optimiser son fonctionnement, et structurer son « projet -3 », Cérésia a fait appel au cabinet KPMG. « Entre juillet et septembre, nous avons identifié avec eux les économies possibles. Ils venaient de travailler sur un projet similaire de fusion entre deux coopératives », rappelle Pascal Bailleul. Deux tiers des économies proviennent de l’optimisation de la supply-chain. Le groupe est entrain de mutualiser la logistique au sein de toutes ses entités pour qu’aucun camion ne circule à vide. « Nous cherchons aussi à optimiser le fonctionnement de nos silos et magasins, notamment avec les coopératives voisines. Par exemple, sur des sites excentrés, qui ne sont pas ouverts tous les jours, nous réfléchissons à mutualiser les outils pour diminuer les coûts pour chaque structure, tout en offrant davantage de services à l’agriculteur, puisqu’il aura accès à des magasins ouverts plus souvent », explique le dirigeant.
7 M€ d’économie d’ici à 2022
Côté silo, Cérésia ambitionne de ne fermer aucun point de collecte, mais elle compte, là encore, faire appel à la mutualisation des outils pour mieux gérer le stockage des différentes espèces collectées.
Avec sa plateforme logistique de Denain, Acolyance a développé depuis deux ans la livraison d’engrais directement en ferme. Cérésia va poursuivre cette démarche. « Pour les sites d’appro, cela implique la disparition progressive du stockage d’engrais vrac, qui engendre des travaux de remise en état réguliers et coûteux pour la coopérative. Les stockages se feront en big-bag mais notre ambition est clairement de livrer au maximum directement en ferme », indique Pascal Bailleul.
Le reste des économies dépendra de la massification des achats générée par le regroupement des deux coopératives, ainsi que de l’optimisation progressive des effectifs, notamment par les départs naturels, en ne procédant toutefois à aucun licenciement. « Les pistes identifiées nous permettront d’aller au-delà des objectifs fixés, - 4 €/t d’ici à 2022 n’est pas inaccessible », conclut le dirigeant.
Cérésia en chiffres
- CA groupe : 630 M€
- CA coopérative : 560 M€
- Résultat net : 1,9 M€
- Collecte : 1,7 Mt