« Les distributeurs ont été trop critiques sur les CEPP, c’était une erreur », Arnaud Degoulet, Agrial
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Président d’Agrial, Arnaud Degoulet revient sur les politiques en matière de réduction d’usage des pesticides. Certificat d’économie de produits phytosanitaires et séparation de la vente et du conseil : il livre sa vision à Référence appro à l’occasion des Assises de l’alimentation, qui se sont tenues à Rennes les 15 et 16 octobre 2019. Un évènement dont Agrial, Cooperl, Triskalia et le groupe d’Aucy étaient partenaires.
Référence-appro : Lors des Assises de l’alimentation, Stéphane Le Foll a reproché aux distributeurs de s’être opposés aux CEPP. Quelle est votre réaction ?
Arnaud Degoulet : Il a raison. Les distributeurs ont été trop critiques sur les CEPP, c’était une erreur. Le dispositif nous obligeait à proposer des solutions alternatives aux produits phytosanitaires. C’était une mécanique vertueuse, mais avec des objectifs de réduction très ambitieux voire complexes à tenir… Lors des dernières élections présidentielles, Emmanuel Macron a répandu l’idée que le problème venait de la proximité entre la vente et le conseil sur les pesticides. Le Président a donc promis une séparation que le gouvernement tente maintenant d’appliquer. Tout découle de cette promesse. Mais c’est une mauvaise solution.
R.A. : Que choisira AGRIAL ?
A.D. : Agrial choisira la vente. Nous avons toute la logistique pour cela, avec une plateforme Seveso 2 et 280 magasins. Nous ne pouvons pas renier tout cet investissement. Quant au conseil, nos technico-commerciaux ne sont pas axés uniquement sur les phytosanitaires, les préconisations sont globales et pas que sur les cultures. Nous arriverons, je pense, à garder une part du conseil, sinon nous ferons appel à d’autres partenaires. Quant au conseil stratégique tel qu’il est décrit dans le projet de loi, nous ne le faisions pas. C’est plutôt du ressort des chambres d’agriculture et du conseil privé. Quoiqu’il en soit, nous saurons construire une chaine efficace de conseil pour l’agriculteur.
R.A. : Les coopératives se sont pourtant plutôt positionnées sur le conseil…
A.D. : C’est vrai mais nous verrons au final quels seront leur choix ! L’enjeu est de toute façon de réduire l’usage des pesticides, puisque c’est ce que veut le marché. Nous sommes dans cette mouvance, à l’instar de ce que nous avons montré récemment avec le lancement d’Agrilogique, notre nouvelle gamme de fruits et légumes sans résidus de pesticides.