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Léo Pichon, responsable de chaire AgroTic : « Les distributeurs se voient au cœur de l’agriculture numérique »

Le | Cooperatives-negoces

La chaire AgroTIC se veut une passerelle entre étudiants et entreprises du numérique en agriculture, en lien avec la formation du même nom, dispensée à Supagro Montpellier. Léo Pichon, responsable de la chaire, analyse la dynamique de ce secteur, et la place de la distribution.


Référence-appro.com : Peut-on dater le moment où les acteurs du numérique ont clairement opté pour les projets collectifs afin de mieux appréhender le numérique ?

Léo Pichon : « La tendance aux projets collectifs d'ampleur remonte à deux ou trois ans. Nous l'avons constaté en 2014, année où nous avons lancé la chaire AgroTic pour rapprocher l'enseignement agricole et les entreprises. Des besoins communs ont rapidement été identifiés : la nécessité d'organiser une veille sur les nouveautés, d'être davantage capables d'identifier le potentiel de l'innovation technologique en agriculture et, plus globalement, de consolider les réseaux. »

Référence-appro.com : Comment expliquer ce phénomène ?

LP : « Sur un marché très éclaté, aucune structure ne se détachait clairement comme un mastodonte, capable d'assumer l'ensemble des activités liées au numérique. Chaque PME, start-up, a son domaine d'action bien précis. Or, le très gros enjeu d'interopérabilité entre les outils et services impose de sortir de son champ d'action. Et pour le faire, une seule solution : faire appel au partenariat. Y compris, parfois, entre concurrents, comme le montre l'association Agro EDI Europe, qui s'applique à définir des standards et normes harmonisées en agriculture. »

Référence-appro.com : Comment la distribution agricole gère-t-elle ce tournant ?

LP : « Nous avons réalisé récemment un travail de prospection. À la question « quelle est votre place dans l'agriculture numérique ? », les distributeurs ont répondu qu'ils se voyaient dans un rôle central. Nous avons eu la même réponse de la part des firmes de l'agrofourniture et des prestataires de services, ce qui montre bien que le sujet touche tous les acteurs. Et cela dépasse la déclaration d'intention : plusieurs structures, coopératives ou négoces, se positionnent. Le virage numérique questionne tout le monde sur le rôle et les modalités du conseil. »

Référence-appro.com : Quelle place occupe le monde de l'appro dans la chaire AgroTIC ?

LP : « La chaire compte 23 membres. À côté de « pure players » comme Isagri, Agriscop ou Cap2020, le secteur est présent avec Maïsadour, Arterris, Tutiac ou encore AgroSud. Ce dernier est très attentif au virage numérique, et prêt à se réinventer. Plus globalement, la tendance est à la curiosité et l'envie de ne pas rater la vague, même pour les coopératives ne proposant pas de service numérique à ce jour. La chaire propose un lien avec les étudiants, une source possible de recrutement pour un secteur qui peine parfois à pourvoir ses postes. La veille et l'anticipation sont également prisées des coopératives et négoces. Notre observatoire des usages de l'agriculture numérique, qui identifie notamment les freins à l'adoption des outils, intéresse beaucoup Arterris ou AgroSud. La chaire est un vrai terreau pour les partenariats R&D. »