Les exportateurs de blé s’inquiètent du manque de compétitivité de la France
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Le 16 juin se tenait la 4è bourse maritime agricole de la Rochelle-Pallice. La récolte, qui a débuté pour l'orge au sud de la Loire, occupait bon nombre de conversations des 300 personnes présentes. Si le potentiel des cultures de printemps semble déjà mis à mal par le climat chaud et sec de ces dernières semaines, tous espèrent encore de bonnes nouvelles pour le blé tendre, tant en quantité qu'en qualité. Une obligation pour rester dans la course à l'export ! D'autant que chez nos concurrents, plus à l'Est, le potentiel des cultures est, à l'heure actuelle, exceptionnel.
Les principaux acteurs du port de la Rochelle-Pallice ont fait le point sur la campagne écoulée. « Une campagne atypique à vite oublier, introduisait Vincent Poudevigne (photo), directeur général du groupe Sica Atlantique. Les quantités exportées, à peine 2 Mt, sont en recul de 37 % par rapport au bilan de l'an passé. Le maïs était le grand absent. Le manque de volume et de qualité ont détourné certains clients, jugés pourtant historiques, du marché français. La Chine, très présente en 2015-2016, a fortement reculé en 2016-2017. Vers l'Afrique de l'Ouest, les volumes chutent de 40 % et de 10 % vers l'Afrique du Nord ». Même constat du côté du groupe Soufflet. « Les volumes exportés sont en recul de 20 %, à 1,3 Mt, contre 1,6 Mt l'an passé », confirme Jean-François Lépy, directeur général de l'activité négoce du groupe. Les quantités disponibles dans l'hinterland, notamment en blé et maïs, ont été commercialisées en priorité sur le marché intérieur, réduisant ainsi les disponibilités et la compétitivité à l'export.»
Entre espoir et inquiétude pour la récolte à venir
Tous attendent désormais les premières coupes de blé. Les températures très chaudes pourraient impacter les volumes et la qualité de la moisson, notamment pour les régions au Nord de la Loire. « La compétition à l'export risque de se renforcer, notamment avec les pays d'Europe de l'Est, explique Jean-François Lépy (photo). Là-bas, les cultures sont magnifiques et à 150 € la tonne de blé, les agriculteurs ukrainiens, roumains ou russes gagnent bien, voire très bien leur vie. Aujourd'hui, c'est la mer Noire qui fixe les prix mondiaux. Ce constat nous pose question sur la compétitivité de l'agriculture française pour les années à venir et sur notre capacité d'exportation. Nous n'avons pas d'autre choix que de produire de la qualité, de massifier pour dégager de la valeur. Nous devons augmenter les standards qualitatifs de nos récoltes. » Et Vincent Poudevigne d'ajouter. « Le frein mis au développement des réserves de substitution est un vrai boulet pour toute la filière. C'est le 3è apport d'azote qui « fait » de la protéine. Si celui-ci n'est pas réalisé, faute de pluie, d'irrigation ou à cause de contrainte réglementaire, cela pénalise directement la qualité de la récolte et au final, notre capacité à exporter. Nos concurrents, eux, font de la qualité et progressent sur ce créneau. De plus en plus, le blé français a l'image d'un blé fourrager. Il nous manque en moyenne un point de taux de protéines.»
Monter en gamme pour rester compétitif
Les leviers pour inverser la tendance ? Être au top au niveau logistique, payer la protéine pour accompagner les efforts des agriculteurs, mettre en place des filières de qualité, prendre conscience que sans qualité, les clients se détourneront de plus en plus souvent des blés français. « L'an passé, le marché mondial n'a même pas senti l'absence de la France, confie Jean-François Lépy. Sur un marché mondial porteur où 180 Mt de blé sont échangées chaque année, la France doit rester présente. Notre seule option : monter en gamme pour attirer les acheteurs ».
Photo : Le nouveau silot de Soufflet Négoce, implanté à La Pallice, sera opérationnel à l'automne 2017. D'une capacité totale de stockage de 64000 t, il est divisé en cellules de 1800 t pour faciliter l'allotement. La vitesse de chargement est de 1200 t/h. Une réponse aux exigences qualitative et logistique des clients.