L’Afcome affirme son rôle fédérateur pour le secteur des engrais
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Plus de trois cents distributeurs, fournisseurs d’engrais et de services ont participé, les 13 et 14 octobre à Toulouse, aux 12e rencontres internationales de l’Afcome, l’association qui regroupe les distributeurs pratiquant le mélange d’engrais. Un joli score qui la positionne comme un interlocuteur majeur dans ce secteur. L’Afcome est désormais présente sur l’essentiel du territoire national, revendiquant 65 % de la distribution. Ses promoteurs se sont réjouis de l’arrivée de deux structures, et non des moindres : Aréa (UEA étendu à Transval et au GIE Seine-Yonne) et Sévéal (Champagne Céréales, Nouricia, EMC 2 et Cohésis). Les travaux de ces 12emes rencontres se sont articulés autour de l’approche prospective des marchés mondiaux des engrais - avec un focus sur le bassin méditerranéen - et des questions techniques et réglementaires. Catherine Deger
Les échanges informels comptent tout autant que les séances plénières.
Les perspectives sur l’ensemble des marchés est à la croissance de la demande, car il faudra bien nourrir une planète toujours plus peuplée, et donc produire davantage. La progression des ventes mondiales sur les trois dernières campagnes a été de 7,3 Mt en azotés, 8,2 Mt en phosphates et 5,7 Mt en potasse. La tendance se poursuit d’ici à 2015. Michel Prud’homme, de l’Ifa (association internationale des l’industrie des fertilisants) estime ainsi que la hausse serait de 1,9 % par an en azotés, 3,1 % en phosphatés et 4,7 % en potasse (chiffre impacté, pour la potasse, par une forte baisse avant les années de référence).
L’offre sera-t-elle en mesure de suivre ce tempo ?
Les capacités de production des unités en fonctionnement, toujours observées sur un plan mondial, se situent entre 92 et 98 %. L’addition des nombreux projets de construction laisse supposer une progression de l’offre satisfaisante en azotés : 67 annonces en ammoniac sur la période 2010-2015, essentiellement en Chine, en Asie et au Moyen-Oirent) ; 60 en urée (17 en Chine). Mais les annonces ne sont pas toujours suivies de réalisation, et les délais de mises en œuvre sont rarement ceux escomptés. Pour l’Ifa, l’équilibre est précaire en ammoniac et la tension pourrait entraîner des transferts d’utilisation vers l’urée. Laquelle, une fois rattrapés les retards de mises en production, pourrait être largement suffisante à la fin de la période analysée. En phosphate comme en potasse, les projets de construction sont nombreux (44 pour la seule potasse d’ici à 2018). Mais une bonne partie des productions sera dédiée aux pays producteurs (ou sont déjà contractés) : c’est le cas notamment du phosphate.
Le grand marché du bassin méditerranéen
Portant la double casquette de président de Passion Céréales et de vice président du groupe Arterris, Jean-François Gleizes a mis en parallèle l’importance des échanges entre la France et les pays de la Méditerranée. Céréales dans un sens, fertilisants dans l’autre, le tout devant progresser sensiblement dans les dix années à venir. Et d’ouvrir une réflexion sur la mise en place « d’échanges durables, pour fidéliser ces relations », le trait d’union entre filières et secteurs étant la logistique.
Les fondamentaux du marché des matières premières agricoles sont bons, ceux des engrais aussi. Reste à faire face sur le court terme à la volatilité des prix. Les réponses sont difficiles à élaborer. Les marchés à terme buttent sur la question des volumes engagés, insuffisants. C’est le cas du seul marché à terme fonctionnant encore cahin-caha, à Chicago. Sur la question des contrats, opposables juridiquement en cas de litige (volume, qualité et surtout délai), les débats tardent aussi à aboutir. L’industrie qui a repris la main depuis des années se positionne de plus en plus sur une logique internationale, avec l’émergence d’opérateurs russes ou égyptiens pour qui le mode de fonctionnement du marché français pèse bien peu.