Référence agro

Les conseillers dégagent des pistes pour mieux utiliser le biocontrôle

Le | Cooperatives-negoces

Valoria et Agri Sud-Ouest Innovation ont mené une étude auprès de techniciens et de conseillers pour connaître les freins auxquels ils sont confrontés dans le cadre du développement des solutions de biocontrôle. Les résultats de l’étude ont été présentés le 10 décembre, soutenus par des témoignages de coopératives agricoles.

Les conseillers dégagent des pistes pour mieux utiliser le biocontrôle
Les conseillers dégagent des pistes pour mieux utiliser le biocontrôle

Si les solutions de biocontrôle sont en plein essor dans un contexte politique favorable, leur développement se heurte encore à de nombreux freins technico-économiques. Dans la lignée du travail réalisé par IBMA en 2019, focalisé sur les agriculteurs et la distribution, une nouvelle étude auprès des conseillers et techniciens a été menée conjointement par Valoria et Agri Sud-Ouest Innovation. Elle se propose de définir les freins et leviers à l’utilisation et au développement des solutions de biocontrôle. Six filières sont représentées : viticulture, arboriculture, grandes cultures, maraîchage, élevage et sylviculture. Les résultats ont été dévoilés le 10 décembre.

Accumuler des résultats

Les conseillers ont mis en exergue la nécessité d’augmenter le volume de données concernant l’action des biosolutions. Ils souhaitent que des réseaux d’expérimentation soient créés afin de mettre en lien les différents acteurs sur le secteur des biosolutions. « Jusque là, nous avons peu de résultats robustes et peu de références en grande culture. Une synergie d’action est nécessaire », insiste Guillaume Dasc, consultant chez Eureden. Le constat est similaire pour David Gouzy, conseiller au Maraîchers d’Armor : « Nous nous sommes retrouvés face à une multitude de produits sans connaître leur efficacité. Le développement d’essais sur le terrain aiderait à revoir l’ensemble des leviers agronomiques et techniques disponibles, face à une stratégie irréaliste où un biocontrôle remplace un phytosanitaire ». La coopérative s’est greffée au groupe de coordination régional Cerafel, alliant cinq autres coopératives avec des centres de recherche, d’expérimentation et de formation dans le but d’avancer sur ces sujets.

Ces réseaux pourraient aussi permettre la création d’outils d’aide à la décision. « Nous avons également besoin de matériel adapté, comme des pulvérisateurs dédiés aux biosolutions », constate Stéphanie Peyrot, responsable innovation du groupe Isidore. L’entreprise a développé un réseau d’expérimentations afin de lutter contre les maladies de la vigne grâce aux biosolutions, et développe la « Ferme étamine » pour avoir une approche globale de ces systèmes alternatifs.

Restructurer le conseil

La recherche d’un équilibre entre coût de traitement, baisse de rendements et valorisation commerciale a également été pointée par l’étude. Face à des produits aux coûts plus importants, un travail doit être effectué pour que les bénéfices soient supérieurs aux risques pris par les agriculteurs. « Il va dorénavant falloir travailler sur les marges et non sur les rendements », ajoute Julien Saludas, responsable recherche et développement chez Euralis.

Cette vision nécessite une restructuration du conseil, de travailler à l’échelle de l’exploitation, voire d’un petit territoire, et d’avoir une approche systémique de ces solutions alternatives. Le groupe Euralis travaille notamment sur des dispositifs « systèmes », avec un réseau d’agriculteurs-testeurs, un groupe 30000 et en partenariat avec une plateforme Syppre. « Nous devons changer les mentalités. L’idée selon laquelle un problème appelle une solution unique , c’est fini », affirme Guillaum Gasc.

Engager une démarche filière

« Les filières sont la clé pour développer le biocontrôle », estime pour sa part Julien Saludas. Afin de mieux valoriser ces productions, les instituts techniques militent pour la création de labels. Ils citent l’exemple de « zéro résidus de pesticides », qui a permis aux producteurs d’augmenter leurs chiffres d’affaire de 30 % selon le collectif Nouveaux Champs. De quoi faire connaître ces produits au grand public. D’après une étude menée en 2020 par Innov alliance auprès de 600 consommateurs, seuls 8 % savent ce que sont les biosolutions. Pour Jean-Luc Perrot, directeur de Valorial, « il faut sortir de l’entre-soi technique et aller à la rencontre du consommateur. »