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Les coopératives peu identifiées comme accompagnatrices des pratiques de rupture

Le | Cooperatives-negoces

Pour mieux comprendre la manière dont les coopératives accompagnent la diffusion de l’innovation, la chaire AEI a mené plusieurs enquêtes. Selon les résultats présentés le 17 septembre, les structures ne sont pas toujours identifiées pour la mise en œuvre de pratiques de rupture.

Les coopératives peu identifiées comme accompagnatrices des pratiques de rupture
Les coopératives peu identifiées comme accompagnatrices des pratiques de rupture

« Dans un contexte de diversification des pratiques, l’enjeu de l’identification et du déploiement des innovations chez les agriculteurs nous interroge », pose Sébastien Fourmont, du service recherche et innovation chez Terrena, lors d’un webinaire organisé le 17 septembre sur la diffusion de l’innovation. La coopérative porte avec Agrial et Triskalia, mais aussi l’Inrae et des établissements d’enseignement supérieur, la chaire Agriculture écologiquement intensive (AEI), depuis 2011. Dans le cadre de son axe « accompagnement au changement de pratiques », des travaux ont été menés pour mieux comprendre les vecteurs de diffusion de l’innovation et le rôle des coopératives dans ces processus.

Les coopératives pas toujours sollicitées

Pour cela, deux temps de réflexion distincts ont été menés. Une première enquête a été réalisée en 2017 auprès de 39 éleveurs et agriculteurs considérés comme innovants. Celle-ci a été complétée par trois autres effectuées auprès des adhérents des trois coopératives de la chaire AEI, avec des mises en situation de transition agroécologique (pâturage en grands troupeaux, arrêt du glyphosate, etc). Si pour les agriculteurs « innovants » de la première enquête, les experts, c’est-à-dire les techniciens, vétérinaires, coopératives, restent la référence pour se renseigner, les résultats ne sont pas les mêmes dans les enquêtes menées auprès des exploitants adhérents. « Les coopératives sont moins sollicitées pour des questions de changement de pratiques, leurs techniciens n’apparaissent pas comme les plus adaptés aux ruptures systémiques », explique Sébastien Couvreur, enseignant-chercheur à l’Ecole supérieure d’agriculture (ESA).

Réflexions sur le conseil

Des résultats qui interrogent ces structures sur le conseil déployé. « Ils montrent qu’il existe plusieurs pas de temps dans la réflexion liée à l’innovation et que les coopératives ne sont pas identifiées en tant qu’acteur sur le temps long », glisse Sébastien Fourmont. Selon lui, « un gros chantier » a été ouvert sur le sujet au sein de sa coopérative. « N’oublions pas non plus le poids de l’aversion au risque dans la diffusion de l’innovation », prévient-il néanmoins.

Un serious game pour accompagner les transitions

Pour aider les conseillers et techniciens, mais aussi les étudiants en filières agricoles, la chaire AEI a co-financé la réalisation d’un serious game. Prénommé Segae (pour serious game agroécologie), il invite les utilisateurs à gérer une ferme en polyculture-élevage pour rendre l’exploitation plus durable. Encore en version bêta, ce jeu sérieux devrait être opérationnel d’ici à la fin de l’année. « Nous attendons beaucoup des tests que nous allons mener avec les coopératives de la chaire pour voir de quelle manière Segae peut être utile aux conseillers », explique Olivier Godinot, enseignant chercheur à Agrocampus Ouest. Sur le terrain, l’attente est bien là. « C’est une réponse supplémentaire pour l’adaptation des coopératives à l’évolution du conseil », assure Sébastien Fourmont.