Le Sommet de l’élevage au chevet de l’agriculture
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Sécheresse, prix et traités commerciaux … autant de sujets qui occupaient les conversations à Cournon, au Sommet de l’élevage, du 2 au 4 octobre. Avec une sortie anticipée des estives et l’affouragement contraint des bêtes, les éleveurs ont déjà entamé leurs stocks de fourrages. Pour les reconstituer, et ainsi pouvoir passer l’hiver, les distributeurs multiplient les solutions.
Reconstituer les stocks
Graines fourragères sur les prairies mortes, semis direct, méteil, ensilage de céréales immatures, etc. « À court terme, nous devons répondre au besoin de fourrages mais aussi permettre à nos adhérents de se poser pour réfléchir à la meilleure stratégie, entre le fourrage produit, acheté et les aliments que nous leur proposons, explique Jean-Luc Doneys, directeur agriculture chez Altitude. À moyen terme, nous devons sécuriser le système fourrager, en travaillant notamment sur le maïs, les couverts fourragers et en développant les céréales à paille sur notre secteur. » Altitude vient ainsi de lancer une collaboration avec le Centre de gestion du Cantal pour accompagner les élevages en retard par rapport à leurs droits à produire.
Écoute et empathie
Pour Limagrain et la Limagne en général, 2019 est « une année noire », comme l’explique François Clément, directeur communication adhérents du groupe : « - 20 % de surfaces en blé avec des rendements de 50 quintaux, un maïs semoulier qui atteint difficilement les 60 q/ha, un maïs semence à 65-70 % des objectifs… Nous mettons en place des mesures d’accompagnement avec des échéances spécifiques pour les semences et des compléments d’acompte pour la trésorerie, mais nous avons peu de marges de manœuvre ». Pour la coopérative, il faut surtout « être à l’écoute et montrer de l’empathie » face à une situation économique et sociétale compliquée.
Depuis les EGA, le prix de la viande bovine baisse…
Car l’instabilité ne touche pas uniquement la météo mais les prix aussi, évidemment : la paille atteint 100 à 120 €/t, tandis que le foin s’envole vers les 200 € la tonne. En revanche, côté rémunération, c’est l’inverse. « En viande bovine, nous sommes à 10 centimes de moins le kilo que lors du discours du président de la République à Rungis en octobre dernier, explique Patrick Benezit, secrétaire général adjoint de la FNSEA. Qu’est-ce qui ne fonctionne pas dans les EGA ? Les prix doivent augmenter ! Il faut trouver une solution sinon nous sommes morts. » Fustigeant les promotions déguisées de la grande distribution, la présidente Christiane Lambert cible « les bandits de grands chemins » que sont les grandes centrales d’achat, rappelant les récentes amendes pour Leclerc (117 millions d’euros, deuxième année consécutive) et Intermarché (380 000 €, à l’amiable).
Du pacte productif à l’expulsion des parlementaires
Pour retrouver de la compétitivité et le plein emploi, la FNSEA, Coop de France et l’Ania ont rassemblé leurs recommandations, à Paris le 1er octobre, pour que l’agriculture et l’agro-alimentaire s‘inscrivent dans le pacte productif du Gouvernement. Le document sera bientôt remis au Président de la République. En attendant, les manifestations s’organisent : blocage escargot le 8 octobre, convergence des agriculteurs vers les préfectures le 22 octobre, actions envers la restauration hors foyer… La ratification du Ceta par l’Assemblée nationale, la semaine passée, cristallise l’incompréhension et crispe les responsables syndicaux, qui ont chahuté puis expulsé les parlementaires Jean-Baptiste Moreau et Roland Lescure, venus le 3 octobre sur le salon pour débattre de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada.
Car dans les allées du Sommet, d’avis général moins fréquenté que l’année passée, l’inquiétude se chiffre aussi au détour des discussions : 27 exploitations qui s’arrêtent sur l’Allier, une décapitalisation multipliée par 10 dans certains secteurs du Cantal, des stocks récoltés en baisse de 80 % dans le Cezallier… Autant de signaux qui alertent sur la santé de l’agriculture française.