Les filières agricoles avancent sur le label bas-carbone
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La méthodologie Carbone agri, mis au point par l’Institut de l’élevage (Idele), devrait recevoir dans les prochains jours la signature du ministère de la Transition écologique, et être publiée sur le site Internet du label bas-carbone. L’outil calcule les baisses des émissions de gaz à effet de serre des exploitations de ruminants afin que cette filière bénéficie du label, lancé par le gouvernement le 23 avril.
Si le secteur de l’élevage est le plus avancé dans la démarche, c’est l’ensemble de la profession agricole qui s’y intéresse. Une réunion de travail, organisée par l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) et I4CE, Institute for Climate Economics, a eu lieu le 3 septembre à Paris. Elle a rassemblé pas moins de 70 personnes d’horizons divers : des industriels intéressés par la compensation ; des scientifiques pour développer les méthodes de calcul ; des coopératives, chambres d’agriculture ou encore associations de producteurs prêtes à monter des projets avec les exploitants.
Trois groupes de travail sur le carbone dans les sols
Un des objectifs majeurs est désormais de développer une ou des méthodes d’évaluation du stockage additionnel du carbone du sol. « Celui-ci est déjà abordé dans Carbon agri par le biais des prairies et des haies, mais il nécessite d’être approfondi », reconnaît Claudine Foucherot, en charge du projet label bas-carbone chez I4CE. Au-delà de ce premier calcul, qui a pour but d’obtenir une vision holistique des élevages de ruminants, d’autres méthodes plus spécifiques peuvent être développées. Pour les limiter et favoriser les consensus, trois groupes de travail ont été lancés le 3 septembre sur le carbone du sol : haies et agroforesteries, polyculture-élevage pour améliorer Carbon agri sur la partie des prairies, et les cultures industrielles.
Gare aux coûts
Le point de vigilance noté par tous reste le coût lié à l’évaluation des réductions d’émissions permises par les projets, qui dépend de la précision des modèles. Plus l’estimation est précise, plus elle nécessite de données, et plus elle est onéreuse. « Nous devons trouver le bon compromis pour que la méthode soit suffisamment robuste et crédible sans être trop complexe à utiliser », explique Claudine Foucherot.
Autre interrogation : les entreprises qui souhaitent compenser leur empreinte carbone seront-elles attirées par les projets agricoles ? « À nous et aux acteurs agricoles de les faire connaître », insiste Claudine Foucherot. Un travail de communication qui devrait davantage être du ressort des territoires, à l’instar du projet Carbocage, porté par la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire.
La structure a déjà commencé à rencontrer les acteurs locaux. « Mieux vaut en effet obtenir, au préalable, les financements et se mettre d’accord sur les émissions à compenser et le prix de la tonne de carbone », poursuit-elle. Les marchés volontaires ne fixent en effet pas de prix : l’entité qui compense ses émissions et le porteur de projet doivent se mettre d’accord.
Tonne de carbone, calculer le bon prix
Pour I4CE, les projets agricoles peuvent tirer leur épingle du jeu, indique Claudine Foucherot : « Une étude de l’Inra a montré qu’un certain nombre de pratiques d’atténuation sont peu coûteuses voire peuvent être rentables pour l’agriculteur. Chaque projet doit définir à partir de quel prix du carbone il devient intéressant. Certains peuvent l’être pour des prix de la tonne autour de 15 euros. Généralement, plus les volumes achetés vont être importants et plus les prix vont être bas. Par ailleurs, plus les projets ont des cobénéfices - sur la biodiversité, l’aménagement du paysage, la qualité de l’eau, etc. - et plus les prix seront élevés. »
Le label démarre tout juste et les acteurs ont peu de références. Mais les prix pourraient être très disparates. « Nous avons mené une étude en 2015 à l’international qui montrait que les démarches de compensation carbone allaient de 0,5 € la tonne de carbone à une centaine d’euros », affirme Claudine Foucherot.