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L’accompagnement stratégique encore peu sollicité par les agriculteurs

Le | Cooperatives-negoces

En matière de conseil, les démarches stratégiques sont encore minoritaires et peu sollicitées par les agriculteurs. Des méthodes et outils sont pourtant développés depuis une vingtaine d’années. Une étude commandée par le ministère de l’Agriculture a fait le point sur ces pratiques, leur potentiel pour soutenir la transition agroécologique et les blocages à leur développement.

L’accompagnement stratégique encore peu sollicité par les agriculteurs
L’accompagnement stratégique encore peu sollicité par les agriculteurs

Alors que depuis le tournant des années 2000 des méthodes d’accompagnement « stratégique » se développent, celles-ci peinent à s’imposer face au conseil technique. Ce conseil alternatif est davantage centré sur une approche systémique, de long-terme et replace l’agriculteur au centre des décisions. Pour mieux cerner son potentiel pour soutenir la transition agroécologique et les raisons de son faible déploiement, la ministère de l’Agriculture a commandé une étude, dont les résultats ont été publiés en juin 2020. Une soixantaine d’entretiens ont été menés en 2018 sur la manière dont les organismes de conseil envisageaient leurs liens avec une agriculture plus écologique.

Le conseil technique segmenté

Face à la transition demandée aux agriculteurs, les auteurs de l’étude rappellent que de nombreux travaux suggèrent que celle-ci « demande un accompagnement sur mesure, bien différent du conseil technique standardisé, descendant et de court terme, du type ‘un problème, une solution’ ». De nombreux outils de conseil stratégique ont été développés depuis quelques années, mais ces derniers sont très peu mobilisés par les structures de conseil. « Le conseil stratégique n’est déployé que localement, à l’initiative de personnes engagées dans la thématique et appuyées, de manière variable, par leurs directions et élus », souligne l’étude. Celle-ci rappelle ainsi que « les contours et les méthodes de l’accompagnement stratégique ne font pas encore consensus dans les organismes de conseil ». Pourtant, conseils technique et stratégique pourraient être complémentaires. « S’engager dans un processus de reconception stratégique de son exploitation n’exclut pas le besoin d’un conseil tactique, pour être informé sur un point technique, bénéficier rapidement d’une expertise perçue comme utile et concrète ou acquérir des connaissances agroécologiques récentes », précise l’étude.

Repenser la formation des conseillers

Comment expliquer que le conseil stratégique demeure cantonné à une échelle « artisanale », comme l’analyse le document ? Pour l’expliquer les auteurs évoque « la relation de service » entre les organismes de conseil et les agriculteurs, mais aussi « l’organisation du travail à l’intérieur des réseaux ». Actuellement, le conseil apporté aux exploitants est thématique, assez segmenté. Or, l’accompagnement stratégique nécessite d’avoir une approche globale et des connaissances sur un plus large spectre de sujets. « La nouvelle approche globale de l’exploitation ramène avec elle l’approche systémique de la complexité qui avait été évacuée pendant de nombreuses décennies », résume l’étude. La formation des conseillers serait donc à repenser. Etant donné la technicité des sujets, le document en appelle à la désegmentation et au travail en réseau des conseillers.

Une opportunité à saisir

Le défi attendant les organismes de conseil est du même ordre que celui lancé aux agriculteurs pour repenser le traitement et l’exploitation de leurs surfaces en termes systémiques. Mais, pour les auteurs de l’étude, le contexte actuel pourrait être une opportunité à ne pas manquer pour entamer cette refonte. « La situation pourrait évoluer avec la mise en place, dans le cadre de la séparation de la vente de produits phytopharmaceutiques et du conseil, d’un nouveau dispositif de conseil stratégique orienté vers la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires ».