Référence agro

Le Cruiser OSR voit son AMM réévaluée

Le | Cooperatives-negoces

Suite à la publication le 29 mars au soir sur le site de la revue Science d’une étude de l’Inra/Acta/CNRS/Adapi (1) démontrant l’effet perturbateur du thiamétoxam sur l’orientation des abeilles, et donc sur leur mortalité, le ministère chargé de l’agriculture a lancé une procédure de réévaluation de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du Cruiser OSR. L’Anses (2) est saisie et son avis est attendu avant le 31 mai. « Si ces nouvelles données scientifiques étaient confirmées, l’AMM du Cruiser serait retirée », précise le ministère. L’étude, critiquée par Syngenta, révèle que des abeilles nourries avec une dose de thiamétoxam cinq fois inférieure à la dose létale présentent un taux significatif de non-retour à la ruche. Elle montre donc le rôle du thiamétoxam dans le déclin des abeilles, non pas par toxicité directe mais en perturbant leur orientation spatiale. G.G.

(1) Association pour le développement de l’apiculture provençale, déclinaison régionale de l’Itsap-Institut de l’abeille.

(2) Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail.

Photo : Quatre chercheurs ont présenté le 29 mars deux études montrant un impact négatif des pesticides de la famille des néonicotinoïdes sur le comportement des abeilles et des bourdons.

Pour Syngenta, l’étude est biaisée car fortement éloignée de la réalité. La société conteste notamment la dose de thiaméthoxam administrée aux abeilles, qui serait, selon elle et l’avis de l’Anses du 15 octobre 2010, au moins trente fois plus élevée que celle du nectar de colza protégé avec du Cruiser OSR. Enfin, Syngenta rappelle que « les études fournies à l’appui du dossier d’autorisation de mise sur le marché du Cruiser OSR comportent un suivi en conditions réelles sur quatre ans (soit l’équivalent de vingt générations successives) de colonies d’abeilles butinant du colza protégé avec Cruiser OSR ». Or selon la société, qui renvoie à l’avis de l’Anses du 15 octobre 2010, les résultats n’ont montré aucune baisse de poids des colonies au cours de la floraison du colza en comparaison avec des témoins, prouvant l’absence de dépopulation des colonies.

Le ministère en appelle à l’Europe pour l’évaluation des produits

Le ministère chargé de l’agriculture a demandé à l’Inra et l’Acta d’accélérer les recherches en plein champ pour évaluer si les éléments de leur expérimentation se retrouvent en conditions réelles. Il a par ailleurs saisi la Commission européenne et l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) de l’étude, les appelant à « en tirer toutes les conséquences pour l’évaluation européenne du thiamétoxam et, le cas échéant, à compléter le cadre harmonisé de l’évaluation des produits phytosanitaires pour les abeilles ».

Car l’étude française n’est pas la seule à montrer que l’évaluation des produits phytosanitaires de la famille des néonicotinoïdes ne doit pas se limiter à l’examen d’une dose létale pour les abeilles. Une autre étude, conduite au Royaume-Uni et également publiée le 29 mars sur le site de la revue Science, montre que des colonies de bourdons exposées à l’imidaclopride prennent moins de poids et produisent 85 % de reines en moins.