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Le risque de sécheresse inquiète déjà

Le | Cooperatives-negoces

À date, les échos de la plaine sont plutôt positifs. Les cultures d’hiver se portent bien et les semis de printemps avancent à un bon rythme. La crainte se porte désormais sur la météo : aucune pluie n’étant annoncée pour les 15 jours à venir. Dans certaines régions, les enrouleurs sont déjà en action. Sans surprise, le tournesol gagne du terrain, au détriment du maïs. Le point chez Agora (60), Cosset (79), Bernard (01), Cal (54) et 110 Bourgogne (89).

250 000 € serviront à financer deux à cinq projets innovants. - © D.R.
250 000 € serviront à financer deux à cinq projets innovants. - © D.R.

Agora (60) - Thomas Taldir, responsable céréales

« Inquiétude si les pluies tardent à revenir »

« Les semis de printemps avancent à un bon rythme. La bascule du maïs vers le tournesol ne s’est pas faite autant que prévu. Pour autant, le tournesol gagne 20 % de surface en un an. Mais nous sommes sur de petites surfaces. La sole de maïs augmente de 8 % et celle d’orge de printemps, de 43 %. Ces hausses compensent le fort recul de la betterave dans notre zone. Jusque-là, la météo était plutôt clémente mais si les pluies tardent à revenir, cela pourrait devenir inquiétant. Les cultures d’hiver se portent bien même si, en blé, il y a de tout ! Les céréales implantés difficilement après les maïs et les betteraves sont moins belles. Mais se profile quand même une grosse récolte à venir. Les orges avancent vite mais la densité d’épis ne semble pas très importante. Les colzas, qui ont gagné 11 à 12 % de surface en un an, fleurissent longtemps ce qui est plutôt prometteur pour le rendement final. Déjà, nous pensons aux prochains semis. Alors que le colza est attendu en baisse, le blé et le pois devraient voir leur sole progresser à l’automne. »

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Le risque de sécheresse inquiète déjà - © D.R.
Le risque de sécheresse inquiète déjà - © D.R.

Dans le sud de la Vendée, les enrouleurs sont déjà en action sur les blés arrivés à épiaison.[/caption]

Cosset (79), Laurent Marionneau, responsable appro et TC

« Une hausse de 40 % des surfaces de tournesol. Du jamais vu ! »

« En cette fin avril, la plaine est belle. Les colzas terminent leur floraison et se portent bien. Ils ont pu profiter d’orages localisés. Les cultures sont saines et les pucerons se sont faits discrets. Les blés tendres sont en pleine épiaison, avec une semaine d’avance. Le remplissage des grains devrait débuter d’ici à une quinzaine de jours. La météo n’annonçant pas de pluie, les irrigants ont commencé à arroser. Les semis de printemps sont terminés dans la zone de plaine et sont bien avancés ailleurs. Alors que les maïs les plus avancés abordent déjà 4 feuilles, le phénomène marquant de l’année restera sans conteste la forte progression du tournesol : une hausse de 40 % pour atteindre les 6000 ha. Beaucoup de maïsiculteurs ont fortement réduit leurs surfaces. Nous espérions que les pois gagnent du terrain mais les marges restent inférieures à celles du tournesol et des céréales. »

Groupe Bernard (01), Christophe Bessard, responsable du service agronomique

« Un très haut potentiel en céréales d’hiver »

« Les céréales d’hiver sont bien implantées, avec un nombre de tiges au mètre carré compris entre 700 et 800, donc un très haut potentiel de rendement. Nous restons vigilants à la sécheresse, aux vents qui remontent dans la Vallée du Rhône et provoquent des échaudages, ainsi qu’aux pluies de début d’été, qui, l’année dernière, ont dégradé la qualité du blé. L’un des faits marquants de cette campagne est le changement d’assolement qui s’est opéré autour du 15 mars. Des agriculteurs ont rendu leurs doses de maïs pour partir sur du tournesol, sur environ 1 000 ha en plus, soit 6000 ha au total pour Bernard Agriculture. Ce n’était jamais arrivé. Ce changement est motivé par les prix élevés du tournesol et ses faibles besoins en azote, dans un contexte marqué par la crise des engrais. Pour la prochaine campagne, il y a une inquiétude sur les implantations des blés de force, plus consommateurs d’azote et moins productifs que les blés tendres. Avec le prix élevé de ces derniers, il faudra que les industriels mettent la main à la poche pour inciter les agriculteurs à semer des blés de force. »

Cal (54), Gilles Lassagne, directeur du pôle végétal

« Certains tournesols ont dû être re-semés, faute d’eau »

« Les cultures en place sont bien implantées et poursuivent leur cycle correctement, même si elles manquent déjà d’eau. Pour les semis de printemps, certains tournesols ont dû être re-semés, car ils n’avaient levé en raison de la sécheresse. En maïs, les semis se terminent, et nous croisons les doigts pour que l’eau tombe, puisqu’ils ont été semés dans du sec, voire du très sec. Les orges de printemps se portent bien. Cette année, les colzas ont moins souffert des insectes que les années précédentes, car ils ont eu des conditions favorables depuis le semis. L’hiver doux a fait que le cycle du colza n’a quasiment jamais été interrompu. C’est positif pour l’avenir de cette culture, en particulier avec la disparition prochaine du phosmet. »

110 Bourgogne (89), Fabrice Verlet, responsable du pôle végétal

« La baisse des doses d’azote pourrait impacter le rendement des cultures d’hiver »

« Les implantations des cultures d’hiver se sont faites dans de très bonnes conditions avec de larges amplitudes pour semer aux bonnes dates. Les semis de colza ont reçu suffisamment de pluie pour lancer le cycle et atteindre des pivots viables à l’entrée de l’hiver. Les orges d’hiver arrivent à début épiaison sans trop avoir souffert. Les blés sont entre deux nœuds et dernière feuille pour les plus avancés. Pour les semis de printemps, il y a eu des ressemis significatifs de tournesol suite aux dégâts d’oiseaux. La pluviométrie des mois de mai et juin sera déterminante pour maintenir, ou non, le potentiel des cultures. Le fait marquant de la campagne a été l’incertitude de pouvoir fertiliser correctement, avec un questionnement sur le disponible en nombre d’unités d’azote à l’achat. Cette incertitude a été couplée à un coût par unité qui a doublé en six mois. Ces éléments perturbent fortement les stratégies de nos agriculteurs, qui ne peuvent plus se référer aux historiques de marché pour asseoir leurs décisions d’achat. »

Elena Blum et Anne Gilet