Le marché français des engrais à la peine
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La France ne pèse plus que 2 % du marché mondial des engrais et aucune entreprise nationale n’est à même d’investir à proximité des sources des matières premières. Pour sécuriser les approvisionnement, faut-il contribuer à l’émergence d’un leader international à partir de la France ? Tel est l’un des principaux points du rapport « Etat, perspectives et enjeux du marché des engrais » discutés lors de la rencontre organisée à Paris, le 28 juin, par le ministère de l’Agriculture. Commandité par le Centre d’études et de prospective du ministère au cabinet GCL développement durable (voir notre lettre du 26 avril), ce rapport présente des axes de réflexion, et non d’actions. Il a d’ailleurs été exclusivement présenté et défendu par Pierre Cazeneuve, directeur de GCL, qui a rappelé les lignes directrices du marché, par éléments fertilisants. D’où il ressort, donc, une forte dépendance de la France aux marchés internationaux et l’absence d’acteur national à même d’investir au plus près des sources d’approvisionnement. C.D.
Photo : InVivo était représenté par Alain Poupart et Dominique Villette (à droite). Pour eux, la volatilité est le risque majeur.
Cette stratégie est pourtant celle qui domine aujourd’hui chez les grandes sociétés productrices, voire même chez les grands traders. Cette absence de maîtrise de ses approvisionnements par la France, constitue un risque important : autant sur les prix (volatilité accrue dans un marché structurellement haussier) qu’en termes de sécurité de livraison, sur un marché agricole stratégique… Deux sociétés, qui n’ont d’ailleurs pas été nommées lors de cette rencontre, sont susceptibles de porter des investissements français au plus près des sources d’approvisionnement : Roullier et GPN, cette dernière étant filiale de Total.
Mais de quels moyens dispose l’Etat pour contribuer à l’émergence d’un leader français sur le marché international ? Pour Pierre Cazeneuve, l’importance était de désigner le risque. Reste, si la volonté est au rendez-vous, à définir ensuite les moyens avec une vue qui dépasse le court terme…
« Un acteur national ne changera rien à la question. Nous serons servis parce qu’on est solvables », a répliqué un Olivier Buttoud, longtemps responsable appro pour Agralys.
« Notre première contrainte est la volatilité des cours, il nous faut renforcer les outils de gestion des risques », a pour sa part repris Antoine Poupart, d’InVivo, soulignant que l’importation était un passage obligé, la réponse passant par une optimisation des stockages et des coûts. « Avec 2 % du marché mondial, nous sommes un acteur passif, a repris Dominique Villette, d’InVivo. La seule solution est d’arbitrer… Or, le marché n’est pas assez important et fluide au niveau international. En attendant, le risque face à la volatilité des cours reste pris majoritairement par la distribution et les agriculteurs ».
Sur un tout autre domaine, celui de l’environnement, la publication du rapport de GCL avait donné lieu à une série de papiers autour de l’idée d’un plan Ecofertilisation 2020. Une idée qui n’a même pas été abordée lors de la rencontre du 28 juin. Chacun admettant toutefois qu’une mise en cohérence de l’existant serait la bienvenue. Cette mission serait en passe d’être confiée au Comifer.