Le négoce Dupré-Lardeau (36) teste la LiFoFer
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Depuis l’an passé, une dizaine d’agriculteurs, clients du négoce Dupré-Lardeau, épandent sur leurs parcelles de la LiFoFer, de la litière forestière fermentée, pour stimuler les plantes. Même si cette pratique demande encore à être affinée, les premiers résultats sont prometteurs.
Enrichir les sols agricoles par de la matière organique forestière : telle est la stratégie développée depuis l’an passé par le négoce Dupré-Lardeau. Une présentation en a été faite le 29 mars, à St Gaultier dans l’Indre, lors d’une conférence de presse Vert L’Avenir organisée par le Naca. L’objectif de cette pratique vise, en restaurant et en améliorant la vie des sols, à réduire l’utilisation de produits phytosanitaires en stimulant la croissance des cultures et en les aidant à mieux se protéger des bioagresseurs. Le négoce a constitué un groupe d’une dizaine d’agriculteurs pour travailler, collectivement, cette thématique.
Une technique validée au Japon et en Amérique du Sud
« Le principe est déjà appliqué au Japon et en Amérique Latine », explique Nicolas Lemane, conseiller technique chez Dupré-Lardeau et passionné d’agronomie. C’est lui qui est à l’origine de cette dynamique au sein de l’entreprise. « L’hypothèse, à la base de cette méthode, est qu’un apport de micro-organismes efficaces - bactéries, levures et champignons - interfère sur l’équilibre microbiologique du sol et crée un environnement favorable à la croissance des plantes, explique-t-il. La LiFoFer a un effet de biostimulation : sur la pousse des cultures, sur leur résistance aux maladies et aux ravageurs et sur l’effet anti-oxydant. Un paramètre important, car pour résister au mieux, les plantes doivent avoir un redox bas. L’essentiel est de se procurer de la matière première locale, pour multiplier des micro-organismes de chez nous ! »
Une recette en plusieurs étapes
Au final, tout est question d’équilibre. Dans sa « recette », le négoce Dupré-Lardeau utilise une litière en cours de décomposition provenant de forêts voisines ; du petit lait contenant des bactéries lactiques ; un mélange de canne à sucre ou de sucre brun pour l’apport de sucre ; du son de blé comme source d’amidon et de fibres et de l’eau non chlorée, pour garantir un taux d’humidité suffisant lors de la fermentation solide. « Cela peut paraître complexe au départ mais au final, c’est très ludique, assure-t-il. Chaque agriculteur apporte sa propre litière et nous faisons ensuite la préparation en commun. Pour 60 à 70 kg de matières, nous produisons jusqu’à 10 000 litres. Celui-ci est ensuite épandu à la dose de 5 à 10 % du volume de bouillie. » L’an passé, la LiFoFer a été appliquée sur tournesol et couverts végétaux. « Cette année, prairies et céréales devraient également en recevoir, soit entre 300 et 400 ha au total, précise Nicolas Lemane. Même si la pratique demande encore à être affinée, nous avons déjà observé des choses intéressantes : exubérance de végétation du tournesol par exemple. Attention, l’idée n’est pas de remplacer les phytos mais bien de proposer un levier supplémentaire pour protéger autrement les cultures. »
En pratique, patience et méthode
« Pour la fabrication proprement dite, plusieurs étapes sont a prévoir sur plusieurs jours, détaille Nicolas Lemane. Tout commence par le mélange des éléments solides (litière et son de blé) sur un sol lisse. La fermentation dure ensuite entre 20 et 30 jours, à 25 °C, dans un récipient hermétique. Cette phase solide est alors placée dans un sac de jute et infusée pendant 7 jours à 25 °C dans une cuve de 1000 litres contenant le petit lait, la mélasse et de l’eau potable non chlorée. Ne reste plus qu’à diluer cette solution pour l’appliquer, en foliaire, sur les cultures quand le sol s’est suffisamment réchauffé. »
Pour rappel, le négoce Dupré Lardeau est implanté dans le sud de l’Indre, dans un secteur de polycultures-élevage. Il collecte près de 25 000 t auprès de 200 agriculteurs.