Référence agro

La Tricherie (86) décroche le niveau 3 de la certification environnementale

Le | Cooperatives-negoces

Les démarches agro-environnementales sont ancrées dans l’ADN de la coopérative La Tricherie. En juin dernier, elle a obtenu le plus haut degré de la certification haute valeur environnementale, la HVE, pour 15 de ses adhérents. Une première pour des exploitations en grandes cultures ! La coopérative ne souhaite pas s’arrêter là et prévoit, dès 2019, de certifier une cinquantaine de fermes.

« Depuis trois campagnes, nous sommes reconnus niveau 2 de la certification environnementale, explique Baptiste Breton, l’un des trois co-directeurs de la coopérative la Tricherie. Une reconnaissance « collective » qui prévaut donc pour nos 300 adhérents. Début 2018, un client de la grande distribution nous a demandé s’il était possible de produire du blé de niveau 3 en HVE (haute valeur environnementale). Après un audit au mois de juin, nous nous sommes rendu compte que 15 exploitations répondaient à toutes les exigences pour atteindre ce niveau : le fruit du travail de maîtrise, de précision et de qualité mené depuis 20 ans au sein de la coopérative via notamment la démarche CRC (culture raisonnée contrôlée). Si à l’échelle nationale, une centaine de fermes viticoles et arboricoles possède déjà cette certification, en grandes cultures, ces 15 exploitations sont les premières ! ».

Créer l’offre avant la demande

La Tricherie compte passer à 50 exploitations en 2019 puis très vite monter en puissance pour atteindre 80 % des 300 fermes adhérentes à la coopérative d’ici à cinq ans. « Nous souhaitons créer l’offre avant que la demande sur le marché pour ce type de produits n’explose, confie-t-il. Le rôle de la coopérative consiste à accompagner nos adhérents dans cette démarche mais pas seulement. Notre mission est aussi de tester, de valider les solutions les mieux adaptées à notre territoire. Rendre l’information la plus accessible possible pour ensuite, l’intégrer dans nos programmes. Le biocontrôle est un très bon exemple : depuis cinq ans, nous gagnons 10 % de parts de marché avec ces produits. Pour les 50 agriculteurs visés par la HVE, 25 % de leur SAU reçoit déjà du biocontrôle. Mais attention, ces nouvelles solutions ne doivent pas être génératrices de risques. À nous de comprendre comment elles fonctionnent dans nos conditions pédoclimatiques, pour ensuite, transmettre le bon mode d’emploi ».

Le plus compliqué : réduire les phytos

Si le niveau 2 de la certification environnementale implique une obligation de moyens, le niveau 3 exige pour sa part une obligation de résultats. « Plusieurs indicateurs sont mesurés comme le calcul de la balance azotée, la biodiversité des cultures, l’irrigation et les stratégies phytosanitaires, poursuit-il. Pour chacun de ces thèmes, une dizaine de points sont auscultés. Le plus compliqué concerne la diminution de la « dépendance » aux phytos car les alternatives n’existent pas toujours. Si la baisse des IFT herbicides est directement liée à la mise en place de mesures agronomiques, celle des « hors herbicides » nécessite le développement de spécialités de biocontrôle, le recours à une génétique plus pointue, à l’agriculture de précision… Autant de solutions que nous mettons en avant depuis plus de 20 ans au sein de La Tricherie, au travers notamment des démarches CRC (culture raisonnée contrôlée) et Agriconfiance. 70 % de nos blés sont produits sous CRC. »

Communiquer auprès des consommateurs

À la Tricherie, le leitmotiv, c’est « créer de la valeur pour la redistribuer aux agriculteurs ». « Le travail en filières représente à ce titre un choix stratégique, insiste Baptiste Breton. Pour moi, la démarche HVE permet de mettre en place une nouvelle forme d’agriculture, entre le bio et le conventionnel, sans les opposer. Mais HVE, pour le consommateur, cela ne veut encore rien dire. Si CRC signe un produit fini de qualité, avec HVE, c’est l’ensemble de l’exploitation, toutes productions confondues, qui est certifiée. L’enjeu est de faire connaître, et reconnaître, cette démarche auprès des consommateurs. Restera ensuite à valoriser ces productions pour apporter une juste rémunération aux producteurs. Car la finalité est avant tout celle-ci ».