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Le colza, de nouveau à la peine

Le | Cooperatives-negoces

Des colzas chétifs, violacés, en manque d’eau. Des parcelles semées mais non levées. Le tour de plaine de ce mois de septembre ressemble étrangement à celui de l’an passé. Une fois de plus, le début de campagne s’annonce compliqué pour le colza, particulièrement dans le Centre où seulement 20 % des surfaces sont semées. Les pluies programmées pour ce week-end et les jours à venir sont attendues avec impatience.

En juin, les prévisions de semis tablaient sur 1,35 million d’hectares de colza. Aujourd’hui, les plus optimistes évoquent 1,1 Mha : les autres, à peine 1 Mha. Et encore, cette surface ne comptabilise pas les colzas en mauvaise forme, susceptibles d’être retournés ! Pour rappel, en 2018, 1,235 Mha avaient été semés et 1,1 Mha récoltés.

Patienter avant de retourner les colzas

« Mon conseil est de ne pas prendre de décision hâtive, insiste d’entrée Laurent Yung, de Terres Inovia pour la région grand Est. Certes, les levées sont très hétérogènes selon les dates de semis et partout, les colzas souffrent du manque d’eau mais cette culture possède une forte capacité de compensation. Rien n’est encore joué… si la plante est encore vivante ! Je conseille aux agriculteurs de patienter jusqu’à l’entrée de l’hiver. Le retour des pluies annoncé pour cette semaine pourrait sauver bien des situations ».

Viser au moins 6 Feuilles avant l’hiver

Dans le Sud-Ouest et en Bretagne, François Jansseune, chef marché colza LG, confie que « certaines parcelles ne sont, au 20 septembre, toujours pas semées. Les agriculteurs attendant quelques millimètres de pluie pour démarrer les chantiers. Nous atteignons désormais les dates limites d’implantation. Le risque avec des semis tardifs : que les plantes ne soient pas assez robustes pour affronter les premiers froids et les attaques d’insectes, d’altises notamment ». Pour Terres Inovia, un colza doit posséder au moins 6-8 F pour affronter l’hiver. À ce jour, les cultures les plus avancées atteignent déjà le stade 6 feuilles… mais elles sont rares et correspondent à des semis très précoces, début août, les seuls à avoir pu profiter de quelques pluies mi-août. Depuis, toute la France manque d’eau.

Le Centre manque de tête de rotation

Si la situation est particulièrement critique de la Vendée à la Bourgogne, le pire semble être la région Centre. « Comparé à l’an passé, seules 20 % des surfaces ont été semées, confirme Ariane Doutriaux, chef marché colza chez KWS France. Dans cette région, la question de l’assolement devient cruciale car beaucoup d’agriculteurs manquent de tête de rotation. Les rotations blé tendre, blé dur, orge, trouvent vite leurs limites ».

Des prix porteurs

Seule compensation : les prix sont porteurs. Et comme le rappelle François Jansseune, « la rentabilité du colza reste très intéressante dans un contexte moins favorable pour les céréales ». Autres atouts mis en avant par le semencier : le colza est une bonne tête de rotation, facilite le désherbage des graminées et valorise bien les apports organiques à l’automne. Si certains agriculteurs pourraient être tentés de rayer le colza de leur assolement, après plusieurs campagnes compliquées, un bilan global doit être réalisé.

Fort recul des semences certifiées

Autre conséquence de cette campagne atypique : un recul de l’utilisation des semences certifiées, dans un contexte où les trésoreries des exploitations restent très tendues. Même si personne n’a souhaité nous communiquer de chiffres, la baisse serait « très significative ».

LG, 1er en part de marché colza

Côté semenciers, le podium devrait lui aussi évoluer mais chaque structure reste prudente, dans l’attente d’éventuels retours de lots non semés. Dekalb perdrait sa première place au profit de LG. Après une campagne marquée par de fortes attaques de ravageurs, les agriculteurs se tournent vers des génétiques plus résistantes. Le rendement, la richesse en huile, la moindre sensibilité aux maladies sont également des critères très recherchés.