Le Grenelle au Space : communiquer autrement

« On ne sort pas indemne du Grenelle de l’environnement ». Ces quelques mots de Pascal Ferey, responsable environnement de la FNSEA, résument l’état d’esprit des participants à la table-ronde organisée par le Syrpa le 10 septembre, lors du Space, à Rennes. Débat qui a brossé à grands traits la responsabilité des acteurs de l’information et de la communication dans le cadre de l’après Grenelle. Tous notent une accélération de la prise de conscience des enjeux liés à l’environnement, autant dans le monde agricole que dans le grand public. Si les curseurs ne se situent évidemment pas aux mêmes endroits concernant la part d’efforts à réaliser par les uns ou les autres, les différents intervenants sont tout de même d’accord pour considérer qu’un nouveau mode de communication, plus ouvert et plus transparent doit aujourd’hui s’instaurer. P.X.

Photo : de gauche à droite, Catherine Deger (Terre-écos), Hubert Garaud (Terrena), Jean-Claude Bevillard (FNE), Pascal Ferey (FNSEA), Olivier Auffray (agriculteur en Ille et Vilaine) et Patrick Roger (France Info).

La coopérative Terrena met déjà en place cette volonté de communiquer autrement, en lançant, non sans réaction de certains de ses adhérents, l’idée d’une production « écologiquement intensive ». La communication reste centrée sur les agriculteurs. Celle visant le grand public suivra, dès lors que des actions conrètes pourront être présentées, indique Hubert Garaud, président de la coopérative.

Pour Olivier Auffray, il est souhaitable que le monde agricole s’exprime au-delà de son propre univers, qu’il se nourrisse de toutes les expériences menées en son sein (sans opposer, par exemple, l’expertise acquise par les bios et les conventionnels). Il met cependant un bémol : que le carcan réglementaire n’étouffe pas l’initiative et que les échanges soient menés sereinement, en toute bonne foi.

Jean-Claude Bevillard, responsable agricole de France Nature Environnement, qui, comme Pascal Ferey a participé aux travaux du Grenelle, en appelle à la poursuite d’une approche responsable de la part des agriculteurs, tout en reconnaisant la nécessité d’intégrer les critères économiques. Sous réserve que les mesures issues du Grenelle soient en phase avec les ambitions affichées, il plaide pour une communication conjointe sur les grands thèmes à même de faire prendre conscience de la réalité des actions réalisées, afin que cette communication gagne en efficacité.

Patrick Roger, auteur d’un ouvrage « Imagine la France de nos enfants » a le souci d’une information non culpabilisante sur les questions d’écologie, mais souligne aussi la difficulté à développer des thèmes souvent très techniques auprès du grand public.

Pascal Ferey a confirmé, lors de cette rencontre, la création d’un fonds de communication inter-filières pour fin 2008-début 2009. A l’initiative de la FNSEA, il rassemblerait l’amont et l’aval de la profession, et serait destiné à valoriser l’image de l’agriculture. On ne peut que se féliciter d’une approche qui dépasse enfin les clivages internes à la profession. La fin annoncée de l’Aficar, qui visait précisément cet objectif, et qui n’a pas reçu l’appui attendu de cette même profession s’inscrit toutefois à contre-courant de cette approche.

(1) Le Syrpa est une association rassemblant les acteurs de la communication dans l’univers de l’agriculture.